Vatican : quelle succession pour le pape François ?Mardi 22 Avril 2025 - 15:45 De la continuité ou une révolution : les enjeux de la succession du pape François se déclinent en des interrogations qui pourraient bousculer l’Afrique. Le pape qui vient de décéder avait choisi de s’appeler François. Ce prénom pouvait brouiller les cartes chez un homme qui avait été ordonné jésuite, et qui n’avait donc que peu à voir avec les Franciscains de l’ordre de Saint François. Mais lui expliquait qu’il voulait se mettre à la suite de Saint François d’Assise, le moine qui parlait aux oiseaux et s’habillait volontairement de haillons. C’est pour cela que pauvreté et écologie intégrale ont été les marques de ses douze ans passés à la tête de l’Eglise catholique. Il s’est éteint dans son lit, le lundi de Pâques, alors que la veille comme de tradition, il avait salué les fidèles rassemblés Place Saint-Pierre, à Rome. A 88 ans, cet homme à la stature de rugbyman est né en Argentine, d’immigrés italiens, en 1936. S’il s’est fait le chantre des pauvres et des migrants, c’est qu’il a traversé des épisodes de sa vie qui ont forgé sa personnalité. Sans oublier l’épreuve particulière qui fit de lui l’homme à un poumon, à la suite de l’ablation d’un poumon pour un début de tuberculose. Il est entré chez les jésuites, y a fait des études normales. Il est ordonné prêtre, puis a suivi le chemin ascensionnel d’un jésuite normal dans une période où son pays subissait la féroce dictature d’un régime militaire soupçonneux. Servir les pauvres Même quand il deviendra archevêque de Buenos Aires, puis cardinal (2001), il continuera à afficher ses choix de vie sans verser dans le marxisme qui était presqu’une mode dans l’Amérique latine de l’époque. Plus d’un témoignage raconte un prêtre rencontré dans le métro avec une mallette fatiguée, allant rendre visite à quelque famille pauvre de la périphérie de Buenos Aires… Ce pape « venu du bout du monde », comme il s’était qualifié lui-même le premier jour de sa présentation à la loggia, a inscrit son action dans cette ligne de respect pour tous les hommes, de dialogue entre les religions, de respect de l’environnement et d’invite constante à l’homme à ne pas se fermer aux autres hommes par égoïsme. Le premier pape venu d’Amérique a tenu à bout de bras ces convictions, en faisant un prolongement idéal de la pensée africaine. Sauf sur la question de la bénédiction des couples homosexuels, qui vit les évêques africains monter aux barricades, avec un cardinal Fridolin Ambongo (Kinshasa) en avant-garde… C’est cet héritage qui cherche aujourd’hui à trouver une incarnation dans le nouveau pape que les cardinaux vont élire à l’issue de leur conclave. Le Vatican fera-t-il le saut que nombreux lui souhaitent de faire sur des questions comme le mariage des prêtres, l’épiscopat des femmes ou un autre regard sur l’homosexualité ? Progressiste ou conservateur, le nouveau pape ? Le tour de l’Afrique ? Et puis, d’abord, de quel continent sortira-t-il ? La question se pose de plus en plus ouvertement. Mais au fil des années, les « pointures » africaines de taille, si l’on peut dire, finissent par perdre de leur éclat. La règle veut, en effet, que seuls les cardinaux de moins de 80 ans soient éligibles à la papauté. Or celui qui a coché pendant des années toutes les cases, le Béninois Bernardin Gandin, est décédé le 13 mai 2008 à l’âge de 86 ans. Il s’était rapproché de la position stratégique d’un pape adjoint, quoique le poste n’existe pas. Aujourd’hui, trois cardinaux africains d’épaisseur tiennent la dragée haute dans les pronostics hasardeux vers la papauté. Le premier est Guinéen : le cardinal Robert Sarah. Homme de foi et de méditation, il apparaît comme le gardien du Temple idéal. Viennent ensuite les cardinaux Fridolin Ambongo (Congolais de Kinshasa) et Peter Kodwo Turkson, Ghanéen. Les deux ont fait partie des collaborateurs étroits du pape François à la curie romaine. Le cardinal Ambongo, archevêque de Kinshasa, était membre du C9, le cercle des conseillers dont le pape prenait l’avis avant des décisions touchant à la réforme de la Curie romaine. C’est sur eux que se jouerait éventuellement le « titre » de premier pape africain. Les bookmakers misent pourtant sur le Cardinal Pietro Parolin (Italie), l’actuel Secrétaire d’Etat, pour une continuité parfaite du pontificat du pape François. Viennent pêle-mêle le Cardinal Luis Antonio Tagle (Philippines) ; Jean-Marc Aveline (France, archevêque de Marseille) ou Matteo Zuppi (Italie), un membre de la Communauté catholique Sant’ Egidio, grand diplomate venu plusieurs fois dans les deux Congo en mission. Mais une règle est à rappeler : au Vatican, quiconque entre pape au conclave en ressort cardinal…
Lucien Mpama Notification:Non |