Opinion

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Malaise

Mardi 13 Janvier 2015 - 10:28

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Revenons quelques instants sur la grande marche pour la liberté et contre le terrorisme qui a marqué l’Histoire de la France dimanche, à Paris. Pour dire ceci que, bien évidemment, aucun commentateur n’a jugé bon de relever: à savoir que le très petit nombre d’hommes d’État venus de notre continent, l’Afrique, pour prendre part au deuil national témoigne d’un profond malaise.

Certes un Africain, le Président du Niger, marchait à la droite de François Hollande, mais cinq seulement de ses pairs figuraient dans le groupe de Chefs d’État  qui l’entourait. Six au total donc pour un continent qui compte cinquante-sept pays, dont dix-sept entretiennent des relations dites « privilégiées » avec la France puisqu’ils ont vécu la même Histoire, parlent la même langue, partagent la même culture, usent indirectement de la même monnaie, défendent les mêmes valeurs, bref sont en principe les plus proches du peuple français.

Nous ne cessons ici même, depuis des années, d’écrire que la France, en prétendant toujours donner des leçons de morale politique et de bonne gouvernance à ses anciennes colonies, scie consciencieusement la branche sur laquelle elle est assise. Eh bien nous en avons eu dimanche, à Paris même, la démonstration lorsque l’Afrique dans son ensemble et l’Afrique francophone tout particulièrement se sont abstenues de  témoigner à la face du monde leur solidarité avec le peuple français durement éprouvé par les tueries de Charlie Hebdo et de la Porte de Vincennes. Cela alors même que les Africains condamnent unanimement l’atteinte que celles-ci veulent porter à la liberté.

Le fait apparait d’autant plus frappant que partout, sur le continent, l’émotion provoquée par ces drames s’est  exprimée, aussitôt les faits connus, à travers des déclarations officielles, des rencontres entre professionnels de la presse, des moments de silence ému, à travers même parfois des rassemblements et des marches spontanés.  Il devrait être analysé, décrypté par ceux-là mêmes qui, en France,  se posent en moralistes de la chose publique et se croient autorisés à prononcer des discours sur le sujet aussi vides de sens que dangereux pour l’avenir des relations entre l’Afrique et la France. Dans ce domaine, on l’a constaté une nouvelle fois dimanche, il y a urgence.

 

 

Les Dépêches de Brazzaville

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