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Un État fort au service de la paix

Mardi 10 Décembre 2013 - 2:03

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Depuis quelques années, le continent africain est en proie à des mouvements rebelles et terroristes. Un phénomène qui n’épargne plus une seule zone du continent. Face à ce danger, les États africains semblent démunis. Ils ne sont pas constitués, en tant que pouvoir, dans une posture qui les prépare à répondre à ces nouvelles menaces. Les analystes y voient plusieurs raisons.

Parmi ces raisons, signalons l’absence d’une entité étatique forte, stable et dotée de moyens suffisants pour faire respecter l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national. La forme républicaine de l’État, en Afrique, est devenue pourtant une réalité incontestable. La république, avec ses citoyens, ses institutions, ses valeurs, ses symboles, ses principes et rites organisationnels de gestion du pouvoir public, incarne désormais l’idéal d’un ordre nouveau dans les États africains qui y voient la meilleure expression de leur volonté de vivre en commun.

Les principes fondamentaux de cette forme d’organisation sont énoncés dans presque toutes les lois fondamentales des États africains. Ils se traduisent par la reconnaissance et la proclamation des droits politiques et sociaux qui ont été accordés aux citoyens. La république est proclamée, laïque et indivisible. C’est ce principe qui garantit l’égalité de tous devant la loi, donnant à chaque individu la liberté de ses opinions et de sa foi. La république dit aussi que les dirigeants sont désignés par élection et que le pouvoir doit garantir la cohésion sociale en protégeant les plus faibles.

Malgré la proclamation de ces valeurs, on note une recrudescence du terrorisme confessionnel incarné par des groupuscules qui imposent leur foi, leurs rites et leurs lois aux autres citoyens. C’est ce qui s’est passé en Libye, en Égypte, en Algérie, en Somalie, et maintenant en Centrafrique. Tout cela se passe pendant que le pouvoir de l’État est défait, car là où l’État est faible le terrain est propice à toutes les formes d’extrémisme. Les terroristes exploitent souvent l’absence ou la faiblesse de l’État pour imposer leur volonté. Ils le font avec d’autant plus de facilité dans des zones mal administrées et souvent pauvres. Pour éviter la naissance de courants radicaux et violents dans un pays, il faut édifier un vrai État fort, laïc, avec des valeurs et des principes républicains affirmés.

L’un des principes forts d’une république est la reconnaissance de l’égalité de tous devant la loi. En effet, la loi est ce qui garantit à tous la liberté et protège le peuple des excès de ceux qui détiennent le pouvoir. La loi, c’est aussi elle qui limite l’étendue et le contenu de notre pouvoir. La personne humaine est sacrée, dit la loi, et sa liberté garantie. La propriété privée est garantie et protégée.

Si nous rappelons ici ces principes, ce n’est pas parce que les Congolais ne les connaissent pas. Nul, dit-on, n’est censé ignorer la loi. Mais simplement pour dire que nous devons œuvrer à la construction d’un État fort autour de valeurs telles que le respect de la personne humaine, de la loi, du bien public et la protection de l’intérêt général. Nous devons avoir des institutions solides qui garantissent le fonctionnement harmonieux de notre État, un État capable de garantir notre souveraineté et de protéger ses citoyens. Mais c’est loin d’être partout le cas en Afrique.

En Afrique du Nord, la situation sécuritaire avant la chute du régime libyen était plus stable. On a pu noter, par le passé, la présence de petits groupes de bandits, de trafiquants, de coupeurs de route ou de preneurs d’otages, mais depuis la situation s’est considérablement détériorée, avec l’apparition de vrais mouvements terroristes bien implantés dans la zone sahélienne avec une capacité de nuisance considérable. Ces mouvements ont désormais franchi la frontière du Sahel pour s’implanter en Afrique centrale via les frontières soudano-libyennes.

Pour éradiquer ce phénomène, les Africains peuvent certainement compter sur l’appui de la communauté internationale, comme vient de le faire la France au Mali et en Centrafrique. Mais la vraie solution réside dans la construction dans ces pays de systèmes politiques stables, fiables, d’États forts et démocratiques dotés de moyens conséquents pour être capable de sécuriser le territoire national.

Emmanuel Mbengué

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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