Italie : Hommage planétaire à Umberto Eco décédé à 84 ans

Vendredi 26 Février 2016 - 22:04

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L’auteur, notamment, du roman « Le nom de la rose » a reçu des obsèques discrètes, en contraste avec sa notoriété géante

Les témoignages les plus poignants sont parvenus aux autorités italiennes et à la famille de Umberto Eco, signe d’une véritable reconnaissance pour cet intellectuel italien de talent, sans doute le plus grand de sa génération. L’auteur du roman « Le nom de la rose », incarné à l’écran par un magistral Sean Connery, s’est éteint dans son domicile de Milan (nord de l’Italie) vendredi dernier. Depuis longtemps, il luttait contre un cancer qui a fini par avoir le dessus.

« Il était un exemple extraordinaire d'intellectuel européen. Il a su allier à la fois une singulière intelligence du passé et une inlassable capacité à anticiper l'avenir », a relevé le Premier ministre italien Matteo Renzi, de moitié son cadet en âge. Umberto Eco, plusieurs fois proposé au Prix Nobel, est passé à la postérité autant pour son exploration du passé que pour sa description minutieuse des phénomènes sociologiques et philologiques du présent.

Il avait toujours le bon mot prêt, et la fulgurance du langage comme outil de prédilection dans l’écriture, alors qu’il est connu aussi pour n’avoir jamais, malgré le succès de ses œuvres, pris l’écriture au sérieux à en croire ses amis. Le Nobel, il l’a espéré mais ne l’a jamais obtenu. Mais ni cela, ni la maladie ne l’ont pas empêché d’écrire, d’étonner et de séduire. D’ailleurs, alors que son dernier livre, « Numéro Zéro » est paru l’an dernier, le prochain sortira … vendredi en Italie. Il ne pourra pas le dédicacer !

Homme réputé de gauche, il était un esprit ouvert. Sean Connery, homme de droite quant à lui, a été affligé par sa mort. « C'était un personnage tout à fait fascinant, parce que d'une érudition embarrassante, qui vous fait toujours sentir un petit peu crétin, et d'une gaieté de vie stupéfiante, un mélange détonnant », a confié l’acteur écossais. Le grand quotidien de gauche La Repubblica, deuxième tirage d’Italie dans lequel Eco a souvent écrit, a souligné : « Le monde perd un des hommes les plus importants de sa culture contemporaine. Son regard sur le monde nous manquera ».

Ecrivain aux multiples facettes et observateur méticuleux des mouvements de pensée, Umberto Eco fut aussi un citoyen européen convaincu. A l’heure où l’Europe est prise de doute entre qui veut en sortir, qui veut y entrer et qui veut la réformer, il avait foi en une jeunesse séduite selon lui par le projet européen. En Belgique, racontait-il un jour, il fut séduit par une enseigne de pizzeria qui proclamait qu’elle livrait « la plus speedy des pizzas ». Parler anglais, italien et français en une seule phrase en Belgique : il y voyait la préfiguration de la multiculturalité incontournable de l’Europe.

Lucien Mpama

Légendes et crédits photo : 

Umberto Eco; CP/DR

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