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Gabon: 600 témoignages

Samedi 4 Mai 2024 - 19:15

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Le chiffre exact est 680. Il indique le nombre des personnalités ayant pris part, du 8 au 25 avril 2024, à Libreville, la capitale du pays, au dialogue national inclusif voulu par les autorités de la Transition pour poser les bases de « l’édification d’un Gabon nouveau, prospère et digne d’envie aux yeux des nations du monde ».   

Les hommes d'église ont été appelés à présider les travaux en raison du préjugé favorable dont ils jouissent auprès de l’opinion publique quand il est question d'arbitrer dans le champ politique souvent influencé par les calculs et les rancœurs des acteurs les plus en vue. Le Gabon, comme beaucoup de ses voisins de la sous-région d’Afrique centrale, a en effet aussi connu ses moments de trouble.

A en juger le contenu du Rapport final constitué d’une centaine de pages, aux yeux des délégués, le dialogue de cette année a dominé les précédents (1994, 2006, 2013, 2017) par sa pertinence, la qualité des invités, le mode de participation et l’objectif de remettre à plat les fondamentaux de la gouvernance générale au triple plan politique, économique et social.

La Commission préparatoire s’est félicitée d’avoir pu examiner quelque 38 140 contributions ayant ensuite permis à l’Assemblée de proposer des pistes de réflexion et finaliser des conclusions remises à qui de droit, le président de la Transition en l’occurrence et son gouvernement, pour leur mise à exécution dans l’intérêt supérieur de la nation.

Considérant le contexte du déroulement du dialogue, le nouveau Gabon en quête de souveraineté n’a pas épargné l’ancien régime du Parti démocratique gabonais (PDG), sommé de cesser toute activité pendant au moins trois ans. Durant cette échéance, la Transition en cours devant être prolongée d’au moins deux ans, le pays se préparera à aller voter aux élections générales à l’horizon 2027-2028 quasiment sans ses anciens barons.

Dans cette assez lointaine perspective - les années passent vite-, qui est autorisé à candidater pour la fonction suprême, la présidence de la République ? Les conclusions du dialogue en excluent d’éventuels postulants qui ne seraient pas nés de mère et de père Gabonais d’origine, mais aussi, « les autres autorités » de l’exécutif d’exception.

La nuance concernant « les autres autorités » vaut son pesant d’or car même si aucune ligne du Rapport ne l’étaye, le chef d’Etat de la Transition actuel n’a pas les mains liées. Porte-étendard du « Coup de libération du 30 août », allusion des participants à la prise du pouvoir par les militaires gabonais le 30 août passé, il leur est apparu loisible de ne pas lui mettre des bâtons dans les roues si son intention est de continuer à servir.

Consolation pour les autres « Transitionnels » membres du CTRI (Comité pour la transition et la restauration des institutions), une loi d’amnistie est préconisée aux fins de couvrir ce qui pourrait être considéré pour les militaires comme de la félonie en rapport avec le serment de leur métier : ne pas se mêler de politique active. Ce qu’ils ont fait il y a bientôt une année.

D’autres mesures de « souveraineté » touchent au domaine économique, avec notamment la « préférence gabonaise » dans les nominations aux postes de direction pour des sociétés à capitaux mixtes ; et au domaine social où sont réitérées les clauses de protection de la famille, de préservation des mœurs, promotion de la culture nationale, inscription dans la Constitution qu’un couple est constitué de l’homme et de la femme.

Dans cette quête de régulation des mœurs, les cœurs semblent eux aussi questionnés dès lors que le Gabonais ayant des ambitions présidentielles devra justifier qu’il est marié à une Gabonaise de souche et vice-versa. Quelle sera la durée du mandat du président de la République élu, à qui reviendra aussi la fonction de chef du gouvernement ? Le dialogue a proposé un contrat de sept ans renouvelable une fois, la fourchette d’âge des candidats se situant entre 35 ans et 70 ans.

La recension de l’important dialogue de Libreville ne pouvant être exhaustive, retenons que les acteurs gabonais semblent mobilisés et disposés à entrevoir autrement l’avenir de leur pays. « Bâtir ensemble le Gabon que nous voulons » est bien le thème de ce dialogue. A la pratique, le terrain dictera la meilleure voie à suivre pour celui à qui reviendra la charge d’appliquer ces mesures à la fois révolutionnaires et délicates.

Après avoir accompli leur tâche, les hommes d’église ont regagné leurs ministères respectifs. Peut-être devront-ils garder une oreille attentive en direction des gestionnaires de la Cité tenus de relever de nombreux défis chaque jour que Dieu fait.   

Gankama N'Siah

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