Unesco : vers la réintégration des Etats-Unis

Mardi 13 Juin 2023 - 12:37

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Les Etats-Unis, sous la houlette du président Joe Biden, ont officiellement demandé à réintégrer l'Unesco quittée sous Donald Trump. Une décision visant notamment à contrer l'influence grandissante de la Chine dans l'ordre multilatéral international.

 

Le Département d’Etat vient de proposer un plan pour le retour des Etats-Unis dans l'Unesco. Pour la directrice générale, Audrey Azoulay,  si l’Unesco va bien, elle ira mieux encore avec le retour des Etats-Unis. « C'est un grand jour pour l'Unesco, pour le multilatéralisme », a-t-elle estimé. L'acceptation du retour de Washington se fera après un vote à la majorité des autres Etats, attendu en juillet. L'ambassadeur du Japon à l'Unesco s'est réjoui d'un « développement historique ».

Plus de quarante pays ont soutenu la tenue d'un vote rapide sur le sujet et se sont montrés favorables à la réintégration américaine, y compris la Chine,  dont l’ambassadeur auprès de l’Unesco, Yang Jin, a indiqué qu'elle ne s'y opposerait pas. « La Chine est prête à travailler avec tous les États membres, y compris les États-Unis », a-t-il lancé, malgré les relations houleuses entre Pékin et Washington. Cette décision américaine s'inscrit dans le contexte général de la rivalité croissante entre les deux pays et alors que la Chine souhaite transformer l'ordre multilatéral international mis en place après la Deuxième Guerre mondiale, dont l'Unesco est une émanation. Sous la présidence de Donald Trump, les Etats-Unis avaient annoncé, en octobre 2017, quitter l'Unesco dont ils avaient notamment dénoncé les « partis pris anti-israéliens persistants ».

Ce retrait, accompagné de celui d'Israël, était effectif depuis décembre 2018. En mars, le secrétaire d'Etat, Anthony Blinken, avait toutefois estimé que l'absence américaine permettait à la Chine de peser davantage que les Etats-Unis sur les règles de l'intelligence artificielle (IA), quand l'Unesco a produit une recommandation sur l'éthique de l'IA dès 2021. « Je crois vraiment que nous devrions revenir à l'Unesco, pas pour faire un cadeau à l'Unesco, mais parce que les choses qui se passent à l'Unesco ont de l'importance », avait-il déclaré. L'Unesco « crée des normes importantes. Quand vous êtes absents de cela, vous laissez bien sûr la place à d'autres », a remarqué Audrey Azoulay. Depuis 2011, et l'admission de la Palestine au sein de l'Unesco, les Etats-Unis, dirigés alors par Barack Obama, avaient stoppé tout financement à l'organisation onusienne pour la culture, l'éducation et les sciences, un énorme coup d'arrêt pour celle-ci, alors que les contributions américaines représentaient 22% de son budget.

La dette américaine auprès de l'Unesco, contractée entre 2011 et 2018, est aujourd'hui de 619 millions de dollars, soit davantage que le budget annuel de l'Unesco, évalué à 534 millions de dollars. « L'argent frais américain va faire beaucoup de bien à l'Unesco », a estimé, sous couvert de l'anonymat, un diplomate de cette agence. « Les Etats-Unis ont besoin de renouer une forme de dialogue (...) Le retour des Américains à l'Unesco cristallise plein de tectoniques des plaques qui bougent de partout », a déclaré Annick Cizel, maître de conférence à l'université Paris III. Car l'Unesco est un « carrefour géopolitique » où Washington peut s'entretenir, par exemple, avec la Chine sur des questions environnementales, mais aussi avec le Moyen-Orient « qui échappe de plus en plus aux Américains », a-t-elle énuméré. Les Etats-Unis avaient déjà quitté l'Unesco en 1984, sous Ronald Reagan, invoquant l'inutilité supposée et les débordements budgétaires de cette organisation qu'ils avaient ensuite réintégrée en octobre 2003. Le scénario d'un rejet de la candidature américaine lors du vote de juillet est toutefois considéré à l'Unesco comme peu probable.

Noël Ndong

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