Disparition : le peintre Samuel Matoko n’est plus

Mercredi 5 Juillet 2023 - 18:00

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L’artiste-peintre, Samuel Matoko, Ya Dess pour les intimes, le seul peintre écologiste du Congo, a tiré sa révérence dans la nuit du 4 au 5 juillet, à Pointe-Noire, des suites d’une crise d’asthme.

Les artistes en général, les peintres en particulier, sont effondrés à l’annonce dès les premières heures du 5 juillet de la triste nouvelle. Samuel Matoko vient de quitter la terre des hommes. Désormais, seules ses œuvres picturales et sa philosophie, le "Matokoisme", sa façon de peindre et d’illustrer et de décrire le monde comme il aimait le répéter, feront revivre sa mémoire.

Le seul peintre écologiste du Congo n’est plus. Avec lui, disparaissent ses projets et son engagement dans la protection de la nature et de l’environnement à travers l'art.  Une voie qu’il a tracée depuis près de dix ans en décidant de ne peindre que sur l'écologie et la préservation de l’environnement. De cet engagement est sorti un ouvrage en fin 2019 abondamment illustré en toiles et en légendes commentées.

Louant les mérites et le talent de l’artiste-peintre, Yves Dubois, féru de l’art pictural  qui a énormément contribué à la publication du livre, avait déclaré que les toiles de Samuel Matoko auront une influence certaine sur l’amélioration de l’environnement du Congo en particulier et du monde entier en général.  

Samuel Matoko est né à Dolisie, dans le Niari, le 14 mai 1961. Il a fait ses études primaires et secondaires dans cette ville puis à Brazzaville.  Doué en dessin depuis l’école, Matoko s’intéresse à la peinture en lisant les ouvrages magnifiquement illustrés qui venaient pour la plupart de France. Autodidacte, il commence à peindre et exposer à Brazzaville en 1987.  Arrivé à Pointe-Noire en 1997, il peint le train de la paix en 2000 en présence du représentant de l’Unesco au Congo et reçoit le Prix Tchikounda  récompensant le meilleur peintre du Kouilou en 2010. La technique utilisée dans ses œuvres est mixte, peinture-collage  avec une prépondérance affirmée sur les thèmes qui sont en lien avec  la protection de l’environnement. À travers ses œuvres tournées vers l’abstraction ou le réalisme, il tente à sa manière de sensibiliser la population  avec ce qu’il appelle du Preserv’art  ou  l’art bio.

C’est en 2009 qu’il décide véritablement de peindre sur l’environnement exhorté comme dans un songe par la Ndonga, un génie écologique qui le persuadait de se lancer dans cette voie. Ce génie écologique qui, selon le peintre, évolue dans la biosphère et est prêt à accompagner toutes les volontés affirmées dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Précurseur de la peinture sur natte, Samuel Matoko a adopté cette forme innovante de peinture en expliquant que la natte est un objet certes courant mais atypique. On la déroule pour rendre les honneurs à une personnalité ou une notabilité, lors des veillées funéraires et des mariages. Comme le seigneur Tabu Ley qui a introduit les drums dans la musique des deux Congo et Emeneya Kester qui a utilisé pour la première fois le synthétiseur dans la rumba, Samuel Matoko a, de son vivant, toujours revendiqué à juste titre la primeur d’avoir été le premier à peindre sur la natte et de promouvoir l'art écologique.

 

Hervé Brice Mampouya

Légendes et crédits photo : 

Le regretté Samuel Matoko / Adiac

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