Saison de pluies : des désœuvrés tirent profit des inondations

Lundi 4 Novembre 2019 - 13:00

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Lors du déferlement des eaux de pluies diluviennes dans des quartiers de Pointe-Noire et Brazzaville, certains jeunes organisent des traversées par brouettes, pousse-pousse, pirogues ou en portant les passants au dos. Les prix de "la course" varient entre 50 et 200 FCFA, selon que l’on soit dans l'une des deux villes. Cela dit, plus il y a inondation, plus ils gagnent en recettes.

Pour le commun des mortels, les inondations en saison de pluies sont à juste titre une mauvaise nouvelle du fait des dégâts matériels et parfois humains qui en découlent. Paradoxalement, elles constituent pour certains jeunes désœuvrés de plusieurs localités du pays, notamment Pointe-Noire et Brazzaville, une occasion ou jamais de se faire des poches. « Quand il pleut, nous prenons d’assaut les ponts débordés par les eaux ou simplement des zones inondées pour faire traverser les piétons d’un point à un autre par des brouettes ou des pousse-pousse dans lesquels nous mettons des chaises pour que les passagers s’assayent. Ceux qui n’ont pas ce matériel mettent les passants au dos. Et le montant à payer varie entre 200 et 300 FCFA par personne », a expliqué Christ Nguimbi, un jeune désœuvré qui dit trouver son compte grâce à cette corvée dans la ville océane. « Car lorsqu’il pleut, je ne peux pas manquer cent francs », assure-t-il.

C’est effectivement à Pointe-Noire que ce phénomène a une grande ampleur puisque la plupart des quartiers sont séparés les uns des autres par des rivières. Les quartiers Mbota et Foucks, dans le troisième arrondissement Tié-Tié, battent le record des traversées en période d’inondation. Seulement, les jeunes désœuvrés qui pataugent dans les eaux contaminées pour se faire de l’argent n’ont visiblement pas conscience des maladies y relatives : typhoïde, choléra, hépatite A et E, entre autres, dont le coût de traitement dépasse de très loin les recettes qu’ils ont par pluie. Encore qu’il ne pleut pas tous les jours. Ces maladies posent, d’ailleurs, de sérieux problèmes de santé publique dont la prise en charge coûte cher à l’Etat.

A Brazzaville, dans les zones inondées, le travail se fait autrement. Quand les petits ruisseaux sortent de leur lit, les ponts sont noyés. Certains jeunes érigent alors des barricades en exigeant aux passants de payer avant de traverser. « Nous prenons le temps d’aménager pour faciliter le ruissellement des eaux », a indiqué Yannick Oba, un tenant de l’un des ponts reliant Talangaï à Ouenzé, respectivement sixième et cinquième arrondissements de Brazzaville. L’argent récolté, a-t-il poursuivi, permet d’acheter les sacs remplis de sable pour endiguer les eaux.

Par ailleurs, sur le pont « Lolo » à Mikalou, dans le sixième arrondissement de la capitale, qu’il pleuve ou pas, les passants paient 50 ou 100 FCFA. En cas d’inondation, la traversée se fait uniquement par pirogue. La réalité est la même à l’arrêt pirogue sur la route Nkombo-Moukondo, dans le quartier Kahunga.

En clair, là où les pouvoirs publics ne jouent pas pleinement leur rôle, les désœuvrés prennent des initiatives en bien ou en mal.   

 

 

Rominique Makaya

Légendes et crédits photo : 

1-Traversée par pousse-pousse entre les quartiers Foukcs et Mbota, à Pointe-Noire 2 : Deux élèves portés au dos de leur domicile à l'école, au quartier Mouyondzi

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