Les souvenirs de la musique congolaise : Joseph Kabasele Grand Kallé, sa vie et son œuvre

Samedi 26 Octobre 2024 - 17:41

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Joseph Athanase Tshamala Kabasele, populairement connu sous le nom de Grand Kallé, figure emblématique de la musique congolaise moderne, naquit le 16 décembre 1930 à Mpalabala, village situé à 15 km de Matadi dans le Bas-Congo ex-Congo Belge, aujourd’hui République démocratique du Congo, on l’appelle le père de la musique congolaise moderne pour y avoir introduit des instruments modernes.

Aussitôt après sa naissance, ses parents s’installent à Léopoldville au 136 de la rue Kongolo dans la commune de Kinshasa, issu d’une famille noble, Kabasele bénéficie au plan éducationnel de l’encadrement de son oncle l’abbé Joseph Malula (futur cardinal). Ses études secondaires sont sanctionnées par un diplôme de sténo-dactylographie, métier qu’il exercera dans plusieurs entreprises commerciales de Léopoldville.

 

C’est sous l’influence de ses amis que Kabasele embrasse la carrière musicale au début des années 1950, au grand dam de ses parents qui n’apprécient guère le choix de leur enfant. Il démarre son parcours dans la musique sous la férule de Georges Dula et Albert Yamba-Yamba (deux guitaristes des éditions OPIKA de Moussa Benathar) où Kabasele réalise ses premiers enregistrements.

 

Au fil des mois, le jeune Kabasele s’affirme comme la figure de proue de sa génération, sa chanson ‘’Para fifi’’, véritable chef d’œuvre connaît un retentissement dans la sphère musicale du Pool Malebo et d’Afrique. ‘’Para fifi’’, titre sublime qui révèle au grand public l’existence d’un musicien extraordinairement créatif. L’immense succès de cette chanson a contribué, dès le départ, à porter à l’apothéose ce jeune musicien dont le talent s’est révélé dès l’âge de 9 ans à l’église où il est chantre, chronologiquement Kallé est le premier à se lancer sur les rares tentatives d’une réforme musicale avec l’introduction des instruments modernes dans la musique congolaise, à savoir guitare acoustique, tumba, trompette, saxophone, d’où l’attribution par les mélomanes du pseudonyme ‘’Père de la musique congolaise moderne’’.

En 1953, Kabasele crée l’African Jazz qui est l’un des premiers groupes qui excelle dans la rumba africaine la plus populaire et qui domine l’échiquier musical congolais. L’African Jazz était composé des grands noms comme le guitariste Nico Kasanda et son frère Déchaud, le saxophoniste Manu Dibango, les chanteurs Tabu Pascal Rochereau, Mulumba Mojos  et Roger Izéidi. En 1960, Grand Kallé crée sa propre édition dénommée Surboum African Jazz où l’Ok Jazz de Franco enregistre également ses chansons. Au cours de la même année, l’African Jazz est invité à Bruxelles afin d’agrémenter la table ronde où se retrouve toute la crème politique congolaise venue négocier l’indépendance du Congo auprès des autorités belges, et où Kallé lance la chanson ‘’Indépendance Chacha’’ qui connaît un succès immense à travers l’Afrique. Vicky Longomba qui l’accompagne au cours de ce voyage compose la chanson ‘’Na weli boboto’’. Dans la foulée, Kallé offre à Franco qui a enregistré des chansons sous le label surboum Jazz son premier équipement musical. La qualité des œuvres de Grand Kallé est axée d’abord sur la recherche des  nouveaux rythmes qu’il intègre dans son répertoire avec une alchimie dont il détient seul le secret, on trouve dans les œuvres de Kabasele des partitions éblouissantes de beauté et d’harmonie qui invitent les mélomanes à l’écoute et à la danse. Ce n’est donc pas un  hasard si son parcours fut jalonné de grandes œuvres telles qu' ‘’African Jazz mokili mobimba’’, ‘’Basi ya african Jazz’’, ‘’Sophia Sophia’’, ‘’Loboko na litama’’, etc.

La vie étant faite d’événements heureux et malheureux, l’African Jazz de retour de la table ronde de Bruxelles connaît une défection,  une frange de musiciens constituée des têtes d’affiches du groupe, en l’occurrence Tabu Pascal Rochereau, Mulamba Joseph Mujos, Nico, Déchaud, Roger Izéidi quittent le navire African Jazz et créent l’African Fiesta en 1963, laissant seul à bord le Grand Kallé accusé de mégestion par les dissidents.

Après un maquis de deux mois à Bukavu  dans l’Est de la RD Congo, sous la houlette de Grand Kallé, l’African Jazz retrouva ses lettres de noblesse dans l’arène musicale congolaise avec l’arrivée dans l’orchestre du célèbre chanteur Jeannot Bombenga, Kouka Matthieu, Papa Noël et autres… un African Jazz totalement rénové que les sympathisants de Kallé découvrent lors de ses différentes prestations dans Léopoldville.. Il sied  de noter que malgré le succès que connaît l’African Jazz dans le champ musical, Jeannot Bombenga, Kouka Matthieu et autres abandonnent Kallé et créent à leur tour l’orchestre Vox Africa. Le départ des musiciens susmentionnés entraîna ipso facto la disparition de l’African Jazz dans la scène musicale congolaise.

La création à Paris par Grand Kallé au cours de l’année 1966 du groupe African Team composé de Don Gonzalo (sujet cubain), Manu Dibango, Essous, Mujos, Edo Clari et Casino fut une autre étape de son parcours musical dont l’inactivisme fut observé dans le gotha musical congolais au cours des années 70 et 80.

Le 11 février 1983, Kallé Jeff est terrorisé par la maladie, admis à l’hôpital Mama Yemo de Kinshasa, il rendu l’âme à 17h 30. Avant son inhumation au cimetière de la Gombé, des funérailles nationales furent organisées, suivies d’une messe d’adieu à la Cathédrale Notre-Dame du Congo dite par le cardinal Malula. Kabasele reçu les honneurs des musiciens du Zaïre à l’époque, du Congo, des autres pays africains et ceux de l’orchestre Aragon de Cuba.

Auguste-Ken-Nkenkela

Légendes et crédits photo : 

Joseph Kabasele Grand Kallé/DR

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