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Union africaine: des symboles pour ne pas oublier Madiba

Dimanche 13 Juillet 2014 - 23:58

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« Une décennie Madiba Nelson Mandela pour la réconciliation en Afrique » : la formule a été trouvée par les chefs d’État de l’Union africaine (UA) lors du sommet qui les réunissait à Malabo, la capitale de Guinée Équatoriale, les 26 et 27 juin. La période considérée court de 2014 à 2024, au terme de laquelle, les dirigeants africains feront peut-être le point sur l’engagement qu’ils ont pris à cette occasion, à savoir : « promouvoir la réconciliation comme moyen d’assurer la paix, la stabilité et le développement en Afrique ; promouvoir les enseignements tirés de l’héritage indélébile laissé par Mandela dans les domaines de la vérité, la réconciliation et la consolidation de la paix ».

Le triptyque paix, réconciliation et développement est plus que d’actualité au regard des foyers de tension observés dans le monde. L’Europe est plongée dans la crise ukrainienne, le Moyen-Orient perturbé par les conflits syrien et israélo-palestinien, l’Afrique subit les effets des violences meurtrières en Somalie, en Centrafrique, au Soudan du Sud, au Nord-Mali et à l’Est de la République démocratique du Congo. Un record pour ce qui est de l’Afrique, le berceau de l’humanité.

En mêlant le nom de Mandela au combat pour la réconciliation en Afrique, les dirigeants de l’UA ont voulu, une fois de plus, rendre hommage à l’icône de la lutte antiapartheid décédée il y a sept mois et qu’ils ne sont pas prêts à oublier. Non seulement son souvenir reste vivace dans toutes les mémoires, mais la dimension morale de l’homme qui vainquit la féroce ségrégation raciale en son  Afrique du Sud natale, sans pratiquer la chasse aux sorcières une fois arrivé au pouvoir, est si immense qu’il faut suffisamment de grandeur d’esprit pour l’imiter.

Au demeurant, on aurait tort de brocarder cette idée noble lancée au sommet de Malabo ou de penser que ceux qui l’ont émise seraient les seuls à pouvoir la mettre en œuvre. Sans doute, en leur qualité de chefs d’État et de gouvernement, leur responsabilité est essentielle. En même temps, il leur faut en face de chacun d’eux, dans les pays qu’ils dirigent, des contre-pouvoirs crédibles. Cette notion de contre-pouvoir ne renvoie pas seulement aux oppositions politiques dont les rapports avec les gouvernants sont souvent exécrables.

Elle concerne aussi les institutions républicaines composant la charpente du pouvoir politique en place, des institutions fortes, en d’autres termes, qui soient capables d’influer sur le cours des choses, d’aider à combattre les antivaleurs souvent à l’origine de tant de dérives décriées. Il leur faut évidemment avoir en face d’eux des oppositions politiques structurées, en mesure de proposer des alternances qui ne soient pas toujours celles de la lutte armée.

C’est ici que l’on peut évoquer le problème des institutions publiques dans plusieurs pays africains. Sont-elles inadaptées aux aspirations des peuples du continent ou se heurtent-elles simplement aux égocentrismes des uns et des autres ? Sur ce point, peut-être, le moment est venu de dialoguer et trouver des couplets manquants aux textes fondamentaux qui régissent les États africains cinquantenaires.

Et si la décennie dédiée à Mandela pouvait servir de fondement à la réalisation de ce rêve commun de quiétude en Afrique ? À l’UA de tenir parole car la mémoire de cet homme célébré à sa mort, le 5 décembre 2013, par le monde entier, non pas comme un Dieu – lui-même n’en demandait pas tant-, mais  comme l’exemple achevé du pardon et de l’oubli de soi ne doit pas être trahie.

 

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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