Les Dépêches de Brazzaville : Vous voici à votre première prestation à Pointe-Noire, au dixième anniversaire du festival des musiques et des arts N’Sangu Ndji-Ndji. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Naneth : C’est un grand honneur, c’est un festival que je connaissais parce qu’au Gabon voisin, on a vent de tout ce qui se fait. Un festival dans sa dixième édition, c’est à respecter ! Je sais à peu près dans quelles conditions on crée ces festivals et on arrive à les maintenir, et pour qu’une édition « ait de la gueule » ! N’Sangu Ndji-Ndji me permet de faire des rencontres, de côtoyer des enfants pendant les ateliers, et les enfants de Pointe-Noire sont adorables. C’est l’occasion aussi pour moi de transmettre la générosité de pays en pays. Mais ce n’est pas la première fois que je mets les pieds à Pointe-Noire. Avec Pierre-Claver Akendengué, un ténor de la musique gabonaise, nous avons eu l’occasion de venir à Pointe-Noire.
Que reflète pour vous les thèmes de diversité culturelle, de brassage des cultures dont les valeurs ont différentes méthodes de transmission ?
Je suis un être fier, à ne pas confondre avec l’orgueil, de ne pas avoir triché, de m’être acceptée telle que je suis. Je suis née dans la civilisation Coca-Cola (rires), j’ai grandi en espace urbain où le rythme était baskeball et rap, et mes parents m’ont toujours montré le côté sacré de la culture. Aujourd’hui, quand je chante sans efforts je reflète toute cette identité. Une identité riche qui respecte la différence, mais de pays en pays je découvre à chaque fois d’autres identités et je l’applique dans ma méthode de travail. Pour mieux apprendre, je chante le plus souvent lors de mes tournées avec des musiciens locaux, j'apprends beaucoup d'eux et je transmets auussi ma richesse.
Naneth , vous avez fait vos débuts dans le rap, aujourd’hui vous êtes dans le hip-hop. Avec tout ce que vous appris au contact des gens, allons-nous vous retrouver bientôt dans d'autres résonnances ?
Je ne refuse pas de bouger, mais j’estime que dans mon genre, dans ma direction, il y a beaucoup d’enrichissement, on n’arrête pas d’apprendre, de s’enrichir certes mais cette direction, je me la suis appropriée.Toutefois, je peux insérer à chaque fois des choses nouvelles, et cela je le pratique déjà. Je suis en fait en plein dans cette direction du hip-hop, et j'ai encore beaucoup à donner.
Jeune femme, artiste, vous donnez dans vos chansons des conseils à l’endroit de certaines couches défavorisées de nos sociétés. Quel est votre message envers la jeunesse africaine dans son ensemble, où se situe t-elle ?
Mon message est un coup de gueule, parce que la situation en Afrique est difficile, compliquée du point de vue politique et passeulement, et c’est clair, mais comment sommes-nous dans nos têtes ? Par rapport à ce que nous voyons, comment nous sommes-nous armés, comment avons-nous musclé notre volonté par rapport aux situations que nous traversons ? Rien n’est facile pour personne, les Africains devraient considérer qu’ils sont au stade où on ne fait plus de chichis politiques, sociaux ou ethniques. Chaque jour, on doit cogiter pour savoir comment contourner telle ou telle situation, je pense que c’est de cette manière que le continent pourra se relever.
Quelle est votre prochaine destination après Brazzaville, et êtes-vous en préparation d’un album en ce moment ?
En ce moment, pour commencer par la deuxième question, j’exploite mon dernier album sorti fin 2012 et depuis à peu près un an et demi, je suis assez globe-trotter. Après l’étape de Pointe-Noire, je serai à Dakar pour participer au festival Les Acoustiqueurs, et je serai probablement au Brésil lors de la Coupe du Monde pour lancer mes messages de sensibilisation sur le VIH-sida auprès d’associations que j’ai rejointes.
Propos recueillis par Luce-Jennyfer Mianzoukouta