Petites escapades à Brazzaville : ambiance Beach

Vendredi 10 Février 2023 - 11:57

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La proximité des capitales des deux Congo, fait unique au monde, donne lieu à des interactions presque gémellaires, à peu de choses près. Qui dit Brazza dit Kin, sauf quand on se revendique du 242 ou du 243, les jumeaux ont aussi droit à leur unicité. Alors, le port autonome de Brazzaville, communément appelé “ Beach”, est un endroit à l'atmosphère unique où il fût possible à son âge d'or de tâter du doigt le potentiel des deux Congo, capables dans une véritable harmonie et un leadership vertueux, de donner le ton au rythme de l'Afrique et du monde.

Il y a bien des années, car oui, nous en sommes à la regretter, cette époque où le Beach de Brazzaville était une fête constante et intarissable dont l'ambiance tutoyait celle du marché Total de Bacongo et l'envoyait aux petites commissions. Le Beach de Brazzaville, c'était une expérience. Entière, multisensorielle et même dangereuse. Quand les bateaux acostaient, le feu était donné. Entre le port ATC aménagé pour les marchandises, les bureaux de la douane et l'arrivée des passagers, en gros ça ne ressemblait à rien et on aimait ça.

Le niveau de décibels au Beach, il fallait le vivre pour le croire. Les porteurs joyeux, stressés ou mal intentionnés qui accompagnaient les personnes vivant avec handicap dans les démarches de dédouanement de leurs marchandises avaient une hauteur de voix qui n'avait d'égal que le tumulte des lieux. Les bagarres ne manquaient pas, elles étaient même monnaie courante. Entre les agents de l'État en quête de fraudes ou de gros coups à conclure la journée de façon satisfaisante et les usagers en quête d'assoupplissement des coûts de dédouanement ou de rapidité de traitement des dossiers pour que les marchandises ne disparaissent ni ne subissent de dommage dans ce lieu incertain, les contentieux pouvaient, en effet, vite donner lieu à des échauffourées avant qu'un médiateur modéré et touché par le Saint-Esprit n'intervienne dans ce chaos ambiant.

Le Beach, c'était quelque chose. Mais quel tableau réellement interrogateur que celui des personnes « handicapées » qui franchissaient le portail du Beach sur leurs vélos, alors véritables montures, chargées de marchandises : pains de savons, sucre, allumettes en paquets destinées au commerce en détail, sur les tables des quartiers et qui suffisaient à prendre soin des familles entières, envoyer les enfants à l'école et envoyer la nouvelle à Kin que Brazza ! ça se tente.

Depuis, des lois sont passées et la voie navigable a subi une forte récession d'activité due en partie à l'état des bateaux qui plus qu'une révision avaient besoin de prendre leur retraite et de rejoindre le repos éternel. La vie du Beach en a pati et c'est peu à peu que les choses repartent, que les hommes reviennent et la vie avec eux.

Même si le marché Total reste le leader de l'ambiance de Brazzaville, on ira toujours au Beach pour voir ce fleuve, éternel, et ces flux gémellaires entre Brazzaville et Kinshasa.

Princilia Pérès

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