Les souvenirs de la musique congolaise : Vicky Longomba, figure emblématique de l’OK Jazz des décennies 1950, 1960 et 1970

Jeudi 14 Novembre 2024 - 19:40

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Né le 13 décembre 1932 à Léopoldville, de son vrai nom Victor Longomba Besange Lokuli, Vicky Longomba démarre sa carrière musicale chez Cefa (Comptoir pour l’exploitation de folklore africain) qui fut une maison de production de disques. Chanteur, il participe à la création de l’OK Jazz avec Franco Luambo Makiadi en 1956. En 1960, Kabasele dit Grand Kallé l’appelle dans l’Africa Jazz qui doit animer la table ronde de Bruxelles en janvier de la même année. Un moment des retrouvailles des hommes politiques du Congo-Belge, à l’issue duquel le pays obtient l’indépendance des colons belges et devient la République démocratique du Congo.

Au cours des enregistrements réalisés par l’Africa Jazz à Bruxelles, Vicky compose sa très belle chanson intitulée « Na weli boboto », un chef d’œuvre du verso de « Indépendance tcha tcha » de Kabasele qui fut l’hymne de la liberté de tous les Africains accédant à l’indépendance. De retour de la table ronde, il créa l’orchestre Négro Succès en 1961 avant de regagner l’OK JAZZ.    

Avec l’arrivée dans l’OK Jazz d’Edo Ganga, Célestin Nkouka, Vicky Logomba forme un duo de charme avec Edo Ganga dans les titres  « Tu bois beaucoup ; Paulo ; Ngaï Marie Nzoto ébeba ; Bolingo ya bougie ; Catherine Ndoki » et bien d’autres.

Au fil du temps et de succès en succès, l’OK Jazz tient tête face à l’Africa Jazz, l’African Fiesta qui sont ses rivaux de taille sur l’échiquier musical kinois. Vicky Longomba et Franco ne se quittent plus et deviennent des inséparables. Cela se confirme à travers la chanson de Franco intitulée « Mino ya Luambo diamant ». Dans cette oeuvre, Franco dit : "Mongongo ya Ok, mongongo ya Vicky, likembé ya Ok maboko ya Luambo" que l’on peut traduire par "La mélodie de l’OK Jazz et celle de Vicky, et le rythme de l’OK Jazz est le doigté de Franco".

Durant son parcours dans la scène musicale congolaise, Vicky Longomba, de par son savoir-faire, fut considéré comme un sage grâce à ses chansons sur le social, le rôle de la femme, de la jeunesse, et la défense des artistes qui sont des thématiques qui s’illustrent dans ses titres restés célèbres tels que « Na banzakité» ; « Matumoli éléki» ; « Dis tonton» ; « Lineti» ; « Oboyi nga na misso makassi» ; « Tomeseni» ou encore « Nabanzi Zozo».

Parallèlement à sa collaboration avec Franco, Vicky Longomba fut le créateur de l’orchestre Négro Succès qu’il abandonna plus tard. En 1971, il créa le Lovy du Zaïre suite à la dégradation de ses relations avec Franco. En 1986, il est nommé président de l’Union des musiciens zaïrois et pratique très peu la musique. Il sied de signaler que Vicky Longomba et le père de deux (2) stars congolaises de renommée internationale: Lovy Longomba (membre de Orchestra super Mazembe du Kenya) et Awilo Longomba qui actuellement font la fierté de la musique congolaise. En 1974, la santé de Vicky Longomba commença à se détériorer à cause d’une tumeur à la tête. Cette maladie signa aussi la fin du Lovy du Zaïre.

Figure emblématique de la musique congolaise, Vicky Longomba tira sa révérence à Kinshasa, le 12 mars 1988, à la clinique Ngaliema suite à une opération chirurgicale à la tête due à un kyste. Peu avant sa mort, il enregistra un album qui malheureusement ne fut pas mis sur le marché du disque. Kara est le nom de son dernier orchestre. 

 

 

 

 

Auguste Ken Nkenkela

Légendes et crédits photo : 

Vicky Longomba/DR

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