Italie: des humanitaires inquiets des perspectives de famine en Afrique

Pour l’ONG Amref-Italie, bien présente dans le secteur de l’aide médicale d’urgence dans des pays d’Afrique australe surtout, les perspectives annoncées par le Programme alimentaire mondial (PAM) sur la situation de la faim dans le monde ne sont pas de nature à aider leur travail mais le compliqueraient plutôt. Car le phénomène d’El Niño, courant marin d’Amérique latine qui bouleverse le climat mondial, va créer une situation paradoxale dans un continent comme l’Afrique.

En Afrique australe où les trois dernières années se sont signalées par des pluies ininterrompues notamment, des pays comme le Malawi ou l’Ethiopie connaissent déjà une sévère sécheresse dans certaines régions. Sécheresse, pluies qui inondent les cultures ou empêchent les récoltes conduisent au même résultat : peu de nourriture à disposition y compris, et surtout, pour les paysans condamnés à mourir de faim au pied de leurs plantations en souffrance.

En tout, souligne le PAM, ce sont jusqu’à 15 millions de personnes supplémentaires qui courent aujourd’hui le risque de la famine. Amref-Italie s’inquiète aussi du fait que le nombre de pays touchés ou pouvant être affectés s’agrandisse à vue d’œil. Car la liste inclut désormais des pays qui n’étaient pas connus pour être exposés au risque de la faim jusqu’ici. Elle compte des régions entières du Nigéria, du Tchad mais aussi, plus étonnamment, du Gabon, du Congo-RdC, du Kenya, d’Ouganda et même de la puissance économique qu’est l’Afrique du Sud.

« Mourir de faim est quelque chose de terrible et d’inacceptable », note Tommy Simmons, le fondateur d’Amref-Italie. « Nous avons lancé un appel pour l’Ethiopie où 11 millions d’enfants risquent de mourir de faim selon le PAM ». Pour lui, il est « terriblement affligeant » que la persistance des conflits en Afrique ne donne lieu qu’à des listes de bonnes intentions chaque année. « C’est terrible et horrible que le monde se promette périodiquement un ‘jamais plus’ et ne se réveille que quand une grande majorité de personnes est déjà dans le fossé », regrette Tommy Simmons.