Ange Swana et ses « Belles Monstrueuses »

Samedi 24 Mai 2014 - 0:15

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Femme diablesse, rêveuse, pondérée, délurée, indécise, amoureuse, tel est en substance le contenu de la dernière collection de l’artiste Ange Swana de RDC nommée Belles Monstrueuses, où elle explore l’univers de la femme par des portraits

En effet, Ange magnifie la femme par le regard d’abord, mais aussi par la gestuelle. Esthète avant tout, elle emplit ses œuvres à la fois de force et de douceur. Une dualité sur laquelle l’artiste s’appuie pour faire ressortir les contraires : jeunesse et vieillesse, joie et peine, colère et apaisement, élégance et grossièreté, désir et renoncement, bref des moments de la vie qui expriment l’usure du temps, que l’artiste représente par des coups de pinceau sous forme de rides, fronces, croûtes… Des marques indélébiles que le temps imprime sur la peau de toute femme.

Belles Monstrueuses, présentée à la Biennale de Dakar, est une œuvre pleine de vie que l’artiste accompagne d’un cocktail de couleurs, du rouge au noir en passant par le vert, avec toujours en tête ce souci d’harmoniser ses fresques. L’artiste, par ce travail, veut communiquer son amour de la vie et de la femme qui porte en elle plusieurs facettes, car, dit–elle, « de la même manière qu’une femme peut être passionnée, elle peut devenir agressive, spontanée et indécise» De même, ne vous méprenez pas sur le physique d'Ange Swana. Bien que svelte et apparemment frêle et angélique, cette dernière n’a pas sa langue dans la poche. « Se taire, c’est se conformer aux normes, c’est aussi décider de mourir a petit feu. Même si l’art est au départ une situation personnelle, il devient commun une fois qu’il est proposé au monde. Et donc peindre est alors une valeur, un point de vue personnel, une valeur esthétique, une perspective humaine et patrimoniale », précise l’artiste.

Pondérée, elle l’est ! Diablesse, elle peut le devenir, comme d’ailleurs toute femme quand un problème lui tient à cœur. « Je voudrais travailler sur la libre circulation des artistes. Ce que nous avons subi lors du voyage à l'aller comme au retour au Sénégal m’a enragée. Je ne sais pas à quoi pensent nos dirigeants, mais il faut qu’ils pensent à revoir ce problème de barrières frontalières, nous sommes des artistes et non des politiques. Je souhaite aussi élaborer un projet sur la maison des esclaves à Gorée, sur le thème du pardon et de l’oubli », avance Ange, qui a été très heureuse de participer à la Biennale de Dakar où elle a été conviée, comme Van Andréa, à participer à une résidence à la prestigieuse Fondation Blachère en Suisse.

Ange Swana sort de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa après y avoir passé trois ans, de 1997 à 2010. Elle à participé à de nombreuses expositions collectives à Kinshasa. C’est à la troisième édition des ateliers SAHMS à Brazzaville qu’elle fera sa première exposition en solo. La Biennale est sa toute première expérience internationale, et elle en sort plutôt satisfaite. « Ce que je retiens de ce voyage, ce sont les échanges, la possibilité de découvrir d’autres artistes et de discuter avec eux, d’avoir de futures collaborations et aussi d’apprendre des autres et d’en tirer avantage », fait savoir Ange, enthousiaste. 

Annette Kouamba-Matondo