Santé mentale : où sont les acteurs de la société civile ?

Vendredi 16 Juillet 2021 - 13:41

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Il n'est pas rare de voir dans l'agglomération de la capitale des personnes malades mentales qui errent ici et là, à la grande insensibilité de la population. Ces personnes dont l'histoire de vie a été assombrie par un évènement peuvent représenter un danger autant pour elles que pour les autres. Une situation qui devrait attirer l'attention des acteurs de la société civile.

Si la situation de maladie mentale est très éprouvante autant pour la personne qui la vit mais aussi pour ses proches; il se trouve qu'à Brazzaville au Congo, l'aspect social de cette maladie est lui aussi très inquiétant.

Des hommes et des femmes, d'un âge mature ou jeunes, se retrouvent à la rue à l'abandon et ne bénéficient d'aucune forme de soins. Bien que le service de psychiatrie du Centre hospitalier et universitaire de Brazzaville(CHU-B) soit fonctionnel, il ne se trouve malheureusement pas en mesure, seul, d'endiguer ce phénomène.  

Capacité d'accueil limitée, manque de ressources humaines et financières sont les liens qui empêchent le CHU-B de réagir efficacement à ce problème. Mais encore la charge qui échoit à cette unique entité spécialisée de soins est de traiter les personnes malades. Le devoir de la consultation médicale au moment où ils commencent à sombrer revient normalement à la leurs familles.

Les familles, face à ces maladies qui sont considérées comme des étranges phénomènes qu'ils relient souvent au domaine du surnaturel, se trouvent souvent désarmées face à l'aspect spectaculaire des manifestations de ce groupe de maladies dites psychiatriques. Elles sont certainement paralysées par les émotions qui remontent face à ce spectacle que leur proche, traversant le voile de la déraison, leur livre.

En plus du côté spectaculaire de ces manifestations, certaines de ces personnes peuvent se montrer vives et violentes. Toute personne qui perd la raison est potentiellement agressive. Sur le fait de l'incertitude, ou de la preuve de cette violence, le choix est parfois de la laisser s'en aller à l'errance.

Certaines familles suivent à la trace  leurs proches, connaissent leurs secteurs d'errance, parfois très spécifiques ; et celles qui le peuvent les emmènent soit à l'hôpital, soit dans les églises. L'origine spirituelle hypothétique est la raison du choix de l'église. L'église n'est pourtant pas à elle seule un centre de soins, et autant les prières peuvent être nécessaires, les soins médicaux le sont également.

Malheureusement dans les cas les plus extrêmes, les chaînes remplacent la blouse de contention médicale. Et dans un contexte où l'on se veut parler de crainte de Dieu et d'amour du prochain, ces traitements sont parfois simplement déshumanisants.

Alors, dans la majorité des cas, on voit ces personnes qui ont un passé, une histoire, des gens qu'ils ont aimés et des gens qui les ont chéris se retrouver dans la rue, condamnés à se nourrir dans les poubelles, quand ils sont dans une zone d'éclaircie mentale, vêtus de haillons qui laissent parfois entrevoir leur pudeur, avec des coiffures qui sont comme le sceau de cet effroyable groupe de maladies. La grandeur d'âme d'une société se voit à comment elle traite ses enfants, ses personnes âgées, mais aussi ses malades, en l'occurrence ses malades mentaux.

 

Princilia Pérès

Légendes et crédits photo : 

La situation de maladie mentale très éprouvante

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