Sommet de l’Élysée pour la paix et la sécurité : Africains et Français revisitent leur modèle de coopérationVendredi 6 Décembre 2013 - 10:00 À l’initiative du président français, François Hollande, un sommet sur la paix et la sécurité en Afrique se tiendra au Palais de l’Élysée, à Paris les 6 et 7 décembre, en présence d’une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement du continent. Il s’agit du premier sommet Afrique-France depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande L'objectif du sommet est de consolider les liens historiques entre la France et l’Afrique « dans une année qui aura été marquée par un engagement conjoint très important de forces africaines et françaises au Mali, en parfaite cohérence avec les décisions de l’Union africaine », a déclaré François Hollande, qui a souhaité que soient abordés les enjeux de sécurité en Afrique. Le continent est aujourd’hui secoué par le terrorisme, les trafics en tous genres, la piraterie. Des fléaux qu’il faut combattre. Ce fut le cas au Mali, où la France aura pris part, avec les pays d’Afrique de l’Ouest, à la protection et au rétablissement de l’intégrité territoriale du pays, « en parfaite cohérence avec les orientations définies par l’Union africaine » et dans un cadre multilatéral. Ensemble à Paris, la France et les pays africains définiront une meilleure coopération pour renforcer les capacités d’action visant à doter les armées africaines des moyes de répondre aux agressions, de prévenir et de traiter les conflits, mais aussi une meilleure coopération économique, d’égal à égal. Lors du sommet du cinquantenaire de l’UA, qui s’est déroulé en mai dernier à Addis-Abeba (Éthiopie), les pays africains ont marqué leur volonté de constituer une force de réaction rapide dans le souci d’assurer eux-mêmes leur sécurité. Ils ont également rappelé l’importance des enjeux de développement pour prévenir les conflits qu’ils traversent et assurer la paix sur le continent. Invité de marque, François Hollande avait partagé la philosophie de ses homologues africains. Il s’était engagé à consacrer un sommet sur ces questions en soutien à leurs efforts. Mais des intérêts géostratégiques peuvent se cacher derrière ce sommet, la France étant en perte de vitesse sur l e continent par rapport à la Chine. Les invités au sommet de l’Élysée pour la paix et la sécurité À l’occasion du sommet de l’Élysée sur la paix et la sécurité en Afrique, une quarantaine de pays africains francophones, anglophones, lusophones et hispanophones, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, la présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini-Zuma, les présidents des organisations régionales africaines, et les représentants de l’Union européenne (UE), du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, seront à Paris les 6 et 7 décembre. Les thématiques du sommet Les échanges seront centrés autour de trois thèmes : la paix et la sécurité, le partenariat économique et le développement, et le changement climatique. Le 6 décembre sera consacré à la réflexion autour des politiques pouvant permettre de prévenir les conflits, les trafics, la piraterie, de dissuader la formation de mouvements armés, voire de groupes terroristes, mais aussi de renforcer le dispositif de sécurité. Les séances de travail du 7 décembre seront ouvertes à une réflexion sur les relations économiques entre la France et l’Afrique et aux enjeux environnementaux. Le thème de la paix et la sécurité en Afrique fait partie d’un enjeu majeur pour la sécurité collective de la communauté internationale. C’est surtout une menace pour le développement de l’Afrique et pour ses partenaires, dont fait partie l’UE. Ce qui invite à une coopération et à un partenariat, avec en première ligne la France. Le thème du partenariat économique et du développement est lié à celui de la paix et la sécurité. Pas de développement sans paix, pas de paix sans développement. La stabilité est donc essentielle pour le devenir de l’Afrique, pour les investisseurs. Le thème du changement climatique est en droite ligne avec la conférence pour le climat de 2015 : « Dégager des objectifs communs et une vision partagée pour engager des actions communes » avec la France. Il faut dire que la lutte contre les effets du changement climatique fait peser de nouvelles contraintes sur le continent africain en matière de