En marge de son Jubilé d’or : le Palu rapproche la Majorité et l’opposition

Lundi 17 Novembre 2014 - 15:00

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En associant les acteurs politiques de deux camps aux travaux en ateliers qu’il organise depuis le 1er novembre en marge de son cinquantenaire, mais aussi, des scientifiques et des religieux, le Palu entend réfléchir en profondeur sur l’avenir du pays et faire des recommandations utiles à son décollage.

http://www.brt-africa.com/wp-content/uploads/2014/06/gizenga450.jpg.gifUne grande première. C’est le moins qu’on puisse dire de la réflexion plurielle initiée par le Parti lumumbiste unifié (Palu) en marge des festivités de son jubilé d’or avec, en toile de fond, des travaux en ateliers circonscrits autour de grands enjeux de l’heure. Des échanges de haute facture intellectuelle meublent ces journées de réflexion débutées tambours battant depuis le 1er novembre et destinés à scruter de manière méthodique l’état de la Nation pour en ressortir, après évaluation, des recommandations idoines susceptibles de booster son développement. Pour Adolphe Muzito (Premier ministre honoraire et cadre du parti) qui assure la modération des débats, le Palu entend aller au fond des choses en cherchant à débusquer tous les facteurs qui entravent le développement de la RDC en vue de réorienter son destin dans le sens du mieux-être collectif.     

Acteurs politiques, scientifiques et religieux sont associés au débat et partagent leurs expériences dans une atmosphère empreinte de patriotisme et soutenue par l’aura d’Antoine Gizenga. Ce dernier, réserve inépuisable de sagesse, oriente et inspire les interventions pour autant que les uns et les autres reconnaissent en lui un exemple de courage, d’abnégation et de nationalisme. C’est non sans raison que le président des Fonus, Joseph Olenghankoy, a invité ses compatriotes à suivre résolument la voie tracée par ce père de l’indépendance qui aura excellé dans la fidélité, l’intégrité morale et l’honnêteté. Des valeurs qui permirent au Palu d’avoir un encrage sociologique certain dans la population et de se maintenir, des années durant, dans le peloton de tête des partis qui comptent dans le microcosme politique congolais.

Des entraves à la décentralisation

Joseph Olenghankoy s’exprimait ainsi le 14 novembre au Grand Hôtel/Kinshasa louant, au passage, l’initiative du Palu qui, d’après ses dires, venait de réussir là où beaucoup ont échoué en mettant autour d’une table, les acteurs de la Majorité et de l’opposition, avec en soubassement, la recherche des pistes de solution pour tirer la RDC du gouffre. Une dynamique qui traduit la volonté des congolais à accompagner le pays sur la voie du progrès et de l’émergence au terme d’une réelle introspection de sorte à booster sa reconstruction et son redécollage économique. 

Auparavant, l’assistance a eu droit à l’exposé de Delly Sessanga qui a plaidé pour une mise en œuvre rapide de la décentralisation en RDC en vue de prévenir l’exode rural et assurer l’autorité de l’Etat. Inscrite comme reforme-phare depuis 1980 en RDC, la décentralisation, a-t-il déclaré, se bute dans sa matérialisation au manque de volonté politique. Il a épinglé la peur du fédéralisme considéré comme facteur incitatif au séparatisme et de l’unitarisme confondu à la dictature, comme principaux obstacles.

La journée du samedi 15 novembre à l’Hôtel du fleuve aura été marquée par quelques interventions dont celle du coordonnateur du mécanisme national de suivi de l'accord d'Addis-Abeba, François Muamba. Ce dernier a planché sur le thème : « L’état de la mise en œuvre des six engagements de la RDC souscrits au terme de l’accord-cadre d’Addis-Abeba et de la déclaration de Nairobi ». Dans le secteur de la sécurité et de la justice, l’orateur a épinglé les actions déterminantes dont un ensemble des textes juridiques pour un fonctionnement harmonieux de l’armée en cours d’élaboration. L’objectif visé, a-t-il dit, est d’améliorer les conditions de vie des hommes de troupes et, partant, spécifier les chaines de commandement et définir la doctrine d’emploi des forces.

Il a, par ailleurs, renchéri qu’en accord avec les partenaires, la mise en place d’une structure technique de suivi de la reforme de l’armée est envisagée. Et d’ajouter que la bancarisation de la paie des hommes de troupes est effectuée à plus de 90% au moment où plusieurs écoles et autres centres d’instruction sont déjà opérationnels.

Revenant sur la décentralisation, le gouverneur du Nord-Kivu a estimé que la mise en œuvre de la décentralisation pose énormément problème au regard de certaines dispositions qui consacrent sa déroute. Julien Paluku a attiré l’attention sur le danger qui guette la RDC avec l’organisation des élections locales prévues en 2015 entrainant ipso facto l’augmentation des charges de l’État alors que les moyens disponibles sont encore modiques. Il encourage cependant la suppression de 40% de recettes rétrocédées aux provinces et aux Entités territoriales décentralisées (ETD) dans le but d’économiser les moyens de l’État. D’autres intervenants, à l’instar des professeurs Kasongo Numbi et Longin Mbela ont débattu sur la rétrocession et le transfert des pouvoirs aux provinces d’une part, et sur la reforme du service de sécurité et de la Police nationale d’autre part.   

Le Palu force l’estime  

Depuis le démarrage des activités de ce jubilé d’or du Palu, les têtes couronnées de la scène politique congolaise, tant de l’opposition que de la majorité, ne cessent d’affluer sur les sites des travaux. Le bon déroulement des assises est un motif de satisfaction pour le secrétaire permanent et porte-parole Willy Makiashi qui devrait y percevoir, un signe de vitalité du Palu à un moment où plusieurs partis alliés de la Majorité sont en hibernation. Dans son speech d’ouverture, il a fait remarquer que le pays traverse une crise et qu’il faudrait envisager une thérapie pour sa refondation laquelle passe inéluctablement par « la mise en place d’une Constitution réaliste, reflétant les aspirations profondes du peuple congolais ».

Parmi les premiers intervenants ayant ouvert le débat, l’on peut citer le leader de la Convention des Congolais unis (CCU) Lambert Mende Omalanga qui a insisté sur la création des vraies formations politiques basées sur l’idéologie et l’engagement politique en RDC, mais aussi Christophe Lutundula Apala du Mouvement de solidarité pour le développement et la démocratie (MSDD) qui a décortiqué les types de régimes politiques appliqués en RDC de 1960 à nos jours. Ce cadre de la Mouvance kabiliste envisage, pour résoudre des problèmes que poserait la Constitution du 18 février 2006, l’installation d’une Commission d’experts pluridisciplinaires chargés de réexaminer la Constitution en cours dans la perspective de l’étoffer et de l’enrichir.

L’on ne peut oublier le sénateur Léonard She Okitundu et le professeur Tshibangu Kalala qui ont réfléchi respectivement sur la problématique de la République dans le cas de la RDC et sur la genèse de l’État congolais.

Au-delà de la dialectique à laquelle renvoient ces échanges autour de la thématique centrale « Préservation des acquis en vue de l’appropriation de l’avenir de la Nation », le Palu reste constant dans sa vision idéologique d’antan qui prône l’ouverture comme base de fonctionnement sur fond d’une synergie constructive au service de la Nation.   

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le patriarche Antoine Gizenga