Interview. Judith Nsonde Malanda: " La plupart des malades de cancer décèdent par manque de prise en charge"

Vendredi 5 Novembre 2021 - 12:05

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Le cancer du sein est le premier cancer qui tue la femme à travers le monde, c’est aussi le premier cancer de la femme dans notre pays. Il vient en deuxième position après celui du col de l’utérus. Au niveau du Programme national de lutte contre le cancer (PNLC), une campagne de sensibilisation dénommée « Tous unis contre le cancer du sein » a été lancé, dans le cadre du mois octobre rose, afin d’informer la population sur la dangerosité de cette pathologie.  Nous avons rencontré la Pre Judith Nsonde Malanda pour en parler. Entretien.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C) : Vous êtes cancérologue et directrice du Programme national de lutte contre le cancer (PNLC), quel est l’état des lieux actuel du cancer du sein et quelles sont les tranches d’âge les plus exposées ?

Judith Nsonde Malanda (J.N.M) : D’après les estimations que nous disposons du Globocon 2020, un site qui établit les statistiques mondiales sur le cancer, il fait état de 450 nouveaux cas du cancer du sein pour la région de Brazzaville y compris le Congo. Et 350 cas pour celui du col de l’utérus. L’âge autour duquel on diagnostique plus les cas de cancer du sein se situe entre 40 et 50 ans. Le cancer du sein est en général hormonodépendant car il se développe en raison du dysfonctionnement interne de l’organisme, notamment des hormones des estrogènes et ostrégetéromes. L’homme n’est exposé à la maladie qu’à1%.

L.D.B.C : Quels sont les facteurs de risques qui exposent au cancer ?

J.N.M : Médicalement, on parle plus des facteurs de risques que des causes. Il y a des facteurs internes liés à l’hérédité, les facteurs externes liés à l’environnement comme la pollution. A cela s’ajoutent notre hygiène de vie, la consommation des aliments pauvres en fibres et les fruits, la consommation de l’alcool et du tabac. Pour une personne issue d’une famille à risques, elle doit se surveiller et s’autocontrôler régulièrement par les dépistages et à la moindre apparition d’un signe, consulter un médecin.

L.D.B.C: La guérison est-elle encore possible quand se répandent les signes de la maladie ?

J.N.M : Une boule au niveau du sein, l’écoulement du sang au niveau des mamelons, un durcissement de la peau, une ulcération des seins, une rétraction du sein, il faut vite consulter un médecin. Au début, la prise en charge est efficace car la maladie est encore locale. Mais lorsqu’il y a une grosse masse au niveau du sein, une adénopathie, un ganglion accéléré ou cervical ou la tumeur a atteint les parois thoraciques, la tumeur est déjà très avancée.

L.D.B.C: Le traitement du cancer est extrêmement cher et cela le rend inaccessible pour de nombreux malades.

J.N.M : En effet, la plupart des malades décèdent par manque de prise en charge. Le but du programme est d’améliorer la prise en charge, du diagnostic au bilan et jusqu’à l’accès aux soins par les chirurgies, la chimiothérapie, les thérapies ciblées, et des médicaments anticancéreux. C’est l’une des missions sur lesquelles nous allons travailler avec l’appui du gouvernement. Il y a déjà le programme Acces Roch depuis 2018 qui assiste les malades. La création du module de radiothérapie de l’hôpital de Nkombo et le Centre de Patra est déjà une bonne nouvelle.

 L.D.B.C: Il se pose surtout un sérieux déficit des structures d’accueil et des spécialistes qui traitent le cancer au Congo.

J.N.M : En tant qu'enseignante à la Faculté des sciences de la santé, il est question de susciter des vocations, et au niveau du PNLC, nous avons un volet formation pour améliorer la prise en charge des malades.

L.D.B.C: La lutte contre le cancer du sein est-elle impactée par l’ère de la covid ?  

J.N.M : L’arrivée de la covid-19 complique le traitement pour les patients. On ne peut combiner la chimiothérapie et le traitement anticovid, cet arrêt fait évoluer la tumeur qui s’attaque aux autres organes du corps.

Propos recueillis par Sarah Monguia

Légendes et crédits photo : 

La Pre Judith Nsondé Malanda /DR

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