Entrepreneuriat au féminin : un levier de développement encore sous-exploité

En raison du manque de financements, de l’absence de réseaux structurés ainsi que de l'existence des barrières culturelles et administratives, de nombreuses entrepreneures hésitent à officialiser leurs activités ou à se lancer dans des projets d’envergure.

C’est dans cette optique qu’ADIAC TV a recueilli les propos de Flavie Lombo, présidente de la Chambre nationale des femmes cheffes d’entreprise et d’entrepreneures du Congo, une organisation qui œuvre à la structuration et à la promotion des initiatives portées par les femmes.

Structurer et accompagner les entrepreneures congolaises

Fondée en 2022, cette chambre a pour mission de favoriser l’entrepreneuriat féminin en aidant les femmes à formaliser leurs activités. La structuration des entreprises dirigées par des femmes représente un enjeu majeur, non seulement pour leur inclusion dans des projets collaboratifs, mais aussi pour leur accès aux divers outils d’accompagnement mis à disposition : coaching, mentorat, formation, entre autres.

L’ambition est de créer un environnement propice à l’essor des affaires, en facilitant la mise en réseau et en stimulant les opportunités de développement économique.

Une présence encore timide des femmes dans l’univers des affaires

Selon Flavie Lombo, les femmes congolaises n’ont longtemps investi le monde des affaires qu’à travers des initiatives à visée communautaire. Celles qui portent des projets d’envergure, capables de s’étendre à l’échelle nationale voire internationale, restent encore trop peu nombreuses.

En 2024, les entreprises fondées par des femmes ne représentaient que 26 % du total des créations d’entreprises. Bien que ce chiffre demeure faible, il traduit néanmoins une progression encourageante au regard des nombreux obstacles qui persistent.

« Nous devons inculquer la culture entrepreneuriale aux femmes congolaises. Mais au-delà de cet enjeu fondamental, un autre défi majeur demeure : l’accès aux financements. Il est crucial que les institutions financières accompagnent les initiatives féminines pour favoriser leur essor», souligne Flavie Lombo, coach professionnelle et ancienne collaboratrice d'Edith Lucie Bongo Ondimba, ex-Première dame du Gabon.

Des initiatives porteuses d’espoir

Certaines mesures viennent heureusement pallier ces difficultés. C’est le cas du programme Ellever, porté par Ecobank, dont Flavie Lombo est l’ambassadrice. Ce dispositif propose une ingénierie financière adaptée aux femmes entrepreneures, facilitant leur accès aux financements nécessaires à la création et au développement de leurs entreprises.

Ce programme cible les entreprises dirigées par des femmes ainsi que celles qui emploient une proportion significative de travailleuses. En outre, il prévoit des facilités de crédit pouvant atteindre 60 millions FCFA, sans nécessiter d’hypothèque, une opportunité inestimable notamment pour les artisanes et les petites entreprises.

Le Woman economic forum, un carrefour d’échanges et de réseautage

Dans cette dynamique de structuration et de promotion de l’entrepreneuriat féminin, la Chambre des femmes cheffes d’entreprise et d’entrepreneures a lancé, en 2024, la première édition du Woman economic forum. Cet événement qui se tiendra désormais chaque année à Brazzaville se veut un rendez-vous incontournable pour les femmes d’affaires, leur offrant un cadre propice aux échanges, aux partages d’expériences et au réseautage.

Ce forum est soutenu par des partenaires stratégiques tels qu'UniCongo, Ecobank, le Programme des Nations unies pour le développement et le G100. Il vise à renforcer la présence des femmes dans des secteurs encore largement dominés par les hommes.

Encourager les femmes à briser le plafond de verre

Malgré ces avancées, des défis majeurs subsistent, notamment en matière d’inclusion féminine dans les secteurs stratégiques tels que le Bâtiment et travaux publics, les assurances ou encore l’industrie pétrolière.

Pour relever ce défi, Flavie Lombo mise sur une meilleure orientation académique et professionnelle des jeunes filles, les encourageant à explorer des domaines considérés jusqu’alors comme masculins. L’objectif : briser le plafond de verre et faire des femmes des actrices incontournables du développement économique national.