Santé : l’obésité, la sous-alimentation et le climat menacent l’humanité

Lundi 28 Janvier 2019 - 15:15

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Les trois maux sont les facettes d’une même menace pour la planète et ils doivent être combattus globalement, assurent des spécialistes de l’université d’Auckland (Nouvelle-Zélande), de l’université George-Washington (Etats-Unis) et de l’ONG World obesity federation, dans un rapport rendu public le 28 janvier.

« Sous-alimentation et obésité vont sans doute être considérablement aggravées par le changement climatique », prédisent les experts. Pour eux, les phénomènes climatiques extrêmes, comme les sécheresses, pourraient à la fois priver certaines personnes de nourriture et faire monter le prix des fruits et légumes, ce qui augmenterait la consommation d’aliments industriels.« Il faut prendre conscience de ces connexions », plaide l’une des auteurs du rapport, le Pr Corinna Hawkes, en prônant une réponse globale.

Les problèmes décriés « ont moteurs communs », « de puissants intérêts commerciaux, une réponse politique insuffisante et un manque de mobilisation de la société civile », estiment les spécialistes, soulignant que les multinationales de l’alimentaire doivent être encadrées comme l’ont été celles du tabac. Par conséquent, les solutions doivent aussi être communes, ajoutent les intéressés, réunis en collectif par la prestigieuse revue médicale britannique, The Lancet.

Le texte, au ton engagé, est la suite d’une première étude consacrée au lien entre alimentation et environnement, parue le 17 janvier dans la même revue. Elle préconisait de diviser par deux la consommation mondiale de viande rouge et de sucre et de doubler celle de fruits, légumes et noix.

Le rapport, issu des travaux de quarante-trois experts de quatorze pays, enfonce le clou : « Ces vingt dernières années, obésité, dénutrition et changement climatique ont été considérés séparément et la lenteur des réponses politiques est inacceptable ». « Ces trois phénomènes interagissent : le système alimentaire est non seulement responsable des pandémies d’obésité et de dénutrition, mais génère aussi 25 à 30% des émissions de gaz à effet de serre », assurent les spécialistes, qui pointent en particulier « l’élevage de bétail ».

Les différents maillons d'une même chaîne

Les auteurs de l’étude évoquent une autre interaction et relèvent que les « systèmes de transport dominés par la voiture favorisent un mode de vie sédentaire (avec trop peu d’activités physiques, ndlr) tout en générant de 14 à 25% des émissions de gaz à effet de serre ». Ils notent, par ailleurs, que le système de production alimentaire fondé sur des « multinationales de la nourriture et de la boisson focalisées sur les profits », les politiques agricoles, les modes de transport et l’urbanisation sont les différents maillons d’une même chaîne, qui étrangle l’humanité et la planète.

Pour les spécialistes, la réponse à la menace provoquée par l’obésité, la sous-alimentation et le climat combinerait politiques de santé publique (recommandations en faveur de régimes alimentaires sains, promotion de l’activité physique...) et des politiques budgétaires et fiscales (financement de modes de production durables, taxes pour faire baisser la consommation de viande rouge ou favoriser le transport non-motorisé...). Pour ce faire, ils proposent la création d’une « Convention-cadre sur les systèmes alimentaires », calquée sur la Convention-cadre pour la lutte antitabac.  Ce texte, adopté en 2003 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), vise à réduire la consommation de tabac mais aussi à lutter contre le lobbying de cette industrie pour limiter son influence sur les politiques publiques.

« La nourriture est évidemment différente du tabac, puisqu’elle est indispensable à la vie, mais ce n’est pas le cas des aliments mauvais pour la santé », fait valoir l’un des auteurs, le Pr William H. Dietz. Et d’ajouter : « Les points communs (entre l’industrie de la malbouffe et celle du tabac) sont les dégâts qu’elles provoquent et le comportement des entreprises qui en tirent profit ».

L’OMS estime que quatre cent soixante-deux millions d’adultes souffrent de maigreur alors que 1,9 milliard d’adultes dans le monde sont en surpoids, dont six cent cinquante millions sont obèses. Ce qui est un facteur de risque pour le diabète, les maladies cardio-vasculaires et le cancer.

 

Nestor N'Gampoula

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