Italie : le prêtre Gratien Alabi se plaint de discrimination

Jeudi 21 Janvier 2016 - 18:45

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Le religieux congolais souhaite que la justice italienne agisse pour lui comme pour tout autre prévenu : il est accusé de disparition de cadavre

C’est une des affaires les plus scabreuses touchant la diaspora africaine, et source de beaucoup d’embarras. Il y a près de deux ans, le 1er mai 2014, disparaissait l’épouse du bedeau d’une paroisse des environs d’Arezzo, en Toscane (centre-nord de l’Italie). Il est des reconstitutions des enquêteurs que le curé, le père Gratien Alabi, fut la dernière personne en contact avec la disparue. Et que leurs rapports furent tout autre que seulement de paroisse. Depuis lors, chacune des audiences est devenue un feuilleton pour l’opinion italienne assurée de recevoir son lot de nouvelles révélations et de détails sordides.

La presse à sensation est aux aguets. Pensez donc : un curé, une dame, des photos, des dénonciations en cascade, il y a là de quoi alimenter les séries américaines les plus palpitantes. Mais de tous les bruits, de toutes les pistes vite soulevées et vite abandonnées, de la douleur feinte d' un  comportement pour le moins louche n’émerge qu’une certitude en béton : Mme Guerrina Piscaglia a disparu. Et son corps, puisque tout le monde se rejoint dans la conviction qu’elle est morte, reste introuvable. Témoignages à charge et à décharge ne font plus avancer quoi que ce soit.

Et c’est ce piétinement que dénonce le père Gratien, car il se fait en sa défaveur et au détriment d’une vérité qu’il continue d’appeler de ses vœux soutenant qu’il est innocent. Le 23 avril dernier, il a été conduit en prison. Le 3 décembre, la Cour d’appel de Florence auprès de laquelle il a interjeté appel de sa condamnation lui a concédé la liberté conditionnelle, avec obligation de porter un bracelet électronique. Mais son transfert de la prison San Bernardetto d’Arezzo au couvent des prêtres prémontrés à Rome tarde toujours.

Le motif officiellement invoqué est que son bracelet électronique tarde à être mis au point. Il s’agit d’un dispositif électronique qui se porte au pied et qui fait déclencher une alarme à la police dès qu’on s’éloigne du périmètre de l’arrêt domiciliaire. Le religieux congolais estime que sa patience est mise à rude épreuve. Pour lui, toutes ces manœuvres le visent parce qu’il est noir. Il a saisi la presse locale pour s’en plaindre. Ses avocats ont décidé d’interpeler le ministre de la Justice, Andrea Orlando, pour qu’il aide la justice à retrouver le sens du droit et de l’équité. La prochaine audience est fixée à la Cour d’appel de Florence le 29 janvier.

Lucien Mpama

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