Voir ou revoir : « Den muso »

Jeudi 7 Novembre 2024 - 21:35

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Il y a 49 ans, précisément en 1975, le cinéaste malien Souleymane Cissé racontait une histoire insolite à travers son long métrage d’environ 1h 28 min intitulé « Den muso ».

Réalisé en bambara, « Den muso » qui se donne à traduire en français par « la jeune fille », met en lumière le drame existentiel d’une jeune fille muette violée par un jeune homme, ancien employé de son père. Enceinte, elle subit le rejet de sa famille et du père de l’enfant qui refuse de le reconnaître.

Par ce film, Souleymane Cissé a voulu passer le mutisme comme le plus déchirant des cris de douleur que peut ressentir l’humain, notamment la femme, face aux injustices et dicta de la société. « J’ai voulu exposer le cas des nombreuses filles-mères rejetées de partout. J’ai voulu mon héroïne muette pour symboliser une évidence : chez nous, les femmes n’ont pas la parole », déclarait le réalisateur du film.

Tellement poignant et dénonciateur des réalités de l’époque au Mali, « Den muso » a reçu un accueil hostile à sa sortie en 1975. En effet, non seulement que le film est interdit par le ministre malien de la Culture mais Souleymane Cissé est arrêté et emprisonné pour avoir accepté une coopération française. Le brûlot restera interdit pendant trois ans et n’obtiendra son visa d’exploitation qu’en 1978.

Aujourd’hui âgé de 84 ans, Souleymane Cissé est le doyen des cinémas africains. Réalisateur, producteur, scénariste mais aussi exploitant, il est devenu en plus de 50 ans de carrière le symbole d’une liberté créatrice, à la fois poétique et politique, qui en fait un héros de l’Afrique et un monument de cinéma à travers le monde.

Outre « Den muso », il est également le réalisateur des œuvres « Baara» (1978) et «Finyè» (1982) sous le régime dictatorial de Moussa Traoré. A cela s’ajoutent « Yeelen», Grand Prix du jury à Cannes, en 1987, et son plus grand succès en France, puis « Waati» en 1995, «Dis-moi qui tu es (Min Yé)» en 2009 et «O Ka» en 2015.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film/DR

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