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Le dernier Isaac

Samedi 24 Août 2024 - 18:54

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En une centaine de pages, Daniel Isaac Itoua, attaché à ses racines et à son Congo natal, livre au lecteur ses spéculations éclairées par les bruissements de la forêt de chez lui, à Tsakosso. "Yeux d’escargot" est son dernier ouvrage paru aux Editions Alliance Koongo. L’anthropologue, ayant consacré une bonne partie de sa vie à fréquenter les salles de classe en tant qu’enseignant, signe ainsi son neuvième ouvrage privilégiant une thématique qui lui va bien : donner du sens à la culture ancestrale.

Que trouve-t-on dans" Yeux d’escargot" ? Un peu de tout pourrait-on dire. Mais ne vous attendez pas à tout comprendre de ce qu’Itoua décrit si vous ne prenez pas assez de temps pour le suivre pas à pas. Exactement comme la bestiole qui tient lieu de principale héroïne, ou de principal héros de cette longue marche vers les cimes de la connaissance. Il faut ouvrir large les yeux pour mieux voir, tendre suffisamment l’oreille pour écouter le bruit des feuilles vertes prises au vent, et les mortes tapissées qu’arpentent les peuples de forêts.

« Je vais vous parler d’un escargot différent de ces escargots que vous avez peut-être déjà rencontrés ou que vous allez rencontrer dans votre vie - l’escargot de ma contrée natale - la forêt de Tsakosso », avertit Isaac dans l’avant-propos de son livre dont deux autres amoureux de belles lettres ont signé la préface et la postface, densifiant pour le coup les réflexions de l’auteur. Il y a, pourrait-on dire, de l’originalité dans la nouvelle œuvre de l’auteur de « Géographie du pouvoir au Congo : des chefs traditionnels aux présidents de la République », sortie en 2021.

Comme toutes choses trouvées sur terre, les odes composant "Yeux d’escargot" ne sont pas de même taille. Il y en a qui tiennent en douze mots : « arrogance des Dieux vaniteux n’ayant de compte à rendre au peuple », délibère Isaac à la page 59, dans « Et Dieux V » ; d’autres bien plus longues exposent dans un langage fort nuancé des leçons de vie auxquelles tous les hommes, quelle que soit la position qu’ils occupent au sein de la société, peuvent se référer pour une autocritique enrichissante : « Escargot, parle-moi de Dieu, ses hommes et de tous ceux qui nous gouvernent », page 81.

Même si ces narrations n’occupent pas le même espace dans le livre, chacune porte un message propre qu’il convient de juxtaposer ensuite pour retrouver l’harmonie de tout l’ensemble. On peut le noter, en fin observateur de la société, Daniel Isaac Itoua l’interroge sans cesse. A chaque fois, le même réflexe : prendre son écritoire, de jour et de nuit, coucher sur du papier le mot le plus puissant, l’argument le plus fort, le regard le plus attentif sur ce dont est constituée la nature de l’homme, son commerce avec ses semblables et son environnement naturel.

Le tout, bien sûr, sous le regard du soleil luisant, de la nuit noire enveloppante, du clair de lune distrayant, en écoutant parler la forêt et chanter les rivières. Le dernier ouvrage d’Isaac est entraînant !

Gankama N'Siah

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