« Retour au Mbongui » : le conte unit le Congo et l’Algérie à Pointe-NoireMardi 3 Juin 2014 - 16:15 L’une des grandes attractions de la 14e édition du festival de l’oralité « Retour au Mbongui » organisé par la compagnie de conte Africa Graffitis, qui a lieu à Pointe-Noire du 25 mai au 5 juin, est la communion réussie entre Jorus Mabiala, conteur congolais évoluant en France, et Mahi Seddik, conteur algérien, originaire de la ville de Sidi Bel Abbès, qui écume les salles du monde depuis près de quinze ans en contant à la manière des Ghoual, sorte d'anciens troubadours en Algérie "Les Nuits du conte en Afrique" est le nom du spectacle écrit et conçu par les deux conteurs pour célébrer la parole vagabonde et magnifier la magie de l’oralité comme au bon vieux temps au Mbongui, à l’ombre du grand baobab en Afrique subsahérienne ou autour du thé à la menthe ou d’un plat de couscous servi chaud, en Afrique du Nord. Ce spectacle témoigne l’immensité du patrimoine culturel africain qui, en réalité, n’a pas de limite du Nord au Sud, d’Est en Ouest. Unis par la langue française mais aussi par l’envie de partager les émotions, à travers un récit, un rire, une épopée, Mahi et Jorus, les deux conteurs à travers une démarche positive qui consiste à aller vers l’autre, échanger pour créer des synergies évolutives tendant vers le patrimoine oral mondial et universel, transportent par ce spectacle l’auditoire dans cette Afrique aux mille facettes mais unie dans sa diversité. Mahi restitue les récits et contes tirés de la bouche de sa mère tandis que Jorus Mabiala conte à la manière de son père, son initiateur. Pour Mahi Seddik, le conte est un patrimoine qu’il faut préserver afin qu’elle ne se perde pas dans la poubelle de l’oubli d’où la publication des trois ouvrages de contes bilingues français-arabe paru aux Editions l’Harmattan : Prière de lune ; L’homme qui regardait la nuit, le miroir de l’eau, ceci, dans un relent de perpétuer les contes populaires algériens. Mahi Seddik croit à cette culture de l’universalité où les frontières érigées par la colonisation ne sont que symboliques tant nos liens culturels sont étroits. « Plusieurs projets ont échoué par le passé à cause des préjugés et des idées fausses véhiculés ici et là sur tel ou tel pays, ou sur telle ou telle autre culture. Moi en m’engageant sur un projet dans un pays je fais fi de tout ce qui se dit autour et je vais découvrir tout sur place. C’est une démarche positive qui fait tomber toutes les pesanteurs subjectives, facteurs de blocage », a ajouté Mahi. Le projet « Les Nuits du conte en Afrique » est soutenu par le Collectif de bibliothécaires et intervenants en Action culturelle (COBIAC), la Région PACA, l’association Omnibus, le Petit lecteur. Les villes d’Alger en Algérie et Marseille en France ont déjà accueilli le projet en attendant la région PACA, celle de Kasserine en Tunisie, Tanger et Tétouan au Maroc, et Beyrouth au Liban, pour une tournée intercontinentale. Dans les pays visités, Mahi anime également des ateliers dédiés au conte. Le métissage culturel prôné par l’Algérien Mahi Seddik et Jorus Mabiala, le Congolais vient appuyer la célébration du 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre l’Algérie et la République du Congo (1964-2014). « L’Algérie et le Congo œuvrent perpétuellement au renforcement des relations de coopération dans le but de les hisser au niveau des liens politiques et toujours au bénéfice mutuel de nos deux peuples », a déclaré Abdelouahab Osmane, ambassadeur d’Algérie en République du Congo, dans une déclaration rendue publique dans la presse locale. Le 5 juin, le Festival de l’oralité « Retour au Mbongui » se clôturera. Auparavant, le public assistera au spectacle « M. Ibara » de Nestor Mabiala, au papotage sur le bilan du conte au Congo et au spectacle « La vie ne nous porte que de belles choses » de Kayro et Jorus, suivi de l’apéro conte. La conteuse Sylvie Vieville de France, le conteur et marionnettiste congolais Ulrich Ntoyo, évoluant à Rouen en Normandie (France), le conteur congolais Kayro résidant à Marseille, et Nestor Mabiala, Ongali Lembili, les conteurs locaux, le griot Kaly Djatou ... sont entre autres les artistes qui ont agrémenté les différentes scènes pendant le festival qui s'est tenu à l’Inspection sectorielle de la jeunesse, au Centre Jean Baptiste Tati Loutard, à l’Institut français du Congo et dans plusieurs lieux récréatifs de la ville océane. Hervé Brice Mampouya Légendes et crédits photo :photo 1 : Les conteurs Mahi Seddik et Jorus Mabiala
photo 2 : Mahi, Kayro, Djatou, Nestor, Jorus à Côte matève
Crédit photos "Adiac" |