Droits de l'Homme : le gouvernement congolais conteste les allégations de HRW et dénonce une tentative de "déstabilisation"Samedi 11 Juin 2016 - 15:15 Les autorités congolaises ont rejeté le 9 juin à Brazzaville le rapport de Human Right Watch, le qualifiant de « biaisé ». Les ministres Thierry Moungalla de la Communication et des médias et porte-parole du gouvernement, et Pierre Mabiala de la Justice, des droits humains et de la promotion des peuples autochtones ont annoncé devant la presse que la justice congolaise avait déjà ouvert une procédure sur les faits évoqués. Dans un rapport publié mardi, Human Rights Watch (HRW) accuse des militaires du Congo-Brazzaville déployés en Centrafrique d’avoir tué au moins 18 personnes. Selon HRW, ces exactions auraient eu lieu en Centrafrique entre décembre 2013 et juin 2015, période pendant laquelle les soldats congolais étaient intégrés dans la Mission de maintien de la paix de l’Union africaine (UA), la Misca, et dans la Mission de maintien de la paix des Nations unies, la Minusca. Jeudi, souhaitons communiquer sur les faits en refusant les allégations diffusées par HRW dans un rapport qualifié « à charge et contradictoire » par le gouvernement, Pierre Mabiala et Thierry Moungalla ont évoqué « des faits non avérés, non jugés », annonçant dans la foulée la tenue « pour bientôt » d’une session criminelle qui jugera de cette affaire à Brazzaville. Pour Pierre Mabiala, le rapport de l’ONG Human Right Watch arrive bien tard, au moment où le Congo a déjà ouvert une procédure judiciaire contre ses propres militaires. Le ministre s’est alors interrogé sur la motivation de cette ONG, sinon « viser la déstabilisation du Congo et des institutions établies ». Pour lui, ce rapport n’a aucun effet sur la procédure déjà entamée par la justice congolaise. Le ministre Thierry Moungalla ajoute qu’il ne s’agit rien d’autre que d’une « clameur », d’un dossier monté « à 6.000 kilomètres d’ici sans consulter les autorités congolaises ». Pour le porte-parole du gouvernement, le parquet de Brazzaville a saisi depuis 2015 le juge pour que cette affaire soit jugée. Des commissions rogatoires ont même eu lieu en Centrafrique, permettant au juge congolais de rassembler assez de preuves, ont appuyé les deux ministres. Thierry Moungalla a estimé pour sa part que les autorités de Brazzaville ont fait l’essentiel en refusant d’étouffer cette affaire, et en laissant la justice travailler sereinement. Les deux ministres ont rappelé que les faits ont été déjà dénoncés par les autorités de Bangui et pris en compte par Brazzaville. Des premières sanctions administratives, conformément à la discipline militaire ont été prononcées contre les militaires incriminés. Dès l’éclatement du scandale, la compagnie de soldats indexée avait été rapatriée au pays où des procédures ont été ouvertes et certains militaires mis aux arrêts. Aujourd’hui, trois dossiers, Bossangoa, Boali et Mambere sont pendants devant le juge congolais. Ces dossiers déjà traités par le tribunal de grande instance de Brazzaville vont être transmis à la Cour d’appel pour un nouvel examen. Les trois dossiers seront donc programmés à la prochaine session criminelle qui va « bientôt » se tenir, selon le ministre Mabiala. « L’Etat congolais ne saurait laisser impunis des atteintes aux droits humains aussi graves », a indiqué le ministre Pierre Mabiala. Mais, une sanction disciplinaire ne veut pas dire que le Congo a reconnu la culpabilité de ses agents. « Il faut que l’affaire soit d’abord jugée et que les coupables condamnés. Pour l’heure, nous ne sommes pas encore à ce niveau », a conclu le ministre de la Justice.
Quentin Loubou Notification:Non |