Opinion
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Lheyet-Gaboka, 45 ans déjàSamedi 27 Octobre 2018 - 12:51 Á Brazzaville, l’ancienne école officielle de Ouenzé porte, depuis de nombreuses années, le nom de Maurice-Lheyet-Gaboka. Cet enseignant et écrivain était né le 5 novembre 1929, à Owando (ex Fort-Rousset). Il aurait eu 89 ans cette année. Mais, hélas, il est décédé, il y a quarante-cinq ans, le 20 octobre 1973, à l’Hôpital général de Brazzaville (actuel CHU), à l’âge de 44 ans. Son père, Lheyet, était marié à deux femmes. Avec sa première épouse, Obe Cathérine, il a eu quatre enfants : Lheyet Gaboka Maurice, Omenga Obongo Bernadette, Ingoba Emilienne et Lheyet Guy ; Lheyet Péradia Bonaventure, Imoua Philomène Lheyet Jean et Mouetoua Marie-Thèrese sont issus de son union avec sa seconde épouse, Alokassi. Fils aîné de cette nombreuse famille, Maurice Lheyet Gaboka quitte très jeune ses parents pour Moundou, au Tchad, en compagnie de Daniel Engobo, son oncle et père du colonel Bonaventure Engobo. Il revient à Owando pour se présenter au Cepi (Certificat d’études primaires indigènes) et au concours d’entrée à l’Ecole supérieure du Moyen-Congo. De 1944 à 1948, il est boursier à Mbounda, transformé en Collège moderne du Moyen-Congo en 1945. Le 15 septembre 1948, il obtient son diplôme des Ecoles supérieures et Collèges modernes avec le grade d’instituteur adjoint de 1er échelon. Il fait partie du premier groupe d’enseignants en compagnie de Galingui Michel (Centrafricain) devenu Galin Douathe, Voumbou Joseph (Centrafricain), Zombo Jean (Camerounais). Brazzaville est alors la capitale du Moyen-Congo. De ce fait, le Moyen-Congo concentre de nombreux services de l’AEF (Afrique équatoriale française), ce qui explique la présence dans cette école de nombreux citoyens de pays voisins. Certains, à la fin de leurs études, et même après l’accession à l’indépendance de leurs pays, sont devenus des Congolais. Dans cet univers en essor, Brazzaville, les différentes populations d’Afrique ont créé des espaces de vie à côté des autochtones. Cette ville s’est construite au jour le jour, au hasard des besoins et des spéculations… Anarchique et disproportionnée, elle ne possède pas de centre urbain véritable ; ses magasins sont disséminés tout au long de nombreuses avenues qui forment un réseau de plusieurs dizaines de kilomètres. Les espaces verts, qui dominent, sont parfois des jardins ou des parcs bien entretenus, mais aussi des terrains vagues encadrant ici une villa, là un building, ailleurs une boutique. Quelques belles réalisations architecturales modernes sont à signaler : Sainte-Anne du Congo, le palais de justice au jour, au hasard des besoins et des spéculations. Poto-Poto offre, par les dénominations de ses rues, l’exemple d’un cosmopolitisme réussi. Les écoles de Brazzaville constituent des ilots de modernité dans leur environnement. C’est Yandza Gérard François, enseignant, venu de Gamboma, qui ouvre, quelques années plus tard, l’Ecole officielle de Ouenzé (actuellement Ecole Lheyet-Gaboka-Maurice) ; ce dernier est le premier directeur de cet établissement laïc qui comporte également les cours moyens 1ère et 2e années. Il faut aussi signaler qu’à cette époque-là, Ouenzé est une excroissance de Poto-Poto. Elle devient commune à part entière en 1959 comme Moungali. En février 1954, Maurice Lheyet Gaboka se rend à Impfondo. Il y reste jusqu’en mars 1957, date à laquelle il est élu conseiller territorial, puis député à l’Assemblée nationale, représentant la Cuvette congolaise, jusqu’en août 1963. En effet, l’abbé Fulbert Youlou est contraint à la démission le 15 août 1963, suite au mouvement insurrectionnel des « Trois Glorieuses ». Massamba-Débat est désigné Premier ministre du gouvernement provisoire. Il est, par la suite, élu président de la République, en décembre de la même année. Au cours de son séjour à Impfondo, Maurice Lheyet Gaboka fait inscrire à l’école les pygmées pour leur donner une instruction. Il est, en outre, l’un des pionniers de la littérature congolaise dont la "Revue Liaison", qu’il anima avec Lomami, Jean Malonga, entre autres, fut le fertile terreau. L’histoire retiendra que Lheyet Gaboka aura été, à l’Assemblée nationale de l’époque, un pourfendeur du régime en place par ses philippiques dantesques. Il dénonçait déjà tous les maux flétris actuellement : favoritisme, tribalisme, népotisme, détournement des fonds publics par des fonctionnaires véreux, etc. Ces dérives sont aussi vieilles que la République, née en 1958 et qui fête cette année ses 60 ans. Son entrée en politique pousse Lheyet-Gaboka à abandonner l’enseignement actif pour travailler dans les services de l’administration de l’Education nationale. Il occupe, tour à tour, le poste d’adjoint au secteur scolaire de la Likouala-Mossaka (1958-1960), puis d’adjoint à l’Inspecteur de l’Equateur (1962-1965). C’est après ce dernier poste que Maurice Lheyet-Gaboka quitte Owando pour Brazzaville. Il travaille au secrétariat de l’Inspection de l’enseignement. Sa santé décline déjà. En 1970, il est évacué à Moscou pour des soins médicaux. Mais c’est à Brazzaville qu’il décède le 20 octobre 1973. Il est enterré au cimetière du centre-ville, le 22 octobre suivant. Il est fait, à titre posthume, chevalier de l’Ordre du Mérite congolais. Les vrais héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit.
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