![]() Dossier cartes visa liées au Trésor : Kikaya Bin Karubi toujours dans le viseur de la justiceLundi 27 Septembre 2021 - 16:45 L’utilisation frauduleuse des cartes Visa sur le dos du Trésor public depuis la Banque centrale du Congo (BCC) par des personnes non habilitées continue d’indigner de nombreux Congolais épris de paix et de justice. En lieu et place d’affronter la justice en présentant leurs moyens de défense pour se dédouaner, certains hauts dignitaires de l’ancien régime cités dans ce nébuleux dossier, à l’instar de Kikaya Bin Karubi, ont préféré prendre la poudre d’escampette.
Tout est parti d’une alerte de l’Inspection générale des finances (IGF) informant le ministre des Finances des conclusions de sa mission de contrôle de gestion de la Banque centrale, laquelle a relevé, entre autres, que des paiements, de l’ordre de 174 millions de francs congolais, avaient été effectués à partir desdites cartes de crédit et imputés au compte « Suspens débiteur État de la BCC ». D’où la demande pressante de l’IGF au ministre des Finances d’instruire la Banque centrale de mettre fin à cette pratique non conforme à la procédure sur les dépenses publiques ainsi qu’aux textes légaux et réglementaires sur la gestion des finances publiques. C’est sur ces entrefaits que la Rawbank a été amenée à désactiver une trentaine de cartes de crédit dont plusieurs d’entre elles avaient déjà expiré. Kikaya Bin Karubi figurait parmi les trente-deux personnes bénéficiaires de cet avantage illégal. Il s’était mis dans tous ses états une fois qu’on lui avait ôté le beefteak de la bouche. Maladroitement, il avait vainement essayé de justifier la perception de ces fonds en faisant prévaloir son statut de conseiller diplomatique qui lui permettait d’engager des dépenses urgentes pour la République. « J’ai été secrétaire particulier du président Kabila et conseiller principal au collège diplomatique. Ces fonctions nécessitent un accès d’extrême urgence à des fonds. Mais tout a été désactivé en 2019 », arguait-il dans ses interventions médiatiques, sans vraiment convaincre. En fait, ces privilèges, à en croire l’IGF, ne sont réservés qu’au ministre des Affaires étrangères, ministre des Finances et au gouverneur de la Banque Centrale du Congo. C’est donc de manière indue que Kikaya et d’autres proches de Joseph Kabila détenaient par devers eux ces cartes alors qu’ils n’étaient plus aux affaires. Comme pour faire diversion, Kikaya annoncera avec pompe une plainte contre le journaliste Israël Mutombo qui avait parlé de ce dossier sur son plateau, l’invitant à présenter les preuves de ses allégations. Serein, l’animateur de la tranche télévisée « Bosolo na politique » l’attendait au tournant, fort des preuves de culpabilité qui chargeaient l’ex-conseiller diplomatique de Kabila. S’étant rendu compte qu’il s’engageait là dans un combat perdu d’avance, Kikaya Bin Karubi avait préféré se soustraire de la justice en quittant le pays. Invité à se présenter au cabinet de travail de l’avocat général du Parquet général près la Cour d’appel de Kinshasa/Gombe, le 25 juin dernier pour confirmer sa plainte, il quittera Kinshasa la veille dans des circonstances dignes d’un script hollywoodien. D’après des indiscrétions, il aurait d’abord gagné la ville côtière de Muanda avant de se diriger, en bateau, vers un village de pêcheurs angolais nommé Nganda Kosa, situé entre la RDC, l’Angola et l’enclave de Cabinda. C’est à partir de là qu’il a organisé son départ vers l’Ethiopie en passant par Luanda d’où il a décollé pour atterrir dans un pays africain, son lieu actuel de résidence. Et pour embellir son scénario, cet ancien dignitaire évoque ses publications critiques contre la nouvelle administration; lesquelles lui auraient valu des menaces. Une justification qui, d'après le secrétaire général de l'UDPS, Augustin Kabuya, ne tient pas la route car, argumente-t-il, aucun acteur politique congolais ne peut aujourd’hui prétendre avoir été menacé pour cause de ses opinions politiques et/ou analyses hostiles envers le pouvoir en place. Qu’à cela ne tienne! La dénonciation par l’IGF d’une « utilisation abusive » rimant avec une « fraude en bande organisée » des cartes Visa sur le compte général du Trésor par les anciens dignitaires pose les prémices de la véritable transparence attendue dans la gestion des finances publiques. Que les bénéficiaires non habilités répondent de leurs actes afin que les sommes ainsi détournées rentrent dans la caisse du Trésor public.
Alain Diasso Légendes et crédits photo :Barnabé Kikaya Bin Karubi Notification:Non |