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Le destin des statuesSamedi 7 Mars 2015 - 13:06 À chaque peuple son histoire, à chaque nation ses héros, telle a toujours été la réalité à travers les âges. Vouloir effacer tout ou partie de l'histoire d'un peuple est un crime innommable. C'est pour cela que des réactions venues du monde entier ont condamné à l'unanimité la guerre contre la mémoire universelle menée par les djihadistes de l'Etat islamique, lorsqu'ils s'en sont pris brutalement, courant le mois de février, au patrimoine du musée de Mossoul en Irak. Il y a une quinzaine d’années, les Talibans, alors au pouvoir en Afghanistan, firent preuve d’un totalitarisme de la même nature, en détruisant à l’explosif des monuments du bouddha vénérés pour leur historicité. C’était quelques mois avant que n’arrivent pour les traquer et les chasser de la capitale Kaboul, les forces de la coalition formée par les Etats-Unis d’Amérique après les attentats du 11 septembre 2001. Ce qui restait de ces monuments défigurés a sans doute connu, depuis, un peu de tranquillité. Si les uns et les autres ne le savent pas ou feignent de l’ignorer, le fait notable est que les peuples du monde ont en commun cette terre qui les héberge et les nourrit, mais aussi et désormais, presque, un même patrimoine mémoriel en partage. Regardez comment l’industrie du tourisme prospère et crée de l’emploi dans les pays qui ont su en assurer une sérieuse promotion. État du pacifique, le Fidji tire d’énormes bénéfices du tourisme, sa première source de revenus. La liste des sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco est longue. À l’évidence, mettre ses malheurs sur le compte des Monuments de Nubie d’Abou Simbel à Philae en Egypte, par exemple, des Sites des hominidés fossiles d’Afrique du Sud, de la Kalâa des Beni Hammad en Algérie, du Monastère de Maulbronn en Allemagne, du Trinational de la Sangha (Congo, Centrafrique, Cameroun), de la Statue de la liberté aux États-Unis, du Palais et parc de Versailles en France, des Monuments historiques de Novgorog en Russie, de Venise et sa lagune, en Italie, ne contribuera en rien à la quête du bien-être auquel aspirent tous les peuples. Au contraire, cela appauvrirait les rapports de l’homme à son environnement. Il est vrai, par contre, que les statues et autres monuments dits historiques vivent très souvent le cauchemar de cette terre des hommes soumise à des luttes fratricides pour le pouvoir, à la domination des plus forts par les plus faibles. Ce fut le cas, rapportent les historiens, lorsque démarra à une époque encore toute récente, la campagne coloniale dans plusieurs pays, surtout africains, placés sous ce joug. Des sanctuaires vénérés furent détruits, leurs protecteurs passés par pertes et profits, au motif qu’ils étaient tournés vers un passé qu’il fallait à tout jamais bannir. Les peuples de ces territoires ont perdu des repères et peinent à se relever de ces exactions. On pourrait aussi se rappeler ces images d'une ville de Bagdad en furie, en avril 2003. L'entrée triomphale des troupes américaines dans la capitale irakienne sonna le glas du régime baasiste de Saddam Hussein symbolisé par cette corde tirant pour la démolir, la gigantesque statue de celui qui était jusque-là le chef incontesté d'Irak. Au fond, qu'elles soient excutées pour la bonne ou la mauvaise cause, les destructions d'oeuvres mémorielles laissent interrogatif. Gankama N'Siah Edition:Édition Quotidienne (DB) |