Katanga : le découpage marque la fin de l’ère Katumbi

Mardi 10 Mars 2015 - 17:49

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Selon son entourage, l’intéressé ne briguera pas le nouveau gouvernorat du Haut-Katanga qui, avec Lubumbashi pour chef-lieu, aurait pu constituer pour lui un facteur de régénérescence à la veille des grandes tribulations politiques.    

Les nombreux partisans de Moïse Katumbi qui sont venus l‘écouter, le 7 mars, n’en croyaient pas leurs oreilles. Leur puissant gouverneur, qui s’est exprimé dans un meeting improvisé, avait un air sérieux lorsqu’il a annoncé son départ imminent à la tête de l’exécutif provincial. En fait, ce n’est pas de gaieté de cœur qu’il a fait cette déclaration qui reste tributaire d’une conjonction des facteurs et des circonstances. Ceux qui avaient juré sur son départ ont finalement trouvé une formule aisée à travers la promulgation, le 2 mars, de la loi sur le découpage territorial tel que cela est prévu par la Constitution de 2006.

Le démembrement du pays censé passer de onze à vingt-six provinces entraîne ipso facto le départ des gouverneurs dont les provinces sont éligibles au découpage. Tel est notamment le cas de la province du Katanga qui verra ses frontières inchangées depuis 1960 subir la loi de la partition pour générer quatre nouvelles provinces. Là-dessus, Moïse Katumbi se voit déjà très mal dans la peau d’un gouverneur gérant une portion congrue du grand Katanga qu’il eut à administrer avec maestria. Son entourage laisse d’ailleurs entendre qu’il n’est pas tenté de postuler à la tête de nouvelles entités en gestation. Il est prêt à s’éclipser dès que les nouveaux animateurs entreront en scène après les élections locales, municipales et provinciales.  

Toutefois, il a indiqué que cette situation ne met pas fin à sa carrière politique qui devra se poursuivre, envers et contre tout. Là-dessus, des avis divergent. Certains pensent que cela n’est qu’un repli stratégique de la part de Moïse qui pourrait rebondir en 2016 sous le prisme du candidat-président de la République. Une hypothèse vite écartée étant donné que l’intéressé n’a jamais confirmé ses ambitions à ce sujet. Et puisqu’il a opté pour la continuité de sa carrière politique, il est clair qu’au sein du PPRD où il s’est forgé un statut de contestataire à travers ses prises de position tranchantes contre les idéaux de la majorité, il aura maille à partir avec les bonzes de la « Kabilie » pour se repositionner. Il a donc un choix à opérer : soit sortir de la majorité au pouvoir et créer son propre parti politique, soit y demeurer, quitte à faire entendre sa voix discordante au nom de la démocratie. Mais pour un homme ayant de grands intérêts économiques à protéger, la deuxième option paraît la plus plausible.

Pour ceux qui ont vite conclu à un rapprochement Kabila-Katumbi au terme de l’entretien que les deux hommes ont eu à Kinshasa le 27 février, ils n’ont qu’à se raviser face à la constance du gouverneur du Katanga plus que jamais intransigeant sur le respect de la Constitution concernant le mandat présidentiel. Que le chef de l’État ait vite promulgué la loi sur le découpage territorial, trois jours après cette audience, laisse penser qu’il y a bien anguille sous roche. D’aucuns pensent que cette loi est la recette trouvée par les stratèges du camp présidentiel pour obtenir à peu des frais la tête de Moïse Katumbi en dehors de toute autre voie.             

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Moise Katumbi