Violences sexuelles : traitements dégradants infligés aux Congolaises expulsées d’AngolaMardi 24 Décembre 2013 - 14:45 L’ONG Médecins du monde/Belgique exhorte l’État angolais à assurer la protection des droits des migrants et à poursuivre judiciairement les responsables des exactions. L’Angola vient d'accentuer la pression sur les Congolais en situation irrégulière. La province du Kasaï occidental qui fait frontière avec celle de Lunda Norte (Angola) accueille depuis quelques mois plusieurs ressortissants congolais expulsés du pays d’Edouardo Santos. Des expulsions opérées généralement avec brutalité nonobstant l‘existence d’un accord entre les deux provinces frontalières pour une « normalisation » des mécanismes d’immigration entre l’Angola et la RDC visant à réguler la libre circulation des biens et des personnes. Les femmes particulièrement sont visées par ces expulsions massives et souvent arrivent en territoire congolais dans un état pitoyable. L’ONG Médecins du monde/Belgique a fait ces révélations dernièrement lors de la campagne de « seize jours d’activisme sur les violences faites aux femmes » initiée à l’intention de la société civile et des médias communautaires du Kasaï occidental. L’occasion était belle pour les uns et les autres d’être édifiés sur le niveau de traitement inhumain infligé aux femmes congolaises expulsées d’Angola. La plupart d’entre elles sont prises en charge par des zones de santé locales dont Luambo et Kamonia grâce à la facilitation de l’ONG Médecins du monde. De janvier à novembre 2013, cette association indique avoir permis la prise en charge de 950 femmes violées dans ces deux centres de santé. D’après la même source, ces expulsions ont atteint leur vitesse maximale depuis mai dernier sur fond d’une augmentation des cas des violences sexuelles, près d’une année après l’implantation de l’ONG au Kasaï occidental. « Les violences sexuelles sont souvent perpétrées collectivement par des militaires angolais, selon les témoignages des victimes, lors des expulsions », soutient l’association qui essaie tant soi peu de pallier l’absence d’une prise en charge médicale au niveau officiel. L’accroissement ces trois derniers mois du nombre des violences sexuelles consacre, si besoin en était encore, l’échec de la politique de régulation des passages transfrontaliers que les autorités de deux pays ont tenté de mettre en place. Son caractère rigide (visa de 72 heures) et coûteuse pour les migrants aura, de la coordinatrice générale des projets de Médecins du Monde en RDC Mercedes Bosch, plutôt favorisé les migrations clandestines par des voies illégales. Ce qui, à terme, a exacerbé le phénomène avec son lot de violences, tout particulièrement envers les femmes. D’où l’appel lancé par cette ONG à l’État angolais pour assurer la protection des droits des migrants et à poursuivre judiciairement les responsables des exactions.
Alain Diasso Légendes et crédits photo :Le calvaire des congolaises expulsées d'Angola se poursuit |