Protection sociale : quel avenir pour le projet « Lisungi » ?

Lundi 14 Août 2017 - 22:15

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Cofinancé par le gouvernement congolais, la Banque mondiale (BM), l’Agence française de développement (AFD) et l’Unicef, le projet « Lisungi » qui vise à promouvoir le bien-être des familles pauvres à travers des transferts monétaires, traverse depuis plus d’une année une zone de turbulence. Conséquences : les allocations ne sont plus payées aux ménages bénéficiaires.

Le projet mis en œuvre depuis 2014 avec l’appui de la Banque mondiale a ciblé dans sa phase pilote 5 000 ménages et 1 000 personnes âgées dans les départements de Brazzaville, Pointe-Noire et de la Cuvette. Il a bénéficié en 2016 d’un financement additionnel de l’AFD de plus de 6 milliards F CFA pour la couverture de 4 707 ménages dans de nouvelles zones d’extension notamment Madibou, Djiri et Mfilou à Brazzaville et Loandjili à Pointe-Noire. Les fonds Banque mondiale-gouvernement devraient permettre la prise en charge de 6 000 ménages.  Mais, au terme de la première revue à mi-parcours effectuée le 19 avril à Brazzaville, il a été établi que sur les 10 707 ménages ciblés, seuls 3 673 ont perçu leurs allocations, soit 34,30%.

« Les allocations versées concernent trois trimestres de l’année 2015. Le projet Lisungi est donc, de ce fait, à la croisée des chemins », déclarait la ministre des Affaires sociales, de l’action humanitaire et de la solidarité, Antoinette Dinga Dzondo, justifiant des contre-performances par le contexte économique et financière difficile que traverse actuellement le Congo.

Selon des témoignages, le projet « Lisungi », filets de sécurité sociale, a augmenté significativement le taux de fréquentation scolaire des enfants des ménages bénéficiaires à Makélékélé, Bacongo, Moungali, Talangaï, Oyo, Makoua et Mvoumvou. Aussi, plusieurs chefs de ménage ont investi dans les activités génératrices de revenus et ont vu leurs conditions de vie s’améliorer substantiellement.

En dépit de toutes ces assurances, le projet connait toujours des difficultés. Sa relance dépend du versement des fonds de contrepartie du gouvernement congolais.  C’est ainsi que les délégués de la Banque mondiale et de l’AFD invitaient le Congo à honorer ses engagements. « Les transferts monétaires sont interrompus en raison du non-versement de la contribution financière du Congo sous forme de contrepartie. LAFD invite le Congo à tenir ses engagements pour l’année 2017 et à assurer un financement durable et prédictif de sa politique d’action sociale et son extension progressive à tous les ménages vulnérables », plaidait le chef du pôle développement humain et durable à l’AFD, Léopold Develay.

Dans le but de soutenir le Congo qui traverse une période difficile au plan économique et sortir de l’impasse dans laquelle le projet est plongé, la Banque mondiale et l’AFD ont exceptionnellement accepté de l’accompagner afin de le rendre à nouveau opérationnel. La Banque mondiale s’était engagée à apporter un financement complémentaire permettant de reprendre les transferts monétaires et l’AFD avait accepté de sursoir à l’engagement de l’Etat congolais en prenant temporairement en charge les frais de fonctionnement de l’unité de gestion du projet.

Pour rappel, l’objectif du projet Lisungi dont les activités ont officiellement démarré en janvier 2015 est de mettre en place les piliers essentiels d’un programme national de filets sociaux. Il vise, enfin, à piloter un programme de transferts monétaires pour améliorer l’accès aux services de santé et d’éducation des ménages les plus pauvres des départements pilotes.

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Une bénéficiaire touchant son allocation à la banque postale de Brazzaville ; crédit photo Adiac

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