Interview. Parker Bolili : « Le taekwondo est ma passion, ma deuxième vie »

Mardi 5 Mai 2015 - 18:09

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Plusieurs fois médaillée dans des compétitions nationales et internationales de taekwondo, la championne RD-congolaise, Parker Bolili, s’ouvre au public dans cet entretien exclusif.

Les Dépêches de Brazzaville : Qui est Parker Bolili ? Comment vous est venue l’idée de pratiquer le taekwondo ? Et à quand remonte vos débuts dans cet art martial ?

Parker Bolili : Je m’appelle Parker Bolili, je suis la fille de Bolili Blandine et Danny Miambanzila. Je suis née à Kinshasa, le 16 avril 1992, d’une famille de sept enfants dont six filles et un garçon. Je suis la cinquième de la famille. L’idée de faire le taekwondo, c’est depuis mon enfance. J’étais considérée comme un garçon raté. En 2007, j’ai joué au basketball comme meneuse et ailière au Basket Club Corps et ensuite au BC Dragons. Mais le basket-ball est un sport collectif. Moi, je voulais m’exprimer en solo. C’est ainsi qu’au mois de juillet  2007, je suis allée m’inscrire au taekwondo. Cela fait donc huit ans que je pratique cet art martial.

LDB : Les parents ne s’étaient-ils pas opposés à votre carrière sportive, comme c’était souvent le cas à une certaine époque, à cause des études ?

PK : Ma mère était très opposée à ce que je fasse le taekwondo. Mais le sport en général est ma passion, c’est ma deuxième vie. Et j’aimais vraiment cette discipline.  À l’école, j’avais de bonnes notes. Mes sœurs, Lisette, Nicole et Bobo Bolili, ont alors convaincu ma mère afin que je continue ma carrière sportive. C’est comme ça que j’ai obtenu l’accord de toute la famille et je vis aujourd’hui les promesses de Dieu qui se réalisent une par une.

LDB : À quand remonte vos premières participations à des compétitions nationale et internationale ? Et quelles étaient vos impressions ?

PK : Ma première compétition à l’Entente de taekwondo de Kinshasa, c’était en novembre 2007. J’avais obtenu la médaille d’argent, après avoir perdu en finale face à Linda Kilunda. J’étais jeune et sans expérience à l’époque. Après la compétition locale, j’ai fait partie de la délégation de l’équipe nationale à Cabinda en mars 2008 pour une compétition de la Cosata à l’époque, qui est aujourd’hui la Zone 4 (Afrique centrale). Je n’avais pas combattu, mais j’ai par exemple été impressionnée par la prestation de Bobo Makondo, actuellement entraîneur au Congo Brazzaville. Ensuite, j’ai participé à l’Open de Russie où j’ai remporté ma première médaille d’or. J’avais réussi mon test dans la cour des grands.

LDB : Parlez-nous de vos mérites ou médailles remportées au niveau du pays et international…

PK : Je suis championne de la RDC de moins de 46 kg, j’ai aussi été vice-championne de Kinshasa. J’ai, par ailleurs, le titre de vice-championne d’Afrique, de championne du monde francophone, de vice-championne du monde francophone, médaillée de bronze aux qualifications olympiques, vice-championne de l’Open d’Alexandrie en Égypte, quatre fois médaillée d’or de la Zone 4 (Afrique centrale), etc.

LDB : Quel est votre point fort dans le combat ? Et votre technique préférée en taekwondo ?

PK : Mes atouts dans le combat, c’est la technique et la rapidité. Il y a plus de techniques de combat, mes préférées ce sont le « Nelio Tshagi », le « quette » et le « Koro ».

LDB : Comment jugez-vous le niveau du taekwondo en RDC ?

PK : Je pense que le niveau du taekwondo en RDC est élevé. Car la participation des athlètes RD-congolais aux compétitions internationales est à chaque fois très appréciable. Quoiqu'il y ait des résultats flatteurs, les taekwondo’ins n’étaient pas pris en considération par les décideurs. Mais nos prestations parlent à notre faveur et nous gagnons progressivement leur confiance.

LDB : Et le travail de la Fédération sur l’évolution de cet art martial ?

PK : Nos dirigeants se donnent corps et âme pour l’évolution et le développement du taekwondo. Et ils recourent parfois à leurs propres moyens financiers pour nos voyages en cas de prise en charge limitée de l’État. Coup de chapeau au secrétaire général Me Kenzo Mukendi et au président Alain Badiashile, ainsi que l’ensemble de leur comité pour tout ce qu’ils font pour l’essor du taekwondo en RDC.

LDB : Vous êtes femme. Trouverez-vous du temps pour une relation amoureuse ? Et pensez-vous déjà à l’après carrière sportive ?

PK : Cela dépend des circonstances, surtout pour une athlète de haut niveau, elle peut sacrifier sa carrière pour son foyer, ou avec beaucoup de chance concilier les deux. Mais pour nous qui sommes des amateurs, nous prenons quand même part aux compétitions de haut niveau, c’est une question d’organisation de son emploi du temps. Et beaucoup d’hommes, impatients, partent. En ce qui me concerne, mon petit ami est vraiment patient avec moi, comme l’indique son prénom ; il sait ce que j’endure, il m’encourage et me soutient dans ma carrière.  J’ai 23 ans aujourd’hui et je suis une femme, ma mère veut de petits enfants de sa championne de fille. Je suis de la tribu Lokele de la Province Orientale, et les femmes Lokele sont appréciées au foyer ; je compte donc me marier bientôt et fonder une famille. Je voudrais aussi plus tard œuvrer afin qu’il y ait de grands clubs de taekwondo dans les provinces, et aussi créer une association des anciennes athlètes féminines pour soutenir celles qui vont nous succéder et les orienter afin qu’elles vivent le bonheur de cette discipline comme nous.

LDB : Un dernier mot ?

PK : Je voudrais dire en guise de conclusion qu’il n’y a jamais eu de récompense ou de trophée annuel pour les athlètes de taekwondo qui se sont distingués lors d’une saison sportive, une sorte d’Award, ici à Kinshasa. Ce serait un motif de satisfaction pour les athlètes d’être récompensés après des prestations de facture au cours d’une saison.

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Parker Bolili présentant ses mérites Photo 2 : Parker Bolili concentrée avant un combat