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Gabriel Obongui

Vendredi 4 Juillet 2014 - 10:42

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Gabriel Obongui, 85 ans,  bon pied bon œil, est l’un des derniers dinosaures de la politique congolaise. Militant du Msa (Mouvement socialiste africain) de Jacques Opangault et député,  il côtoie, dans sa bonne ville de Gamboma, des figures fortes de Gam City : Akaramboulet et Maurice Akouala. C’est à l’occasion d’un meeting  à Gamboma, le 28 juin dernier, que l’ancien maire de la ville de Brazzaville s’est adressé à un public nombreux à la Place de la Fraternité. Il a parlé dans la langue locale et fait honneur à sa réputation de tribun. Il en a profité pour faire un flash-back sur la vie politique dans cette ville majeure du département des Plateaux. Il a déploré la désunion des fils de Gamboma sur une ligne de fracture politique, rappelant le contexte politique avant et après l’indépendance. Au cours de cette période effervescente, les hommes politiques originaires de Gamboma, Akaramboulet, Akouala Maurice et lui-même, en dépit des positions politiques antinomiques de leurs partis, L’Uddia (Union pour la défense des intérêts africains et le Msa (Mouvement socialiste africain) ont su préserver l’essentiel : la fraternité et la solidarité. Depuis, la politique a détruit des familles et distendu le lien social. Il a donc exhorté les cadres de Gamboma à renouer le dialogue pour la construction de leur ville. Pour finir son allocution, Gabriel Obongui s’est prononcé en faveur du changement de la Constitution de 2002.

Sa carrière administrative débute en 1947 à Gamboma. Commis des postes, il gravit, par la suite, les marches jusqu’aux échelons les plus élevés de la Fonction publique congolaise. Il est directeur général de l’Oniveg (organisme chargée de l’importation de la viande) au moment où il prend sa retraite en 1983.

Avant son intervention, trois orateurs ont pris la parole au nom  des Jeunes, des femmes et des sages de Gamboma. Les uns et les autres ont exigé le changement de la Constitution du 20 janvier 2002, avant de remettre leurs déclarations à Hugues Ngouélondélé, député de la première circonscription électorale de Gam City, qui les transmettra à qui de droit.

Depuis des mois, telle une antienne reprise en chœur, le peuple réclame le changement de constitution. Cette explosion d’énergie pulsionnelle est exceptionnelle et se caractérise par un florilège de déclarations exigeant, partout, le changement de la loi fondamentale actuelle, mais déjà spectrale, depuis les concertations de Dolisie, qui ne sont pas allées au fond des choses. Cette lame de fond d’une exigence citoyenne et démocratique de changement est le signe de la volonté populaire d’instauration d’un nouveau pacte républicain. Mais le monde politique congolais est-il en mesure de saisir ces signaux et de les traduire en une démarche politique novatrice. Rien n’est moins sûr.

De nombreuses institutions sont, du fait de la non tenue des élections locales, tombées dans l’illégalité, voire dans l’inconstitutionnalité. Dans ces conditions, ayons le courage de nous arrêter un instant pour éviter une perte inutile de temps et d’argent. Les arguties juridiques brandies par les uns et les autres sont éculées. À problème politique, solution politique. Au-delà des intransigeances partisanes, il s’agit d’aller à l’essentiel, c’est-à-dire, à une concertation politique inclusive sur l’avenir du pays, en vue d’un consensus. Les protagonistes de cette concertation pourraient proposer une période de transition qui permettra de reprendre les choses par le bon bout, avec en prime, la restauration du fichier d’État-civil national, massacré par des années de troubles politiques. De la maîtrise de l’État-civil, découlera le reste. Agir autrement est suicidaire, aussi bien, pour le pouvoir que pour l’opposition. Les rigidités politiques actuelles ne sont pas de bon augure pour le pays. N’attendons pas les objurgations de la fameuse opinion internationale, pompier-pyromane, pour trouver un règlement politique aux divers contentieux qui plombent l’initiative nationale.

C’est pourquoi, l’appel à l’unité de Gabriel Obongui, ancien maire de Brazzaville, en direction des fils de Gamboma, peut être extrapolé à l’ensemble des Congolais. En ces temps de cynisme, sachons raison garder.  

Mfumu

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Édition Quotidienne (DB)

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