Santé : les femmes informées sur la ménopauseMardi 1 Avril 2014 - 18:04 Les six communications de quatre experts, dont trois gynécologues, à l’assistance à majorité féminine réunie à l’Institut national pilote des sciences de santé (INPSS) le 29 mars, a indubitablement prouvé la pertinence du sujet conforté par des témoignages spontanés forts appréciés. La journée d’information sur la ménopause tenue en clôture du mois de la femme avait eu pour allocution introductive « La ménopause et le cancer ». Le sujet développé par le président national de l’Ordre national des médecins, le Dr Antoine Mbutuku à propos des cancers de la vulve et du vagin, du col, de l’utérus (endomètre), de l’ovaire et mammaire (sein) s’est avéré très instructif. En effet, les femmes ont manifesté une certaine inquiétude, à savoir que le cancer du col de l’utérus, placé à la 2e place des cancers féminins dans le monde est sexuellement transmissible. Causé dans la majorité des cas par une infection par le virus du papillome humain (HPV), il se développe sur une période de cinq à quinze ans ans. Et on apprend l’existence d’un vaccin destiné aux filles dès l’âge de 13 ans, période supposée avant le premier rapport sexuel, à titre préventif, plusieurs ont tenu à s’enquérir de la disponibilité au niveau local pour leur progéniture. Un intérêt similaire a été observé pour le cancer du sein présenté comme plus ou moins facile à diagnostiquer et le plus fréquent. L’absence de grossesse ou une première grossesse après 30 ans, des premières règles précoces, une ménopause tardive survenant après 55 ans évoqués comme facteurs de risque, le Dr a préconisé de procéder à la palpation et à un dépistage par mammographie. Comme pour la pathologie précédente, il a martelé sur la nécessité de la sensibilisation de la population au dépistage dans l’espoir d’une réduction des cas. Réponse à la question essentielle « qu’est-ce que la ménopause ? », le premier exposé du Dr Jean-José Wolomby ne l’a pas tenu pour la fin de la vie mais l’a « symbolisé comme un coucher de soleil ». L’âge moyen de la survenue de ce phénomène inhérent à la vie de la femme correspondant à la fin de sa période reproductive situé entre 45 et 55 ans est ramené à 46, 4 ans chez la Congolaise, selon l’étude de Mme Tozin, gynécologue des Cliniques universitaires de Kinshasa (CUK). La fin des règles étant le signe inéluctable de l’entrée en ménopause, le président national de la Société congolaise de gynécologie et d’obstétrique (Scogo) a insisté qu’il faut a postériori « douze mois consécutifs pour conclure à son installation ». Et de conclure de la sorte : « La ménopause peut être « muette ou troublée » et n’est pas une maladie même si certains signes, (l’inconfort qu’il est susceptible d’entraîner) inquiètent la femme ». Signes apparents La première prise de parole du Pr Justin Mboloko s’est focalisée sur les « signes apparents de la ménopause ». La perturbation la plus importante épinglée par le chef de service de gynécologie de CUK se situe au niveau des manifestations climatériques, matière effleurée par son prédécesseur. Les bouffées de chaleur restent le signe le plus dérangeant au côté notamment des céphalées, troubles de sommeil et de mémoire, baisse de la libido et l’anxiété. Au long terme, il a évoqué la survenue de l’ostéoporose, une tendance au diabète, etc. et, du point de vue neurologique, dans les cas extrêmes, la dégénérescence au niveau des nerfs cause des pertes de mémoire pouvant aller jusqu’à l’Alzheimer.
Quant à la directrice du nursing de la Clinique Ngaliema, Odette Mwamba, elle s’est appesantie sur la « ménopause et prise de poids » quitte à souligner : « comme la puberté, la ménopause est une période propice aux rondeurs ». L’infirmière qui a ici pointé du doigt les modifications hormonales inéluctables a dès lors fait part à ses homologues féminines de quelques attitudes et habitudes alimentaires nouvelles à adopter quitte à s’assurer le contrôle de leur poids. En plus de veiller sur son alimentation, Odette Mwamba a préconisé une pratique sportive quotidienne. Les femmes ont donc ainsi été enjointes à « adopter une bonne hygiène de vie à travers une alimentation saine et équilibrée ainsi qu’une activité physique régulière ». Complémentaires, les dernières communications successives des Dr Wolomby et Mboloko portaient, d’une part, sur les complications de la ménopause et, d’autre part, les remèdes aux désagréments ressentis. Centré sur les « risques cardio-vasculaires », le président national de la Scogo a incriminé le cholestérol comme facteur à risque le plus connu. Et d’ajouter comme facteurs aggravants le tabagisme, l’obésité, la diabète, le sédentarisme et la pilule œstroprogestative de la 4e génération, des causes possibles de l’accident vasculaire cérébral (AVC), la thrombose veineuse ou artérielle, l’anévrisme et l’hypertension artérielle. Et de conclure : « certaines de ces pathologies étant asymptomatiques, il y a nécessité d’un check-up régulier à ajouter au dépistage des cancers du col et du sein ». Le chef de service de gynécologie de CUK a recommandé le traitement hormonal classique de la ménopause au moyen d’estrogènes à associer progressivement à la progestérone, quitte à supprimer les symptômes climatériques et de la sorte améliorer la qualité de la vie. Il a du reste mis en garde contre l’automédication. Organisée par la Technique des soins de la haute école libre africaine (Tshela) et l’Association nationale des infirmiers congolais (Anic) à destination des femmes de plusieurs secteurs, la journée d’information sur la ménopause a réuni plus d’une centaine de femmes. Tenue avec le soutien du ministère de la Santé, la délégation Wallonie-Bruxelles et la participation de la firme Abbot, la réunion a marqué de manière significative la clôture du mois de la femme. En effet, la présidente de l’ASBL Tshela, Rachel Izizaw s’est réjouie de l’intérêt manifestée par les participantes allant jusqu’à livrer sans gêne des témoignages personnels. Du reste, elle a souligné : « La mobilisation des femmes par rapport à ce thème prouve que la ménopause est un problème pour la femme et par-delà un problème de société et de santé publique ». Nioni Masela Légendes et crédits photo :Photo 1 : Une vue partielle de l’assistance à la journée d’information du 29 mars
Photo 2 : Odette Mwamba parlant de la « ménopause et prise de poids »
Photo 3 : Le Dr Jean-José Wolomby lors de son exposé sur les « risques cardio-vasculaires »
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