Mondial 2014 : la victoire de l'Allemagne met un point final à une belle éditionLundi 14 Juillet 2014 - 0:00 La 20e édition de la Coupe du monde s’est achevée, dimanche soir, par une difficile victoire de l'Allemagne face à l'Argentine (1-0 après prolongations). Un succès qui clôt un mois de football. Au total : 64 matchs, 171 buts inscrits, une phase de poule mémorable et quelques matchs d’exception. Si le niveau de jeu fut parfois inégal, le spectacle et le suspens étaient bel et bien au rendez-vous Des buts en cascade… Avec 171 buts inscrits, cette édition Brésil 2014 a été prolifique. Elle égale d'ailleurs le précédent record de 171 buts en 1998 (record qui ne prend en compte que les éditions post-1954). Avec 136 buts en 48 matchs, la phase de poules a offert une moyenne de 2, 86 buts par match. Une moyenne retombée à 2, 25 en huitièmes de finale (18 réalisations lors des huit rencontres). Avares en spectacle et en buts, les quarts de finale ont fait chuter la moyenne à 1, 25 buts par match. Sous l’impulsion d’une Mannschaft irrésistible face au Brésil (7-1), la moyenne des demi-finales a fait un bon historique de 4 buts par match, malgré le score vierge entre les Pays-Bas et l’Argentine. Avec quatre buts en deux matchs, dont 3 pour le match de classement entre les Pays-Bas et le Brésil, les deux finales tourne à 2 buts de moyenne. …et quelques bijoux Au cours du tournoi, quelques beaux buts ont été inscrits : on pense forcément à l’enchainement contrôle de la poitrine orienté et frappe du gauche du Colombien James Rodriguez ou à la volée lunaire de l’Australien Cahill face aux Pays-Bas. La « Madjer » de l’Allemand Schürrle face à l’Algérie, le slalom de Dempsey face au Ghana ou le coup-franc du Brésilien David Luiz face à la Colombie méritent aussi quelques lauriers. Des gardiens à l’honneur Paradoxalement, malgré cette pluie de buts, ce Mondial restera celui des gardiens de buts : de l’Algérien Raïs M’Bolhi au Chilien Bravo (recruté par le FC Barcelone en cours de tournoi) en passant par le Nigérian Enyeama, l’Américain Howard ou le Costaricain Navas, ils ont souvent été les joueurs les plus en vue de leurs équipes. Et que dire de l’impeccable Manuel Nauer qui a révolutionné son poste, le temps d’un match face à l’Algérie ? Cinquante ans après son compatriote Beckenbauer qui avait inventé le poste de libéro, Nauer a inventé celui de gardien-libéro. Des records qui tombent… Parmi les nombreux buts marqués, deux ont une valeur particulière : en inscrivant ses 15e et 16e buts, face au Ghana et au Brésil, en Coupe du monde, l’Allemand Miroslav Klose a égalé puis ravi au Brésilien Ronaldo le record de buts marqués en Coupe du monde. L’attaquant de 36 ans compile ainsi 5 buts en 2002 et 2006, 4 en 2010 et 2, avant a finale, cette année. Entré à dix minutes de la fin du match Colombie-Japon, le gardien colombien Faryd Mondragon, est devenu le plus vieux joueur de l’histoire de la compétition, à 43 ans et 3 jours. Il efface le record de Roger Milla, qui en reste tout de même le plus vieux buteur. Avec ce score fleuve de 7 à 1, la demi-finale perdue par le Brésil face à l’Allemagne entre également dans les annales du Mondial. Ajoutons que l'Allemagne devient la première nation européenne à remporter le trophée sur le continent américain. Des surprises et des déceptions Au rayon des surprises, le Costa Rica et la Colombie ont fait sensation. Les premiers sont sortis d’une poule relevée (Uruguay, Italie, Angleterre) et les seconds ont longtemps affiché le plus beau jeu du tournoi. La belle tenue de l’Algérie et de son collectif valeureux est aussi à souligner. A l’inverse, les échecs de plusieurs grandes nations font tâche : l’Espagne a été balayée dès les poules, comme l’Italie, l’Uruguay et l’Angleterre, tous anciens vainqueurs du trophée. Le Portugal a aussi fait piètre figure. Les stars n’étaient pas toutes au rendez-vous Arrivé blessé, Cristiano Ronaldo n’a pas fait d’étincelle, handicapé, il est vrai, par un collectif portugais décevant. Les Ivoiriens Touré et Drogba, le Camerounais Eto’o et l’Italien Balotelli ont manqué leur Mondial. Pour Benzema (3 buts) et le Belge Eden Hazard n’ont pas non plus répondu aux attentes. Pour Lionel Messi (4 buts avant la finale), le bilan reste mitigé en terme de jeu, alors que ses coéquipiers Higuain et Agüero ont traversé le tournoi tels des fantômes. Pour éviter de tirer sur l’ambulance, nous n’énonceront pas les nombreuses déceptions brésiliennes. Dans la catégorie des satisfactions, le Néerlandais Robben, le Brésilien Neymar, avant sa blessure, le Chilien Alexis Sanchez, les Argentin Di Maria et Mascherano, le vétéran colombien Yepes et les Allemands Müller, Klose et Nauer ont répondu présent. Des nouveaux visages au sommet du football mondial Une nouvelle vague de joueurs a émergé au Brésil : le Colombien Rodriguez a éclairé l’audimat et les Allemand Kroos et Schürrle se sont révélés au plus haut niveau. On peut également citer en vrac l’Ivoirien Aurier, le Nigérian Musa, les Français Varane et Griezmann, le Costaricain Joël Campbell, l’Anglais Sterling, l’Italien Verratti… Déjà connus des amateurs chevronnés, ces joueurs auront profité du Mondial pour se faire connaitre du grand public. Un arbitrage contrasté Le ton a malheureusement été donné dès le premier match : l’arbitrage n’a pas été à la hauteur du plus grand évènement sportif mondial. Plusieurs grosses erreurs ont émaillé le cours du tournoi, favorisant parfois les grosses écuries (Brésil, France, Pays-Bas). Malgré cela, soulignons deux facteurs positifs : la très bonne tenue des arbitres africains, impeccables de bout en bout. Et l’utilisation de deux technologies qui aideront le corps arbitrage à l’avenir : le spray pour les coups de pieds arrêtés et la caméra sur la ligne de but. L’opposition entre les deux meilleures défenses du tournoi a d’abord accouché d’une belle première période, malgré le score vierge à la pause : si Higuain avait raté un face à face inespéré, suite à une passe en retrait hasardeuse de Kroos (21e), les Allemands ont inquiété l’Albiceleste à trois reprises en fin de match : une frappe de Schürrle (37e), un tir de Kroos bien capté par Romero (43e) et une tête sur la barre de Höwedes à la 45e+1. La seconde période sera bien moins enthousiasmante et les actions franches rares. Comme en 2006 et 2010, les deux finalistes doivent donc en passer par les prolongations. Que l’Argentine débute pied au plancher avant de s’essouffler. La fatigue accumulée lors de mois de compétition rend les jambes lourdes et les magiciens Messi et Müller n’affichent pas la réussite qui avait guidé leurs matchs précédents. C’est finalement Mario Götze, entré à la 88e à la place de Klose, qui fait la différence à la 113 : servi par Schürrle, il crucifie Romero et donne une quatrième étoile à l’Allemagne. Un coup-franc accordé à Messi fera passer un ultime frisson lors de cette Coupe du monde. L’Allemagne est championne du monde sous les hourras d’un peuple brésilien épargné de l’affront de voir son meilleur ennemi sacré sur ses terres.
Camille Delourme |