Développement : Kofi Annan dénonce le pillage des ressources naturelles de l’Afrique

Vendredi 16 Mai 2014 - 14:45

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Dans son rapport annuel 2014, intitulé Céréales, pêche et capitaux : financer la révolution verte et la révolution bleue en Afrique, le président de l’Africa Progress Panel (APP), Kofi Annan, l’ancien secrétaire général de l’ONU, indique que le pillage des forêts et des océans freine la progression de l’Afrique

Il invite les dirigeants africains à s’attaquer aux inégalités et appelle la communauté internationale à prendre des mesures idoines contre le pillage des ressources naturelles du continent, qui représentent une occasion pour améliorer  la vie des Africains. Ces ressources « sont trop souvent pillées par des fonctionnaires corrompus et des investisseurs étrangers », soutient le rapport qui ajoute : « La hausse des inégalités empêche également l’Afrique de saisir cette opportunité. »

Aux dirigeants africains, le rapport appelle à investir dans l’agriculture en vue de réduire les inégalités. À la communauté internationale, il demande de mettre un terme au pillage des forêts et des océans africains. « Après plus de dix années de croissance, il y a matière à se réjouir, a déclaré Kofi Annan. Mais il est temps de se demander pourquoi une telle croissance n’a que si peu contribué à sortir la population de la  de la pauvreté, et pourquoi une si grande partie des richesses naturelles de l’Afrique est gaspillée dans des pratiques de corruption et des activités d’investissement peu scrupuleuses. »

« L’Afrique est un continent d’une grande richesse, alors pourquoi la part de l’Afrique dans la malnutrition et les décès d’enfants à l’échelle mondiale augmente-t-elle si vite ? Parce que les inégalités altèrent le lien entre la croissance économique et les améliorations en matière de bien-être », explique Kofi Annan. Bien que le revenu moyen ait augmenté d’un tiers ces dix dernières années en Afrique, il y a davantage d’Africains qui vivent dans la pauvreté aujourd’hui (environ 415 millions) qu’à la fin des années 1990.

Les nouveaux objectifs mondiaux de développement viseront sans doute à éradiquer la pauvreté d’ici 2030, mais si les tendances actuelles se poursuivent, un Africain sur cinq souffrira encore de la pauvreté à cette échéance, selon le rapport. « En souscrivant au nouveau cadre de développement mondial, les pays devraient s’engager non seulement à réaliser des objectifs ambitieux, mais également à réduire les écarts injustifiables qui existent dans la région entre les riches et les pauvres, entre les populations des zones urbaines et rurales, et entre les hommes et les femmes », décrit l’ancien secrétaire général de l’ONU.

Pour le rapport, l’agriculture est la clé d’une croissance qui réduira la pauvreté. Kofi Annan a expliqué que les pays qui ont bâti leur croissance sur un secteur agricole dynamique, notamment l’Éthiopie et le Rwanda, ont démontré que le secteur rural pouvait être un puissant moteur de croissance inclusive et de réduction de la pauvreté. Le rapport préconise une révolution 100% africaine, qui adopterait les enseignements tirés de l’expérience asiatique aux réalités africaines. Actuellement, le continent africain exporte 35 milliards de dollars de produits alimentaires. Les échanges commerciaux intra-africains sont à encourager.

S’il le rapport reconnaît des progrès en Afrique, il se montre critique à l’égard des gouvernements africains et incite la communauté internationale à soutenir les efforts de développement du continent. Il invite au renforcement des règles multilatérales sur la pêche et l’exploitation forestière afin de lutte plus efficacement contre le pillage des ressources naturelles. La pêche illicite, non déclarée et non réglementée fait perdre à l’Afrique de l’Ouest au moins 1,3 milliard de dollars par an, et anéanti les communautés de pêcheurs en les privant d’opportunités essentielles en matière de pêche, de transformation et de commerce.

À cause des activités illégales d’abattage, le continent africain perd également 17 milliards de dollars par an. Pour Kofi Annan, « le pillage des ressources naturelles est un vol organisé sous couvert de commerce. Certains  chalutiers commerciaux opèrent sous pavillon de complaisance et déchargent leur pêche dans des ports qui ne consignent pas leurs captures, ce qui est contraire à l’éthique », des activités criminelles qui aggravent l’évasion fiscale et des sociétés-écrans. On estime aussi que l’Afrique perd 1,85 milliard de dollars par an en raison des frais excessifs appliqués par les sociétés de transferts sur les envois de la diaspora.

Noël Ndong