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La fracture numérique du Congo : le défi des économies d’échelleDimanche 2 Novembre 2014 - 11:15 Le raccordement au câble sous-marin international, en 2011, a permis au Congo d’entrer dans l’ère de la Nouvelle Économie. Désormais, la fibre optique permettra aux opérateurs d’offrir des services liées aux Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) à des prix relativement bas. Le lancement, depuis le 8 mai 2013 par Congo Télécom, du bouquet de services Triplay (Télévision, Internet et Téléphone), devrait réduire la fracture numérique du Congo. La prochaine interconnexion par fibre optique, entre le Congo et le Gabon, développera les liens inter-régionaux et désenclavera le Congo. Mais, avec 0,9% de la population qui possède un micro-ordinateur, et 5,6% de la population ayant accès à l’Internet, le Congo n’est que 28e sur le marché des TIC des 54 pays d’Afrique. Sa couverture en Téléphonie fixe, monopole historique de Congo Télécom, n’est que de 0,41 abonné pour 100 habitants en 2005 contre moins de 0,24 depuis 2013, situant le Congo au 44e rang sur ce marché africain. Le réseau Wifi n’alimente que les grandes villes où plus de 250 cybercafés affichent un prix moyen de 1000 FCFA l’heure de connexion. Le haut débit international n’est que de 0,29 Mbps/habitant contre 2,7 dans la sous région. Le prix du forfait mensuel d’abonnement est de 18,8 $ US contre 9,9 $US dans les autres pays. Le forfait Internet de 20 heures est de 84,5 $US au Congo contre 11$ US dans les autres pays. La faible disponibilité, les coûts élevés, la lenteur du raccordement et le coût des équipements informatiques (400.000 FCFA l’ordinateur) et téléphoniques (130.000 FCFA le Smartphone de base) alimentent la fracture numérique du pays. Quant à la Téléphonie mobile, 95% des habitants âgés de 15 ans et plus sont équipés en mobile et 37% d’entre eux possèdent plus d’une ligne. Outre les appels et les messages courts, l’usage du téléphone mobile se limite aux transferts de crédit, au bipage alors qu’ailleurs en Afrique, il sert à se connecter à l’Internet, à la banque, aux centres d’appels externalisés, au transfert d’argent, au visa en PDF, à l’enseignement par internet, à la communication par la voix via Internet, au commerce par Internet. Et bientôt, à la connexion sans fil à courte distance. Ce marché se développe très vite avec 330.000 abonnés en 2003 contre 4,6 millions en 2013, soit des taux de pénétration du marché respectivement de 70% et 106,8%. Le chiffre d’affaires total des opérateurs est de 206,3 milliards de FCFA en 2010 contre 275,5 milliards de FCFA en 2013, alors que l’offre ne comprend que deux services : la Voix (appels) et le SMS (Messages courts). Le trafic des appels émis est passé de 2,19 milliards minutes en 2010 contre 2,67 milliards de minutes en 2013. Le trafic on-net (extra-réseau) est en baisse en passant de 74% en 2010 à 56,50% en 2013. Dans le même temps, le trafic off-net (inter-réseau) a presque doublé en passant de 16% à 31,2% ; alors que le trafic international sortant est en faible évolution, en passant de 10% à 12,3%. Quant aux appels reçus, ils ont plus que doublé en passant de 4,86 milliards de minutes en 2010 à 9,72 milliards de minutes en 2013. Durant cette période, le trafic national entrant est passé de 70% à 86% ; alors que le trafic international entrant a presque été divisé par deux, en passant de 30% à 14%. Le trafic des SMS envoyés par les abonnés d’un opérateur est passé de 2,13 milliards de SMS en 2010 à 2,62 milliards en 2013. Dans le même temps, le trafic on-net des SMS est en hausse en passant de 84% à 98%, le trafic off-net des SMS a fortement chuté, en passant de 11% à 1% tout comme le trafic international des SMS qui est passé de 5% à 1%. Quant au trafic des SMS reçus par les abonnés d’un opérateur, il a fortement progressé, en passant de 24,4 millions de SMS en 2010 à 38,70 millions de SMS en 2013. Quatre opérateurs se partagent inégalement ce marché : MTN Congo qui occupait 35 % du marché en 2005 contre 37,85% en 2013, connaît une baisse de son chiffre d’affaires. Celui-ci est en effet passé de 53,06% du chiffre d’affaires total des opérateurs en 2010 à 46,70% en 2013. Airtel Congo occupe 41,14% de la part du marché en 2010 contre 32,40% en 2013. Son chiffre d’affaires a également baissé, passant de 41,07% en 2010 à 35,61% en 2013. Warid Télécom a plus que doublé sa part de marché avec 11,05% en 2010 contre 23,82% en 2013. Son chiffre d’affaires a presque triplé en passant de 5,86% à 14,25%. Azur, arrivé sur le marché en 2010 avec 0,10% de la part du marché contre 5,92% en 2013, a vu son chiffre d’affaires passé de 0,01% en 2010 à 3,44% en 2013. Ce marché fonctionne avec 99,4% d’abonnés prépayés contre 0,6% d’abonnés post payés. Les opérateurs pratiquant les prix les plus bas et assurant un service de qualité, améliorent leur part de marché et leur chiffre d’affaires. Dans ce sens, l’Autorité de Régulation des TIC du Congo a condamné, en avril 2014, MTN Congo à 1,3 milliard de F CFA et Airtel Congo à 970 millions de FCFA pour préjudice causé aux abonnés par la dégradation de leurs réseaux et services. Ainsi, sur le marché des TIC du Congo, les prix bas structurent un modèle d’affaires moins risqué pour l’opérateur. Avec l’arrivée de la fibre optique, le défi de ce modèle sera de maintenir ces économies d’échelle. L’État pourra alors jouer son rôle de régulateur du marché, en fixant un prix universel du bouquet de services des TIC et un tarif incitatif pour l’équipement téléphonique et informatique.
Emmanuel Okamba, Maître de Conférences HDR, Sciences de Gestion Edition:Édition Quotidienne (DB) |