Disparition : Mermans Mpassi Ngongo repose au cimetière du Centre-ville

Lundi 20 Février 2023 - 11:29

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Après avoir rangé sa guitare, le 28 décembre 2022 aux premières de la matinée, au Centre hospitalier universitaire de Brazzaville à l’âge de 82 ans (1940-2022), Alphonse Mpassi Ngongo dit Mpassi Mermans a été conduit le 18 février à sa dernière demeure au cimetière du Centre-ville, à l’issue d’une cérémonie qui a eu lieu au Cercle culturel Sony-Labou-Tansi, dans le deuxième arrondissement Bacongo.

Guitariste, auteur-compositeur et arrangeur, Mpassi Ngongo Mermans a rejoint ses pairs des Bantous de la capitale, après une cérémonie funèbre qui a connu les présences de l’administrateur maire de l’arrondissement 2, Bacongo, le Dr Simone Loubienga; du député de Loudima, premier secrétaire de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale, Pascal Tsaty Mabiala; ainsi que des conseillers au ministère de l’Industrie culturelle, touristique, artistique et des Loisirs, Guy Wilfrid Ewolo et Emeraude Kouka.  

Prononçant l’oraison funèbre, Médard Milandou, du bureau exécutif de l’orchestre les Bantous de la capitale, a rappelé qu' Alphonse Mpassi Ngongo, né le 25 novembre 1940 à Hamon-Madzia, station du Chemin de fer Congo océan, dans le département du Pool, à 70 km environ de Brazzaville, était l’un des derniers vétérans de l’orchestre Bantous de la capitale, connu et reconnu comme un guitariste remarquable, un auteur-compositeur brillant tout au long d’un parcours inédit. Très tôt, il a manifesté son penchant pour la musique…

Au moment où l’orchestre Bantous voyait le jour, Mermans séjournait à Brazzaville, figurant parmi les nombreux « nguembos », juchés sur les murs du bar « Chez Faignond », à Poto-Poto, le 15 août 1959. Il était présent pour admirer ses illustres aînés : Jean Serges Essous, Edo Ganga, Nkouka Célio, Saturnin Pandi Ben, Daniel Loubélo Delalune. L’année suivante, Mpassi Mermans réunissait ses anciens compagnons de « Syncope jazz » à Brazzaville, pour fonder l’orchestre Mando Négro (dénommé quelques années après Mando Négro kwala kwa) sans lui, devenu sociétaire des Bantous de la capitale. A la faveur d’une tournée à Pointe-Noire, Dolisie, Kinshasa, Mando Négro, sous la houlette de Mpassi Mermans, devenait une formation musicale importante sur la scène brazzavilloise, au début de la décennie 1960.

A la guitare, Mermans prenait comme modèle le célèbre soliste des Bantous entre 1960 et 1963, Papa Noël. Quand ce dernier abandonne son poste, Mermans est justement appelé à le remplacer, le 3 juillet 1963. L’orchestre Bantous de la capitale recrute également, à quelques jours d’intervalle, de nouveaux musiciens : Joseph Samba dit Sammy Mascott, Alphonso Taloulou, Michel Boyibanda, Samba Miguel, Pablito Bemba (plus tard Pamelo Mounk’a). Après Dicky Barosa, Papa Noël, Mpassi Mermans est le premier guitariste de la République du Congo recruté à Brazzaville dans l’orchestre Bantous. Soliste d’abord, il est aussi le premier à partir de l’année 1964 à jouer de la guitare en tant que mi-soliste, dans la rumba congolaise, entre Gerry Gérard à la guitare solo et Sammy Mascott à la guitare d’accompagnement. Ainsi, en référence à ces deux faits majeurs, il s’attribue, semble-t-il, par la suite le statut honorable de « Son excellence Mermans Mpassi Ngongo 1er ».

Un artiste complet

Dans les Bantous de la capitale, Mpassi Mermans se distingue, par ailleurs, en qualité d’auteur-compositeur, arrangeur de plusieurs chefs-d’œuvre tels que “Buboté mona pélé”, “C’est sérieux tantine”, “A mon avis”, “Libala ékéseni”, “Badetty”, “Bani-Bani”. Cette dernière composition, jouée un certain temps en concert par les Bantous, est enregistrée sur disque, de même qu’une nouvelle, “Owelaki nini”, avec les Nzoï. L’orchestre les Nzoï naît de la dissidence qui secoue les Bantous en 1972. Au nombre des sortants : Mpassi Mermans, Ganga Edo, Théo Bitsikou montent cette formation, rejoints par Ange Linaud de l'ex-Super Boboto.

Lorsque les Nzoï disparaissent en 1973, Mpassi Mermans crée son propre groupe, le troisième à son actif : « Lisolo ». Courant 1976, il participe à la mise sur pied de l’orchestre national, programmé pour représenter le Congo au Festival des arts et de la culture (janvier-février 1977) à Lagos, au Nigeria. Dans ce grand collectif, il compose le tube "Lemba". De retour de Lagos, Mermans réintègre les Bantous qui en fait ont constitué l’ossature de l’orchestre national. Il réalise en solo l’album "Monia", en France, en 1981. Avec plusieurs musiciens de l’orchestre, il déserte une fois encore les Bantous en 1990 pour faire partie de l’ensemble Bantous monument. Il sort un deuxième album solo en 1992 avec son éditeur français ; un des titres rend hommage à Sammy Mascott : “Ton ami n’est pas ton ami”. Il regagne définitivement les Bantous de la capitale en 1997 jusqu’au jour fatidique du 28 décembre 2022.

Fan du club Bantous de la capitale depuis les premières années, le député Pascal Tsaty Mabiala a connu Mpassi Ngongo Merlans. Présent à ses obsèques, il a fait un témoignage. « Mermans a apporté quelque chose à l’orchestre Bantous. Nous étions à l’époque des jeunes fans de cet orchestre et avions vu passer tous les musiciens. Nous avions des problèmes de guitaristes à Brazzaville, la plupart venaient de Kinshasa. Mpassi Mermans arrive quand l’orchestre Bantous perd un grand guitariste, en l’occurrence Papa Noël, qui était, d’ailleurs, à la fondation des Bantous en 1959. Quand Papa Noël part, on dit qu’il y a un guitariste à Bacongo qui jouait déjà dans un petit orchestre. Et quand il arrive, donc Mpassi Mermans, il connaissait déjà le répertoire des Bantous et imitait exactement la guitare de Papa Noël. Nous étions comblés. Aujourd’hui, de sa génération il ne reste plus que Cosmos Mountouari. Je suis venu donc rendre hommage à ce grand guitariste et grand compositeur que nous avons connu », a-t-il témoigné.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

1- Pascal Tsaty Mabiala s’inclinant devant la dépouille de Mpassi Ngongo Mermans / Adiac 2- Les membres du bureau exécutif de l’orchestre Bantous déposant la gerbe de fleurs sur la dépouille de Mpassin Ngongo Mermans / Adiac 3- Une vue des officiels lors des obsèques de Mpassi Ngongo Mermans / Adiac

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