![]() Riposte à la covid-19 : les Kinois boudent le couvre-feuJeudi 17 Décembre 2020 - 16:02 Tel un couperet, la nouvelle de l’instauration du couvre-feu à partir de ce 18 décembre sur l’ensemble du territoire national, dans le cadre de la riposte à la deuxième vague de la covid-19, aura baissé d’un cran l’enthousiasme de nombreux kinois qui s’interrogent, déjà, sur la portée de cette mesure sanitaire. Dans une ville où le coronavirus tient encore d’un mythe et où l’incrédulité des habitants se corse davantage quant à l’existence réelle de la pandémie, l’annonce du couvre-feu est perçue, d’ores et déjà, comme une provocation. Les Kinois qui pensaient avoir tourné définitivement la page de la covid-19 après la baisse considérable des cas contaminés, selon les dernières statistiques du comité multisectoriel chargé de la riposte, sont donc astreints à subir les effets pervers d’une deuxième vague présentée comme impitoyable. Toutefois, nonobstant les appels à la vigilance des autorités sanitaires au regard du relâchement constaté dans le respect des gestes barrières, de nombreux Kinois continuent à se comporter comme si de rien n’était. Progressivement, la vie à Kinshasa semblait reprendre son cours normal avec la reprise des cultes, des concerts nocturnes et des organisations festives, jusqu’au 15 décembre qui a vu le chef de l’Etat prendre une série des mesures coercitives visant à protéger la santé de la population. Ce vendredi 18 décembre, à partir de 21 heures, tous les Kinois sont supposés être chez eux, cloitrés dans leurs domiciles, pendant que les patrouilles de la police vont sillonner les rues et les avenues. Le couvre-feu sanitaire ainsi décrété va considérablement réduire la liberté de mouvement des noctambules obligés, bien malgré eux, en cette période de fin d’année, de rester à la maison jusqu’à 5 heures du matin. Un rétropédalage ! On est, comme qui dirait, revenu à la case de départ : plus de veillées de prière ni mortuaires, plus de concerts nocturnes, plus de soirées festives, plus d’hommages aux disparus selon les us et traditions, plus de mariages tapageurs, etc. Une bonne décision certes, mais dont l’application risque de se buter à certaines contraintes sociales dans une mégalopole aussi cosmopolite que Kinshasa où les infrastructures de base font cruellement défaut. Tel est le cas des difficultés endémiques du transport en commun exacerbées par un charroi déficitaire, des routes défoncées et impraticables sur certains tronçons, des sauts-de-mouton inachevés, et un trafic routier intense toujours difficile à gérer. Cerise sur le gâteau ; des embouteillages monstres sur les principales artères dus à l’absence de feux de signalisation et à la mauvaise conduite des automobilistes peu enclins au respect du code de la route. De ce fait, de nombreux Kinois risquent de ne pas être en phase avec le couvre-feu pouvant les surprendre, à tout moment, en cours de chemin. Dans une ville où les gens vont, chaque matin, dans un sens pour aller au centre-ville et empruntent la même trajectoire le soir pour regagner leurs domiciles, le risque d’assister à des tumultes sur les grandes artères de Kinshasa est prévisible. Dans ces conditions, aucune priorité ne sera garantie. Le respect des bandes ne sera forcément pas au rendez-vous. Les agents commis à la régulation du trafic routier, eux-mêmes déjà suspectés d’être à la base des embouteillages, y trouveront sans doute une aubaine pour rançonner des esprits malléables. Et que dire alors des policiers patrouilleurs toujours prêts à racketter des paisibles citoyens qui, aujourd’hui, sont officiellement autorisés à faire respecter la mesure ? En tout cas, pour de nombreux Kinois, ce re-confinement forcé aurait été pris à la va-vite, sans mesurer son impact social sur la vie des citoyens. Au-delà des appréhensions ainsi relevées, d’aucuns relèvent également l’impact néfaste que cela pourrait avoir sur le marché des biens et services ainsi que sur les finances publiques. D’où, la nécessité pour les autorités provinciales d’envisager des mesures dérogatoires adaptées afin de donner aux Kinois les assurances de passer convenablement les festivités de Nouvel an.
Alain Diasso Notification:Non |