développement et de nouvelles menaces en terme de sécurité. En amont du sommet Dans le cadre du sommet de l’Élysée, un séminaire a été organisé par le Centre d’analyse, de prévision et de stratégie du Quai d’Orsay, le 28 octobre à Paris, sur les enjeux de la sécurité collective en Afrique. Il avait pour objectif de recueillir les perceptions et points de vue d’analystes et de chercheurs sur le rôle de la France en matière de paix et de sécurité en Afrique et d’aborder de manière prospective l’évolution de l’architecture africaine de paix et sécurité et l’articulation des acteurs de la sécurité collective en Afrique avec les acteurs non africains, dont la France. Trois autres événements sont prévus avant le sommet, les 4 et 5 décembre : en amont du sommet, le Quai d’Orsay, en partenariat avec l’Agence française de développement, organise le Forum Afrique : 100 innovations pour le développement durable, une initiative qui vise à présenter et à valoriser des innovations en faveur du développement durable en Afrique. Vingt porteurs de projets sélectionnés seront invités à Paris pour présenter leur initiative innovante et rencontrer les acteurs français du développement ; un sommet Afrique- France, pour un nouveau modèle de développement se tiendra au ministère français de l’Économie et des Finances autour du ministre Pierre Moscovici, de chefs d’État, ministres, chefs d’entreprises africains et français pour échanger autour du financement de la croissance, du capital humain, du développement des capacités productives pour illustrer les nouveaux modèles de coopération entre la France et l’Afrique concourant à une nouvelle dynamique économique commune. Une réunion sera consacrée à la disparition d’espèces animales Les absents du sommet de l’Élysée pour la paix et la sécurité en Afrique Certains chefs d’État seront représentés au sommet de l’Élysée. C’est le cas du président angolais, José Eduardo dos Santos, qui sera représenté par son ministre des Relations extérieures, Georges Chikoti, ou du président algérien, Abdelaziz Bouteflika, qui, pour des raisons de santé, a mandaté son Premier ministre, Abdelmalek Sellal. La Centrafrique sera représentée par le Premier ministre, Nicolas Tiangaye. Cinq chefs d’État n’auraient pas été invités, soit parce qu’ils seraient sous le coup de sanctions internationales, c’est le cas du président soudanais, Omar el-Béchir, et du Zimbabwéen Robert Mugabe ; soit à cause d’une suspension de l’Union africaine suite à un coup d’État, c’est le cas de Madagascar, de la Guinée-Bissau, et de l’Égypte. À Paris, on indique que des invitations « leur ont quand même été transmises, mais pas au plus-haut niveau ». Forum Afrique, cent innovations pour un développement durable : présentation des projets sélectionnés Le ministère français des Affaires étrangères, en partenariat avec l’Agence française de développement (AFD), a lancé en septembre 2013 un appel à candidature pour cent innovations pour un développement durable en Afrique La clôture de l’appel a eu lieu le 17 octobre 2013. Huit cents dossiers ont été enregistrés dans une gamme de domaines très variés : construction de haute qualité environnementale, microfinance, alimentation, systèmes d’information, recyclage, agriculture, sécurité alimentaire, éducation, nouvelles technologies, transports, etc. qui pourront trouver soutien et diffusion. Des porteurs de projets sélectionnés par un comité de haut niveau, conduit par Jean-Michel Severino, ancien directeur général de l’AFD, seront invités à Paris les 4 et 5 décembre pour présenter leur initiative innovante, rencontrer les actrices et acteurs français du développe- ment et développer des coopérations, en amont du sommet de l’Élysée pour la paix et la sécurité en Afrique (6 et 7 décembre 2013). Ce forum s’inscrit dans la continuité des assises du développement et de la solidarité internationale de mars 2012 et témoigne du soutien de la France aux dynamiques d’innovation pour le développement durable en Afrique. Instabilité en Afrique (1983-2013) Entre 1983 et 2013, l’Afrique a connu trente-sept putschs, dont vingt-cinq en Afrique francophone. Pendant la même période, quatre putschs étaient recensés en Amérique (deux au Venezuela, un en ÉquateuretunauHonduras); deux renversements en Asie (Thaïlande et Pakistan) et trois en Océanie (îles Fidji) ; et deux en Europe (Géorgie et Russie). Noël Ndong |