Négociations de Kampala : les risques d’un atterrissage forcé

Samedi 31 Août 2013 - 18:30

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Considérant comme clos les négociations de paix après neuf mois de pourparlers, le coordonnateur du Mécanisme national de suivi (MNS), François Muamba Tshishimbi, a profité de son premier face-à-face avec la presse, le 31 août, pour réaffirmer la position du gouvernement central de conditionner la présence de sa délégation dans la capitale ougandaise à l’élaboration d’une proposition médiane attendue du facilitateur, en l’absence d’un accord avec le M23.

« À Kampala, nous sommes allés rechercher cette solution politique jusqu’à présent introuvable. Je voudrai de la manière la plus claire et catégorique vous inviter à prendre acte que la RDC fait ce qu’on lui demande, et le fait depuis longtemps mais nous somme le seul à le faire », a-t-il déploré. Selon lui, tout a bien été discuté avec le M23 au cours des neuf mois d'âpres négociations,  et tous les « prétextes avancés directement et indirectement par le mouvement rebelle lui-même ou par ses parrains ont été pris en compte ». Comme il l’a rappelé, la discussion a porté sur trente cinq François Mwambapoints. Après un débat contradictoire opposant la délégation de Kinshasa et le M23 sous la facilitation de la partie ougandaise, il a été constaté que douze points n’ont pas été totalement ou partiellement pris en compte mais, a-t-il fait remarquer, aucun des points ainsi épinglés ne peut justifier la situation dramatique observée dans l’est de la RDC.

François Muamba est revenu aussi sur certains temps forts de ces négociations, notamment le changement intervenu dans la méthodologie. « En décembre et janvier, il y avait le côté tralala ; on va à Kampala, on organise des plénières, etc. Nous y avons mis fin, sur instruction du président de la République. C’était devenu une tribune à partir de laquelle les gens du M23 profitaient pour se mettre en spectacle. Depuis la période qui a suivi Pâques, nous avons demandé et obtenu de la médiation que tout se fasse par écrit ». Aujourd’hui, le gouvernement n’est plus dans une logique de négocier. « La RDC a mis sur la table du facilitateur depuis le 15 avril une proposition d’accord final. Celle-ci respecte notre constitution, ne porte pas atteinte à l’intégrité de notre territoire national et tient compte de notre souveraineté ». Il s’agit des conditions inaliénables, selon lui, pour un atterrissage en douceur d’un processus qui n’a que trop durer.  En effet, depuis le 15 mars, le gouvernement a bien signifié à toutes les parties la fin des négociations, pour éviter l'accumulation des dépenses supplémentaires à cause de la prise en charge des délégués aux pourparlers de Kampala par le gouvernement.   

Pour le MNS qui fonctionne, il faut le rappeler, comme un observatoire, Kampala doit être la dernière étape avant le dépôt des armes par le M23 et son autodissolution. « Nous n’avons pas peur d’aller à Kampala pour leur dire cela ». À ceux qui font pression à l'échelle internationale pour une solution politique, François Muamba leur répond que le processus engagé depuis neuf mois a bien vécu. Pour l’heure, le gouvernement s’en tient toujours aux options militaire, diplomatique et politique. « La Nation congolaise doit savoir qu’il n’y a pas d’agenda caché. Personne ne viendra nous imposer des solutions ». Actuellement, l’effort consenti vise, en premier lieu, à consolider ces différents fronts, en ne privilégiant aucun au détriment de l’autre. Sur le théâtre des opérations militaires, les forces gouvernementales ont réussi à protéger l’intégrité du territoire national, en dehors de Rutshuru qui reste partie intégrante de la RDC, et donc un objectif pour le pays, a-t-il martelé. Cependant, Kampala ne peut demeurer une idée fixe, la solution définitive à la crise peut venir de partout, y compris de New-York. Tout l'enjeu est surtout d'éviter d'ouvrir un front qui viendrait affaiblir le pays ou le distraire. À l'occasion de la seconde évaluation de l'Accord en septembre, le gouvernement présentera les actions menées et leurs effets, et il réaffirmera encore une fois sa détermination à continuer à honorer ses engagements. François Muamba a tenu à insister sur le fait que le succès recolté par le pays est le fruit d'inlassables efforts des différents acteurs nationaux engagés à tous les niveaux dans la recherche de la paix dans le pays.  

Laurent Essolomwa

Légendes et crédits photo : 

François Muamba Tshishimbi, coordonnateur du MNS