RDC – Sénégal : les relations se refroidissent à nouveau

Samedi 12 Décembre 2015 - 16:30

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Des leaders de l’opposition congolaise et de la société civile ont choisi Dakar pour se réunir du 12 au 15 décembre et discuter des moyens d’obtenir le respect de la Constitution et l’alternance en 2016.

La ville de Dakar accueille depuis le 11 décembre quelques ténors de l‘opposition congolaise et de la société civile. Ils sont près d’une quarantaine à avoir effectué le déplacement de la capitale sénégalaise censée abriter un atelier de formation sur les processus électoraux en Afrique. Parmi les têtes couronnées de l‘opposition congolaise attendues à Dakar, l’on cite entre autres, Félix Tshisekedi, Samy Badibanga, Vital Karmerhe, Eve Bazaiba, Martin Fayulu, Olivier Kamitatu.  Financé par l’ONG allemande Konrad Adenauer et sud africaine Brenthurst sur une initiative des mouvements citoyens Filimbi et Lucha, le forum de Dakar fait la part belle à l’opposition et à la société civile congolaise. Aucun membre du gouvernement de la RDC n’y a été invité. « Seules les personnes favorables à la démocratie et au respect des échéances électorales étaient invitées », a confié un des organisateurs.

Cette rencontre censée se tenir du 12 au 15 décembre sur l’île de Gorée au large de Dakar n’est pas du goût des autorités congolaises qui y voient l’ombre d’une messe noire contre les institutions du pays. Quand bien même les organisateurs ont tenu à lui imprimer le sceau de la discrétion, les échos ont fuité jusqu’à atteindre les autorités du pays. A Kinshasa, on ne se gêne pas d’exprimer une sainte colère face à ce qui apparaît comme une traitrise de la part des autorités sénégalaises. Premier à hausser le ton, le conseiller diplomatique du chef de l’État, Barbané Kikaya Bin Karubi, cité par Jeune Afrique. Il n’est pas allé par le dos de la cuillère. « Nous sommes choqués que le Sénégal, pays frère et ami, accueille une réunion où l’on planifie des manifestations de rue au Congo. Nous réfléchissons à une protestation officielle », a-t-il déclaré.

Plus tranchant, le porte-parole du gouvernement Lambert Mende Omalanga ne s’est pas non plus fait prier pour charger le gouvernement sénégalais : « Il y a quelques mois, nous avons reçu un groupe de jeunes gens venus de ce pays pour apprendre à nos compatriotes comment faire des cocktails molotov et résister à la police (…). Il y a eu une intervention sénégalaise pour qu’ils soient libérés, ce que nous avons accepté par amitié. Et voici que les mêmes personnes se réunissent dans ce pays sans que le gouvernement ne nous informe. Qui peut entrer au Sénégal sans que le gouvernement soit au courant ? ». Pour les organisateurs, il n’y a pas lieu d’en vouloir au gouvernement sénégalais qui n‘y est pour rien dans cette affaire. « Il n’avait pas à donner son autorisation. D’ailleurs, ce pays a supprimé le visa payant à l’entrée en mai dernier », entend-on dire.

Le gouvernement redoute que ce forum ait pour finalité de réfléchir et d’arrêter des stratégies pour mener à bien des actions insurrectionnelles projetées pour janvier-février 2016. Et d’ailleurs, la présence à Dakar du secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale indépendante (Cénco), l’abbé Léonard Santedi, inquiète pour autant que l’Église catholique ait lancé un appel à la désobéissance civile sur pied de l’article 64 de la Constitution. Du côté du gouvernement sénégalais, aucune réaction officielle n’est encore enregistrée.

Rappelons que Dakar et Kinshasa ne sont pas à leur première rixe du genre. Ce nouvel épisode rappelle les incidents qui avaient émaillé le lancement du mouvement citoyen « Filimbi » le 15 mars dernier à Kinshasa. Les militants sénégalais de « Y’en a marre » et burkinabés du Balai citoyen avaient été arrêtés avant d’être expulsés à la suite de la pression exercée sur les autorités congolaises par le gouvernement sénégalais.     

Alain Diasso

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