Justice internationale : démarrage à la CPI de la phase de confirmation des charges contre un des chefs de la LRA

Mercredi 20 Janvier 2016 - 14:15

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La première audience de confirmation des charges contre Dominic Ongwen, un des principaux chefs de la sanguinaire rébellion de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), s'ouvre jeudi au siège de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, aux Pays-Bas.

Au cours de cette phase de confirmation des charges, qui se poursuivra jusqu’au 27 janvier, la procureure de la CPI, Fatou Bensouda et son bureau tenteront de convaincre les juges que leur dossier est assez solide pour mener à un procès. Il s’agira de persuader à juger Dominic Ongwen, un des principaux chefs de la sanguinaire rébellion de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), pour des crimes commis en Ouganda entre 2002 et 2005.

L’accusation insistera surtout sur les attaques perpétrées par la LRA contre des camps de réfugiés qui fuyaient la violence de ce groupe armé et, qui s’étaient soldées selon la procureure par plus de 130 personnes tuées, dont des enfants. Lors de ces opérations « des combattants de la LRA ont enlevé des civils, les ont forcés à porter des objets pillés (...) les ont tirés dessus et les ont menacés », a fait savoir l’accusation dans un document.  Elle estime, par ailleurs, que durant les attaques, contre le camp Odek en avril 2004, au moins 61 hommes, femmes et enfants ont été tués. « Un individu a été forcé à tuer un homme avec une massue et forcé à inspecter des corps en décomposition, dont celui de son père », affirme l’accusation.

Poursuivi par la CPI, Dominic Ongwen, doit répondre de 70 chefs de crimes contre l’humanité et crimes de guerre portant sur la période 2002-2005, dont l’esclavage sexuel, le meurtre et l’enrôlement d’enfants soldats. Et le document de l’accusation souligne qu’avec le chef Joseph Kony et des responsables de la brigade Sinia qu’il dirigeait, Dominic Ongwen jouait un rôle majeur. « Il avait pour but commun d’enlever des filles et des femmes pour en faire des servantes, des épouses forcées à se marier et des esclaves sexuelles », précise la source. Quant aux victimes, ajoute-t-on, elles « n’avaient d’autre choix que de se soumettre aux viols, à l’esclavage,  à l’esclavage sexuel ».

Agé d’environ 40 ans, Dominic Ongwen, surnommé la « Fourmi Blanche », était l’un des commandants les plus redoutés de la LRA menée par Joseph Kony, qui, selon les Nations unies, a tué plus de 100.000 personnes et enlevé plus de 60.000 enfants depuis sa création dans la deuxième partie des années 80. Recherché par la CPI depuis 2005, Dominic Ongwen a été transféré à La Haye après sa reddition en janvier 2015 en Centrafrique auprès des forces spéciales américaines. A l’époque, les Etats-Unis avaient mis sa tête à prix pour 5 millions de dollars (4,5 millions d’euros). Ce rebelle ougandais s’est ensuite livré à la justice pour avoir été tombé en disgrâce aux yeux de Joseph Kony et avoir échappé de peu à la mort.

Notons que la LRA avait été créée dans le but de renverser le président ougandais Yoweri Museveni pour le remplacer par un régime fondé sur les Dix commandements. Depuis lors et au fil de ses exactions, ce mouvement qui a semé la terreur au-delà des frontières de l’Ouganda, notamment au sud du Soudan, dans le nord-est de la République démocratique du Congo et en Centrafrique s’est forgé une forte réputation. Dominic Ongwen serait lui-même victime de la LRA, puisque selon certains groupes de défense des droits de l’homme, il a été enlevé pour devenir enfant soldat alors qu’il rentrait de l’école. A cette époque, il était âgé de 14 ans.

 

Nestor N'Gampoula

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