Rendez-vous manqué du 11 novembre à Kampala : la facilitation ougandaise pointée du doigt

Jeudi 14 Novembre 2013 - 18:15

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Nonobstant ce qui s’est passé et en reconnaissance des efforts déployés notamment par l’ensemble de la communauté internationale, le gouvernement de la RDC réaffirme sa volonté de mener à bon terme les pourparlers de Kampala.

Qu’est-ce qui s’est réellement passé à Kampala le 11 novembre ? Pourquoi l’acte final devant sanctionner les pourparlers entamés entre le gouvernement et le M23 n’a pas été signé ? Des questions qui continuent de tarauder bien des esprits et auxquelles Lambert Mende a tenu à apporter des réponses. Dans un point de presse tenu ce jeudi 14 novembre, le porte-parole a tenté de restituer les faits en faisant ressortir les responsabilités des uns et des autres dans ce rendez-vous manqué. À l’entendre, la facilitation ougandaise porterait seule la responsabilité de ce qui est arrivé pour n’avoir pas joué franc jeu. En quittant Kinshasa, les délégués du gouvernement étaient unanimes à reconnaître qu’il était inopportun de signer un quelconque accord avec le M23. C’était plus prudent pour le gouvernement qui ne tenait pas à se faire passer pour complice au M23 qui, tout en continuant à maintenir une position agressive sur le terrain, restait imprévisible.

C’est en vertu de cela, a expliqué Lambert Mende, que le gouvernement a opté de signer un document séparé reprenant ses engagements au terme des pourparlers tandis que le M23 était astreint à signer une Déclaration renonçant à la rébellion. Alors que tout était clair au départ, la position gouvernementale ayant été largement expliquée à la facilitation, cette dernière présentera aux délégués venus de Kinshasa un compromis du reste accepté dans ses termes. Ce texte comportait trois points à savoir, la déclaration par le M23 de la fin de sa rébellion, la déclaration du gouvernement prenant acte de la renonciation par le M23 de sa rébellion et la signature conjointe par les deux parties. Il s’agissait, en fait, comme l’a expliqué Lambert Mende, d’un « document sanctionnant la fin des Pourparlers de Kampala, reprenant ce qui avait été convenu durant ces pourparlers et dont la nature et l’intitulé demeuraient à convenir, étant toutefois entendu qu’il ne s’agirait pas d’un Accord ».

Les tergiversations de la facilitation

Avant de repartir à Kampala le 11 novembre, la délégation du gouvernement avait demandé « que le texte à signer, amendé pour refléter  les termes du compromis ci-haut rappelé, lui soit communiqué avant le jour de la signature pour revendication de conformité », a expliqué Lambert Mende. Non seulement que la facilitation n’a pas daigné répondre à cette demande pour le moins légitime au motif qu’avant de remettre le texte à la délégation gouvernementale, il devait d’abord rendre compte des amendements proposés au Médiateur et procéder à l’amendement du texte au cas où le Médiateur donnerait son aval. Suite aux tergiversations de la facilitation, C’est seulement dans la soirée du 11 novembre que la délégation du Gouvernement a pris connaissance du texte qui était censé être soumis à la signature de deux parties. Plus grave, le contenu du document a été littéralement modifié sans tenir compte du compromis sus évoqué selon lequel il était entendu que le document à signer ne serait pas un « Accord ».

En plus du fait qu’elle ignorait superbement l’évolution de la situation sur terrain, « la Facilitation n'avait pas tenu compte dans le Préambule du texte à signer, de la Déclaration de renonciation à la rébellion, faite par le M23, le mardi 05 novembre 2013 à Kampala, ni du Communiqué du Gouvernement de la RDC prenant acte de cette Déclaration du M23 rendue publique 24 heures plus tard », a déclaré Lambert Mende. Dans la foulée, ce dernier a également chargé la facilitation d’avoir été à la base des agitations ayant perturbé le programme de signature du document au State House à ENTEBBE, le lundi 11 novembre. « Devant le refus du Facilitateur et de la délégation du M23 d'accéder aux préoccupations pertinentes du Gouvernement de la RDC et à toutes les formules de compromis proposées afin de décanter la situation et de permettre la signature, l'Impasse a dû être constatée », a-t-il ajouté. Qu’à cela ne tienne.

Un processus de paix toujours d’actualité  

Nonobstant ce qui s’est passé et en reconnaissance des efforts déployés notamment par l’ensemble de la communauté internationale, le gouvernement de la RDC déclare être toujours engagé dans le processus de Kampala. À ce sujet, Lambert Mende est on ne peut plus clair : « Le Gouvernement de la RDC réaffirme sa volonté de mener à bon terme les pourparlers de Kampala en procédant à la signature, avec le M23, d'un document qui, sans être un Accord , permet, juridiquement, de donner une force contraignante à la Déclaration de renonciation à la rébellion faite par le M23 le 5 novembre dernier et de régler les questions liées au cantonnement, au désarmement, à la démobilisation et à la réinsertion sociale de ses ex-combattants ».

Toutefois, au cas où un consensus ne serait pas trouvé dans un délai raisonnable sur un document de cette nature et qui n'occulte pas la défaite militaire du M23, il entend prendre les dispositions utiles concernant les principales préoccupations qui ont fait l'objet de discussions aux Pourparlers de Kampala. Il s’agit, entre autres, de l'Amnistie, de l'intégration/réintégration des ex-combattants du M23 au sein des FARDC, de la démobilisation et de la réinsertion sociale des ex-combattants du M23, du retour et de la réinstallation des réfugiés et des personnes déplacées internes.     

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le président ougandais Yoweri Museveni