Lire ou relire : « L’étranger » d’Albert Camus

« Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile : "Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués". Cela ne veut rien dire. C’était peut-être hier ». Ces mots froids du narrateur représentent l’incipit du roman. Le début montre déjà l’absurdité qui caractérise ce chef d’œuvre d’Albert Camus, influencé par le désenchantement causé par les deux guerres mondiales.  

L’étranger est un roman qui relate la fin d’une vie, celle de Meursault, narrateur omniprésent et héros insensible du récit. L’intrigue se déroule à Alger. Camus peint avec beaucoup de subtilité son faux héros qui manifeste une indifférence devant la disparition de sa mère. L’indifférence de Meursault est aussi visible dans la description de sa vie sentimentale, même étrangement face à sa condamnation à mort suite à un homicide commis au cours d’une bagarre. Au-delà de cette sombre facette de ce personnage, il est présenté sous d’autres scènes comme un homme sociable, laborieux et vrai. 

En dehors de l’absurde, ce roman traite implicitement de plusieurs thématiques comme la justice et la morale, la violence et le crime, l’amour et l’amitié, le chagrin et la mort. Ces binômes mettent en évidence une plume majeure qui combine avec dextérité les fresques sociales et la mentalité d’une époque, celle de l’auteur.

Prix Nobel de littérature en 1957, Albert Camus est mort en 1960, laissant derrière lui un compteur bibliographique garni de titres de renom comme « La Peste » (1947), « Les Justes » (1949), « Discours de Suède » (1958).