Insécurité : les pickpockets et braqueurs refont surface à Talangaï

Mercredi 22 Avril 2015 - 16:15

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Le phénomène qui avait disparu revient en force, inquiétant tous ceux qui, pour des raisons diverses, sont contraints d’emprunter l’avenue Marien-Ngouabi, dans le 6è arrondissement de Brazzaville.

C’est à partir de 18 heures que ces voleurs à la tire commencent à se frotter les mains. À la manière des félins, leurs méthodes sont connues : l’observation, le suivi et le marquage de la proie visée. En fait de proie, chacun peut être considéré comme une cible idéale. Qu’il s’agisse des piétons, des automobilistes, des passagers à bord de bus de transport en commun, etc., n’importe qui peut s’inscrire, sans le savoir, sur la liste des victimes.

Il suffit pour cela d’être distrait ou de brandir un objet susceptible d’attirer l’attention de ces jeunes désœuvrés en quête de l’argent facile. « J’étais assise à bord d’un taxi et j’étais en communication, le téléphone collé à mon oreille. J’ai senti un mouvement brusque sur moi…Et j’ai vu un jeune détaler. Le temps de me rendre compte, le téléphone était parti », témoigne Mireille, inconsolable, le 21 avril dernier vers 20 heures 30 minutes.

Le point fort de cette espèce renaissante : l’agilité. « C’est avec force et précision qu’ils vous tombent dessus et vous arrachent un bijou, un téléphone, un porte-monnaie, un bracelet ou tout autre objet manipulable », explique Macaire, un policier qui connaît bien la zone.

Autres facteurs qui aident ces malfaiteurs : l’embouteillage qui oblige les automobilistes à rouler aux pas. Décryptage avec Gabin, un taximan qui avoue avoir eu ses nombreux clients victimes : « C’est en ce moment-là qu’il feint de traverser en bordant la voiture et en vous épiant. Et quand il a bien visé, il surgit de derrière la voiture pour passer la main par-delà la vitre baissée et emporter l’objet. »  C’est fort de cette connaissance que ce chauffeur de taxi conseille désormais à ses passagers à bord de toujours remonter les vitres de la voiture. Seule précaution pour être à l’abri, dit-il.

« Il y a longtemps que ce phénomène n’existe plus. Nous sommes surpris par des plaintes récurrentes des populations. Et cela doit interpeller qui de droit pour des mesures à prendre », déclare un chef de zone ayant pris part récemment à un échange sur les enjeux politiques de l’heure organisé par un parti politique.

En réalité, ce type d’actes n’est que la face visible de l’iceberg. Au fond, ce sont les mêmes pickpockets qui, la nuit, se muent en criminels, en braqueurs ou en voleurs attitrés.

À propos, des cas de braquages et d'agressions sont signalés dans la zone d'Émeraude où des jeunes ont transformé le ravin en repaire. Tous les passants, surtout aux heures tardives, sont agressés et dévalisés. Quant aux filles, le sort est connu : le viol. " Il était 20 heures passées et ne voulant pas contourner par le lycée Thomas Sankara, j'ai pensé descendre le ravin pour vite rejoindre mon domicile. C'est là que des jeunes ont surgi du néant et m'ont encerclé. Je me retrouve aujourd'hui avec un bras cassé", témoigne un sexagénaire qui habite la rue Éméraude.

Marina, 28 ans environs, habite au quartier Petit-Chose, à Talangaï. Son témoignage interpelle : "Il était 21 heures. Je revenais de mon travail. J'ai été menacée par des jeunes non loin de l'école 18-Mars. Ils m'ont contrainte de tout leur remettre...sans compter quelques brutalités qu'ils m'ont servies." 

Seule une opération spéciale pourra permettre de mesurer l'ampleur de cette insécurité, d'identifier les zones chaudes ou à risques.

Jocelyn Francis Wabout