Participation au dialogue : l’UDPS souffle le chaud et le froid

Samedi 7 Novembre 2015 - 14:00

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Le parti d’Étienne Tshisekedi ne veut pas d’un dialogue convoqué par le chef de l’État, Joseph Kabila, et déclare attendre seulement celui qui sera convoqué par un médiateur international neutre à designer par le secrétaire général de l’ONU.

Participera ou ne participera pas au dialogue ? Cette question, nombreux sont les observateurs qui se la posent au sujet de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) à la lumière de ses positions pour le moins contradictoires sur le dialogue. Les informations en provenance de Bruxelles n’apportent pas suffisamment de lumière quant à la perception de ce parti politique par rapport à cet enjeu national auquel il souscrit, du reste, au grand dam d’autres forces politiques de l’opposition ligués contre le dialogue. Pas plus tard qu’il y a quelques semaines, le parti d’Étienne Tshisekedi - encore en convalescence dans la capitale belge -  s’en était remis au président de la République pour réclamer la convocation, en mode d’urgence, du fameux dialogue.

La presse locale avait largement fait échos de cet appel de l’UDPS découlant d’une réunion de sa direction tenue à Bruxelles sous la houlette d’Étienne Tshisekedi en personne et à laquelle avaient pris part le secrétaire général Me Bruno Mavungu et son adjoint Bruno Tshibala alors en consultation à Bruxelles. Et à en croire André Kabanda, président de l’UDPS-Benelux (Belgique-Hollande-Luxembourg), cet appel était adressé expressément à Joseph Kabila Kabange parce que c’est lui qui exerce les plus hautes charges de l’État. Une reconnaissance, somme toute, tacite de la compétence du chef de l’État habilité à convoquer ces assises pour lesquelles l’UDPS milite jusqu’à lancer un ultimatum enjoignant le président de la République d’organiser le dialogue « avant fin novembre » sans quoi ce forum deviendrait sans objet.

Pour beaucoup, plus rien ne devrait logiquement s’opposer à la tenue de ce dialogue étant entendu que les deux principaux protagonistes, en l’occurrence l’UDPS et la majorité présidentielle via leurs délégués respectifs, avaient presque vidé leurs divergences. Après l’échec des pré-négociations de Venise et d‘Ibiza, Étienne Tshisekedi, qui n’avait pas formellement coupé le cordon avec le camp présidentiel, s’est rétracté en relançant de plus bel la machine du dialogue au point d’en devenir son défenseur acharné. Dans les milieux de la majorité, l’on a laissé entendre que le cahier des charges de l’UDPS a été examiné scrupuleusement à hauteur de 85% et que le pouvoir avait fait des larges concessions. Mais c’était sans compter avec la versatilité de ce parti qui, contre toute attente, a décidé de mettre un bémol à sa participation en réclamant un dialogue convoqué par un médiateur international neutre désigné par le secrétaire général des Nations unies. « Nous n’irons pas au dialogue convoqué par Joseph Kabila pour lui permettre un glissement quelconque qu’on ne veut d’ailleurs pas entendre à l’UDPS », venait récemment de préciser le porte-parole Bruno Tshibala. Tout en étant d’accord sur le principe, l‘UDPS ne pourra participer que dans un dialogue se conformant à l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et aux trois résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Entre-temps, la majorité, qui aurait plutôt jeté son dévolu sur l’Algérien Said Djinnit (envoyé spécial des Nations unies dans les Grands lacs), question d’être en phase avec l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, devrait être embarrassée. Et au moment où ce parti politique paraît jouer au dur, ses représentants sont annoncés à Kinshasa, prêts à prendre part au dialogue. De Bruxelles, l’on apprend qu’ils n’auraient pas reçu le quitus du président national et ne seraient là que pour leur propre compte.

A tout prendre, pense une certaine opinion, les positions controversées de l’UDPS quant à sa participation au dialogue traduisent le bicéphalisme qui caractérise actuellement sa direction du fait de l’émancipation de Félix Tshisekedi qui fait figure de plus en plus de « numéro un bis » du parti. Le rapprochement de ce dernier que la rumeur publique donne déjà la primature dans le cadre d’un gouvernement d’Union nationale d’après dialogue serait donc à la base de l’imbroglio qui caractérise actuellement l’UDPS où l’intransigeance du père obnubilé par la récupération de son imperium paraît ne pas faire bon ménage avec l’ouverture politique prônée par son rejeton. Dossier à suivre.      

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Bruno Tshibala, Étienne Tshisekedi et Bruno Mavungu à Bruxelles

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