Peinture : I’m tempted, une expression bien au-delà des carcans socioculturels

Elle serait un livre, l’exposition « Women without borders » se lirait avec autant de plaisir que l’on a à admirer les vingt-six toiles qui racontent différentes histoires. Chacune des œuvres expression de dames de six pays, dont trois des pays des Grands lacs, à savoir la République démocratique du Congo, l’Ouganda et le Rwanda auxquels s’ajoutent leurs consœurs de la République du Congo, du Kenya et de la Tanzanie pourrait en constituer un chapitre. À un peu moins de deux semaines de la fermeture, il convient d’y faire un tour question d’y lire ce qui reste de cette exposition dont quelques toiles manquent déjà.

Mais, même avec les pages désormais manquantes du livre, au moins trois tableaux ont déjà trouvé preneur, l’histoire en tant que telle reste belle. Elle a pour fil conducteur des récits de femmes qui parlent d’expériences vécues, de désirs et d’aspirations ou encore de faits observés sans aucun tabou et le résultat n’en est que plus fascinant.

De désirs, il en est justement question avec I’m tempted (Je suis tentée) d’Anne Mwiti. La Kenyane aborde le sujet de façon tout à fait personnelle. Il est ici question « des besoins basiques de la femme comme tout être humain », comme le dit le commentaire à propos placé à côté de la peinture. En effet, les ombres de deux personnes qui s’embrassent peuvent paraître tel un refus de s’enfermer dans les carcans socioculturels africains où « la femme traditionnelle est socialisée pour garder ses besoins et pour se cacher derrière une façade d’émotion qu’elle ne peut pas exprimer afin ne pas être jugée ». Cette peinture fait tout le contraire mettant en dévoilant une scène d’amour qui pourrait se traduire par le besoin d’assumer ses sentiments et oser les exprimer aux yeux de tous. Un aveu qui s’exprimerait de la sorte : « Il m’arrive d’aimer, d’être tentée de donner tout, sans peur, comme n’importe qui ». Sans conteste, « Je suis tentée » est à percevoir telle « une affirmation », le commentaire le confirme. Mais encore, en soulignant que la toile est interprétée comme l’expression d’« une pensée qui est restée trop longtemps enterrée et qui resurgit aujourd’hui dans sa voix » cela ne laisse aucun doute quand au fait qu’il constitue là un acte d’affranchissement. Chose que d’ailleurs la conclusion réaffirme : « Elle est enfin libre de choisir et d’aimer ».