Allocution de Denis Sassou N’Guesso, président de la République du Congo, à l’ouverture de la réunion du Club des 15 sur « Mesurer la richesse verte des nations : capital naturel et productivité en Afrique »

Mercredi 13 Novembre 2024 - 15:30

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Bakou (République d’Azerbaïdjan), novembre 2024

 

• Madame et messieurs les chefs d’Etat,

. Chers frères et sœurs ;

• Monsieur le président du Groupe de la BAD ;

Permettez–moi de saluer votre présence à cette importante réunion de haut niveau sur la comptabilisation du capital naturel et la réévaluation de la richesse verte de nos pays. Emanation de l’Union africaine et Club des 12 à l’origine, notre Groupe, qui comprend l’ensemble des pays ici représentés, s’est mué en Club des 15 en charge de diriger la recherche et le plaidoyer sur la valorisation du capital naturel de l’Afrique et de son potentiel dans l’appréciation des richesses de nos nations.

Je note, avec un grand intérêt, la haute portée du thème de la présente rencontre, expression partagée de notre volonté légitime au service d’une vision ambitieuse, à savoir « Mesurer la richesse verte  des  nations :  capital  naturel  et productivité économique en Afrique ».

Soulignons que le capital naturel est une source de croissance économique par les matières premières et les services écosystémiques qu’il fournit.

Fort malheureusement, le produit intérieur brut, PIB. en sigle, en tant que principal indicateur de nos économies, ne donne aucun élément sur l’apport de nos ressources naturelles à la richesse de nos pays, en dépit de leur abondance.

C’est en cela que la 37e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine a mis l’accent, en février 2024, sur la nécessité d’intégrer le capital naturel et les services y attenants dans l’évaluation du PIB.

Huit objectifs sont assignés à la présente table ronde, à savoir :

1.  Discuter  de  la  justification de la réévaluation de la taille économique des pays en intégrant les services du capital naturel  mondial, en particulier les forêts, les  écosystèmes des tourbières ainsi que les autres puits naturels de carbone et les dotations en matière de stockage dans le produit intérieur brut ;

2. Discuter  de  l’intérêt   d’incorporer  la valeur du capital naturel dans le PIB des pays comme l’un des moyens de résoudre les problèmes du changement climatique et de la dégradation de l’environnement ;

3. Discuter de l’importance et du plaidoyer en faveur d’une évaluation appropriée de la richesse  verte  de  l’Afrique  et  de l’intégration des valeurs de ses services dans      les   systèmes   de   comptabilité nationale ;

4. Sensibiliser aux différents défis et enjeux liés aux marchés mondiaux et africains du carbone, conformément aux Accords de Paris notamment en ce qui concerne la recherche du prix optimal du carbone et partager les expériences des pays et les enseignements tirés ;

5. Se convenir et appeler à la nécessité urgente de donner la priorité à la mise à jour des systèmes de comptabilité nationale en Afrique, en réévaluant la taille économique des pays en mesurant la richesse verte aux niveaux régional et mondial ;

6. Créer le soutien politique nécessaire aux investissements dans les capacités techniques et institutionnelles locales en matière de comptabilité du capital naturel,  nécessaires pour valoriser et maximiser les avantages de la richesse verte à travers le monde ;

7. Commencer à établir les partenariats stratégiques et la coordination nécessaires entre les parties prenantes africaines pour les investissements dans la valorisation des actifs naturels stratégiques, tels les puits forestiers, les tourbières, la conservation de la biodiversité, la fertilité des sols et d’autres services écosystémiques et environnementaux fournis par les infrastructures naturelles ;

8. Convenir   d’un   plan   stratégique   de sensibilisation et de plaidoyer visant à soutenir l’initiative continentale et mondiale dédiée à la mesure de la richesse verte des pays et à estimer leur PIB sur la base de leurs actifs de capital naturel et des biens publics qu’ils fournissent.

• Madame et messieurs les chefs d’Etat, chers frères et sœurs ;

• Monsieur  le  président  du  Groupe  de  la BAD ;

Pour la mise en œuvre efficace des recommandations issues de nos échanges, il conviendra de mettre en place une feuille de route récapitulant les actions à mener et définissant les différentes étapes de leur réalisation.

En outre, une déclaration dite « Déclaration de Bakou sur la comptabilisation du capital naturel et la réévaluation de la richesse verte des pays » appellera la communauté internationale à s’approprier et soutenir la présente initiative.

L’Afrique, engagée depuis plusieurs décennies dans la protection de l’environnement pour la survie de l’humanité, consent d’éloquents sacrifices, y compris en renonçant à des projets de développement susceptibles de détruire les tourbières et autres puits de séquestration de carbone.

C’est pourquoi le continent africain doit tirer le parti le meilleur possible du large éventail de son capital naturel qui, bien que jusque-là négligé ou ignoré en matière de comptabilité nationale, fait partie intégrante de la richesse de nos pays.

Nous faisons donc œuvre utile pour l’Afrique et le reste du monde, en contribuant à l’accélération de la comptabilisation du dividende environnemental, en lien avec la préservation de la biodiversité et l’estimation de la productivité économique du continent.

Le capital naturel continuera toujours à produire ses effets par ses ressources renouvelables, comme les forêts, même lorsque les actifs miniers seront épuisés.

C’est ici le lieu de réitérer toute notre reconnaissance et de saluer l’engagement du Groupe de la Banque africaine de développement pour l’accompagnement dédié à cette ambitieuse vision.

Je vous remercie

La Rédaction

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