Cuba : un étudiant congolais porté disparuMercredi 4 Février 2015 - 12:45 En première année de médecine à l’École latino-américaine de la médecine de La Havane (ELAM), Loïc Junior Niombo a été enlevé il y a plus de deux semaines. Saisi de cette affaire, la Convention nationale des droits de l’homme (Conadho) a demandé, le 3 février à Brazzaville, la libération de ce jeune étudiant de 20 ans. Élu par ses pairs au Comité syndical de défense des droits des étudiants congolais en médecine, Loïc Junior Niombo a géré la crise générée par le non-paiement des bourses d’étude aux cinq cents premiers étudiants congolais arrivés à La Havane, à Cuba, en septembre 2013. Cette crise avait été marquée par quelques incivilités de la part des étudiants en colère, à l’ambassade du Congo. Ayant mal apprécié ce comportement, l’ambassadeur du Congo à Cuba, Pascal Onguiémbi, avait décidé de rapatrier les six membres du bureau syndical, estimant que les étudiants n’avaient pas le droit de revendiquer leurs droits. Le président de la République, informé de la situation lors de son passage dans la capitale cubaine en décembre dernier, a pensé qu’un tel problème ne nécessitait pas le rapatriement des étudiants. Il avait décidé qu’aucun étudiant ne soit expulsé. En prodiguant des conseils à la communauté estudiantine, une somme de cinquante millions leur avait été donnée pour passer en beauté les fêtes de fin d’année. L'ambassadeur pointé du doigt Les étudiants, soucieux d’arrondir leurs fins de mois demandèrent, par la voix des syndicalistes, à l’ambassadeur que leur soit restituée ladite somme. Ces syndicalistes seraient enlevés, sous ordre de l’ambassadeur, dans l’enceinte du campus en présence des autorités rectorales. Selon l'Ong des droits de l'homme, ces étudiants transférés dans une prison située à environ 80 kilomètres de La Havane, puis relaxés le 28 décembre dernier. Au passage, l’ambassadeur du Congo à Cuba, Pascal Onguiémbi chargera de tous les maux le jeune Loïc Junior Niombo. C’est alors que ce dernier fut menacé peu avant son enlèvement. Porté disparu depuis le 19 janvier dernier, ses parents ne souhaitent que la libération de leur fils. « Remettez-le nous, même sans diplôme », clament en boucle les militants des droits de l’homme. Selon Me Thomas Djolani, président de la Conadho, « Il ne faut pas prendre en toute légèreté la vie d’un citoyen. Que cet enfant recouvre immédiatement sa liberté, car il a droit à l’éducation. Où est-il passé ? Si on laisse passer ce genre de choses, nous mourrons tous ». Et le père de l’étudiant, Émile Dominique Niombo de poursuivre : « Sa disparition a été constatée quatre jours plus tard. L’ambassade en a été informée le septième jour. La police a lancé, sans suite, sa recherche. L’ambassadeur rassure qu’il est bien portant. C’est un problème entre l’ambassade et la police, dit-il. Ce qui laisse dire qu’il connaît les kidnappeurs ». Présumé complice dans cette affaire, l’ambassadeur congolais, en poste depuis 1998, avait été impliqué dans une affaire similaire, il y a trois ans, indique la Conadho. Cette organisation qui demande la lumière sur cette affaire, interpelle les associations de lutte contre la torture et de défense des droits de l’homme, et ceux se réclamant de la société civile de peser de leur poids afin d’obtenir gain de cause. Si leur voix n’est toujours pas entendue, une démarche sera menée au niveau diplomatique. Josiane Mambou Loukoula Légendes et crédits photo :Me Thomas Djolani au centre |